Le 11 août 2022 Mayotte accueillait déjà une première délégation Tanzanienne. Aussi pour cette deuxième visite, les autorités mahoraises avaient mis les petits plats dans les grands en organisant une conférence vendredi matin, au sein de l’hémicycle Younoussa Bamana du Conseil départemental, en présence de la délégation bien sûr mais aussi de nombreux institutionnels de l’île. Car l’objectif de cette seconde visite est bel et bien d’accroître la coopération économique et agricole entre les différentes parties. « Mayotte et la Tanzanie ont des liens forts depuis longtemps, a rappelé le Président du Conseil départemental, Ben Issa Ousséni.
Le but de cette visite est de renforcer nos liens et de consolider notre partenariat à travers la recherche de solutions communes. Mayotte est un poste avancé de l’Union européenne au sein du canal du Mozambique. Aussi, notre territoire est un atout pour effectuer des partenariats avec nos voisins et ainsi réaliser des objectifs communs », a insisté Ben Issa Ousséni. Pour le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila la présence de cette délégation va permettre de constituer un réseau d’acteurs locaux et de développer des relations avec nos voisins. « Ce partenariat offre la possibilité de mettre en place une stratégie et une vision communes pour répondre aux besoins et aux attentes des citoyens Mahorais. Nous allons ainsi renforcer les liens entre ces territoires à travers des échanges agricoles et culturels, se félicite, le maire de Mamoudzou. L’objectif est ainsi d’établir et de générer une relation pérenne ».
« Il faut que ce partenariat profite aux deux territoires »
Quant à la cheffe de la délégation tanzanienne, Fatma Washoto, elle s’est réjouie de cette invitation qui devrait engendrer « un partenariat durable et commun ». En effet, cette seconde visite fait suite à la signature d’une lettre d’intention qui a eu lieu entre la chambre de commerce du Zanzibar et la Capam. « Nous devons travailler ensemble car c’est la clé pour libérer le potentiel du secteur privé, a-t-elle expliqué. Ce partenariat est une opportunité pour le Zanzibar et pour Mayotte dans l’échange des connaissances et des expertises. Cela va permettre de créer du business pour les deux territoires. Nous devons ainsi promouvoir notre collaboration pour engendrer une croissance économique durable car le Zanzibar et Mayotte dépendent tous les deux de l’agriculture. C’est pour cela que nous devons trouver des solutions aux défis actuels et futurs », a-t-elle déclaré devant l’assemblée.
Pour cela une plateforme va être créée afin de permettre aux entreprises de trouver des solutions pour « un environnement commercial plus favorable », notamment en permettant un transport maritime plus efficace et approprié. « Il faut que ce partenariat profite aux deux territoires. Je suis impatiente de voir les fruits de cette collaboration. Il convient donc de réinventer un avenir partagé et collectif. Nous devons ouvrir le chemin pour un accord économique durable. On ne peut plus agir de manière indépendante et pour cela nous devons mettre en place des outils. Je suis donc fière et ravie de la signature de cet accord avec la Capam ».
Offrir à Mayotte une souveraineté alimentaire
Pour le président de la Capam, Saïd Anthoumani, la venue de cette délégation sur notre territoire est une formidable opportunité d’échanges pour le commerce et les investissements. « Ce partenariat va favoriser l’autonomie et la sécurité alimentaire à Mayotte. C’est une condition indispensable à la stabilité de notre territoire. C’est clairement notre objectif, explique-t-il. Mayotte vit essentiellement d’une agriculture vivrière. Nous devons mettre en place une politique agricole adaptée à la population en permettant l’accès à des denrées alimentaires et ainsi nourrir correctement les Mahorais qui comme chacun sait connaissent des difficultés à ce niveau-là. Mayotte n’est pas auto-suffisante de ce point de vue. Nous devons limiter au maximum nos importations lointaines qui viennent d’Europe par exemple. En Tanzanie, ils mangent quasi la même chose que nous, l’idée est donc de faire venir de la nourriture à Mayotte. Pour cela, nous devons travailler sur la législation, les règles, les normes et sur la traçabilité des produits », poursuit Saïd Anthoumani.
L’enjeu de cette visite était donc « d’inscrire dans le marbre » les closes de ce partenariat en matière d’agriculture. Pour cela la Tanzanie va mettre à disposition du foncier en échange d’investissements de la part des Mahorais, grâce notamment aux fonds européens. Ils vont investir en embauchant la main d’œuvre locale car ce pays connait un fort taux de chômage concernant sa jeunesse notamment. Ce sont ainsi potentiellement 200.000 hectares de terres fertiles, situés à côté du lac Victoria, qui pourraient être mis en culture et être ainsi exploités. Au mois d’août prochain des membres de la Capam et des investisseurs agricoles Mahorais se rendront en Tanzanie afin de voir le foncier proposé et d’étudier quels produits alimentaires peuvent être cultivés en fonction des besoins de Mayotte et du Zanzibar. Ce sera aussi l’occasion de développer les liaisons maritimes entre ces deux territoires afin notamment de pallier aux difficultés d’approvisionnements. Car comme le rappelle le président de la Capam, « L’objectif de cette coopération est d’aboutir à un partenariat gagnant/ gagnant ».
B.J.