Plus grand événement européen dédié aux startups et à la technologie, le salon Viva Technology a pour ambition de valoriser les startups et les PME qui inventent les solutions de demain pour répondre aux grands défis environnementaux. Et dans ce domaine la société Habit’Âme fait figure de référence.
Habit’Âme sur le toit du monde

Une fois de plus, Habit’Âme a raflé encore une récompense. Après le prix Innov’action en 2023, le prix talents des cités, la participation à la grande exposition du Made in France à l’Elysée, le prix innovation Outre-mer « recycling », mais surtout grand lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « innovation sociale » au niveau national en 2023, avec une dotation de 100.000 euros, la société Habit’Âme s’est une nouvelle fois illustrée en devenant lauréat au salon Viva Technology 2025, il y a une dizaine de jours.
« Nous avons répondu à un appel à manifestation d’intérêt en janvier dernier… et nous voilà lauréat Greentech Innovation dans la catégorie économie circulaire. Cela va nous permettre de bénéficier d’un programme d’accompagnement et d’avoir davantage de visibilité auprès des acheteurs publics car ce n’est pas un prix financier, nous explique Hannah Dominique, gérante d’Habit’Âme. Nous allons ainsi figurer dans un annuaire afin d’être contacté éventuellement pour répondre à des marchés publics. C’est un changement d’échelle pour nous…on va être aiguillé et accompagné concernant les fonds européens pour l’innovation, la transition écologique et l’économie circulaire », poursuit-elle.
Une ascension fulgurante

En 2023, l’entreprise, qui n’en était qu’à ses premiers balbutiements, faisait à l’époque quelques goodies (porte-clés, règles, et même des carreaux de salle de bain, …) en plastique recyclé. Maintenant elle est passé à un stade largement supérieur. « Les 100.000 euros que nous avons touchés en 2023 en tant que grand lauréat national de l’AMI innovation sociale nous a permis surtout d’acheter des machines pour nous développer davantage. Nous produisons à l’heure actuelle ce que l’on appelle du second œuvre, à savoir du bardage en plastique recyclé, des cloisons, de l’ameublement léger avec un mélange de bois et de bambou par exemple, mais aussi du mobilier urbain comme des poubelles, des bancs, des fauteuils de jardin ou encore des tabourets ».
L’entreprise, grâce à ses machines et ses presses, conçoit des plaques de plastique revalorisé de 120cmx120cm, ainsi que différents moules pour faire des produits destinés à la signalétique (panneaux fléchés, indications, abri bus…) par exemple ou bien pour compléter des structures porteuses. « Notre cible ce sont les artisans, mais aussi les particuliers et bien sûr les acheteurs publics », insiste Hannah.
De nombreux projets en cours et à venir

Habit’Âme travaille actuellement avec différents clients comme l’office de tourisme de la CCSud pour l’aménagement de mobilier extérieur. Et malgré le passage de Chido et ses ravages, l’entreprise n’a pas périclité. « Nous avons des dégâts estimés à 40.000 euros, on attend toujours d’être indemnisé par les assurances…Le portail en tôle a été dégradé mais le bardage en plastique recyclé de nos locaux à tenu, se félicite la gérante. C’est la preuve que cela est d’une grande fiabilité ». D’autres projets de réhabilitation comme des salles de classe avec un mélange de bambou, de bois et de plastique sont en cours, mais aussi des poubelles de tri avec la société Vinci, ou encore tout ce qui concerne la signalétique, etc.
En tant qu’entreprise sociale et solidaire, Habit’Âme Eco-conception travaille en collaboration avec différents partenaires dans le souci d’une « gestion raisonnable et solidaire ». La société compte ainsi 6 salariés en insertion, 3 apprentis et 4 permanents en CDI. De plus, elle continue malgré son emploi du temps chargé à faire de la sensibilisation dans les écoles. « Nous intervenons avec nos machines dans les établissements scolaires, mais les élèves peuvent venir aussi dans notre atelier et fabriquer leurs propres produits en plastique recyclé comme des poubelles ou des bancs », indique Hannah.

En dépits de ses nombreux prix, l’entreprise ne se repose pas sur ses lauriers… « Nous continuons de peaufiner nos produits, nous voudrions usiner nous-mêmes nos plaques… pour cela nous devons racheter de nouvelles machines plus performantes afin notamment d’augmenter nos capacités de production ».
Enfin, d’ici quelques mois, l’entreprise va quitter ses locaux situés à Kawéni pour s’installer à Passamaïnty à côté de l’association Art Terre Mayotte, qui promeut la construction en briques de terre compressées (BTC). « Nous serons dans les mêmes locaux, nous allons ainsi mutualiser les bureaux, le parking, … mais aussi étudier quels produits que nous pourrions concevoir ensemble », s’enthousiasme déjà Hannah Dominique.
B.J.