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Aérien : Mayotte quasiment coupée du monde

Avec trois avions cloués au sol, il était impossible à Air Austral, unique compagnie à desservir Mayotte en long courrier, d’acheminer une pièce pour réparer son B737 bloqué sur le tarmac de Pamandzi ce vendredi 1er mars. Durant au moins 24h ce vendredi, Mayotte a été quasiment coupée du reste du monde, si l’on exclut les liaisons régionales vers les Comores. Ça vous a un petit côté « Robinsonade », mais une fois passé le côté romantique, le réalisme reprend le dessus. On peut en effet s’interroger, à une époque de surenchère d’exercices tsunami, rupture de barrages hydraulique, attentats, et on en passe, sur l’emplacement du curseur du risque. Que devient le plan d’évacuation en cas d’absence de liaison aérienne ?

La crise actuelle questionne d’abord sur le choix par Air Austral en 2016 des deux Boeing 787-8 Dreamliner, que plusieurs compagnies avaient boudés en raison de leurs pannes à répétition. En 2015 lors de cet achat, plusieurs de ces appareils n’avaient pas trouvé preneur. Ces avions « bourrés d’électronique », comme nous l’avait indiqué son PDG Marie-Joseph Malé, connaissent régulièrement des pannes liées aux softwares, aux logiciels.

Pour rentabiliser les mètres supplémentaires

Le Dreamliner, un avion confortable, mais victime de pannes électroniques

Les B787 avaient été choisi en raison de leur capacité à atterrir à Mayotte. Nous retombons donc invariablement sur la deuxième interrogation, celle de la contrainte des Petits 1.930 m de piste, encore raccourcis par les lits d’arrêt. D’autant plus que lors de la journée de crise vendredi, l’A330 loué par Air Austral à XL Airways n’a pu atterrir directement à Mayotte, les pilotes n’étant pas qualifiés es « piste courte ». Après cet épisode, on ne voit plus bien qui peut encore s’opposer à ce rallongement, c’est une histoire de sécurité.

Parmi les freins, la crainte de ne pas pouvoir rentabiliser cet investissement, sur un territoire où 84% de la population est peu destinée à prendre les airs, puisque vivant en dessous du seuil de pauvreté selon les standards métropolitains. Une solution réside dans la mise en place par l’Etat de la continuité territoriale. Elle existe à la marge, pour des étudiants ayant satisfait des conditions. Mais elle est loin d’arriver à la cheville de ce qui se pratique ailleurs, à La Réunion notamment.

Les pompiers aussi demandent une piste longue

La petite piste de Pamandzi qui s’est dotée depuis de 70m de lits d’arrêt aux extrémités

C’est un dispositif qu’il faut absolument mettre en place à la hauteur de ce qui se fait chez nos voisins, en reproduisant son évolution depuis l’origine. En 2010, l’Etat abondait pour 8 millions d’euros, à égal montant avec la Région Réunion. Qui la finance à hauteur de 50 millions d’euros en 2018 (Source regionreunion.com). Une charge trop importante pour notre Département, encore sous doté en compétence Région. Il faut donc démarrer avec une parité, pour évoluer ensuite.

Enfin, et ça ce sont les pompiers de l’aéroport qui le disent, le départ des autres compagnies, comme Corsair ou XL Airways, a fait chuter le trafic en dessous des 700 mouvements en 3 mois, impliquant de rétrocéder le niveau de protection incendie de 8 à 7, nécessitant moins d’agents sur place (5 au lieu de 7). Ils demandent eux-aussi le rallongement de la piste (Lire un extrait de leur communiqué Lettre ouverte sécurité aéroport de Mayotte)

La continuité territoriale, un dossier à travailler en parallèle avec celui de la piste longue sur lequel on nous dit que l’Etat prête une meilleure oreille.

Anne Perzo-Lafond

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