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Un accord inter-hospitalier pour lancer la chirurgie ophtalmologique à l’hôpital de Mayotte

L’horizon s’éclaircit pour le CHM, et surtout, pour les patients souffrant d’affection de la vision comme la cataracte. Une convention vient en effet d’être signée ce jeudi entre les hôpitaux de Mayotte et de Cochin pour la mise à disposition d’assistants partagés au CHM.

Pour lancer ce partenariat entre les deux structures, le professeur Antoine Brézin, Chef du service d’ophtalmologie de l’hôpital Cochin, était à Mayotte ce jeudi. Il nous explique comment lui et le directeur du CHM ont eu l’idée de recruter ces chirurgiens en devenir : « Ce sont des jeunes internes, donc docteurs en médecine, qui doivent effectuer leur temps d’assistanat dans un service pour devenir ensuite praticien hospitalier. Comme assistants, ils sont formés, mais ne possèdent pas encore de nombreuses heures de vol d’un praticien en exercice. »

Ceux qui ont ce profil, ont appris à opérer, complète-t-il, « ils vont donc pouvoir effectuer les actes de chirurgie de niveau 2 ».

Pour pouvoir bénéficier de ces médecins, il a fallu avoir le feu vert d’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP) « et ce ne fut pas une mince affaire, ça a été un défi administratif de monter ça ! », glissait Jean-Matthieu Defour, Directeur général du CHM. Une convention a donc pu être signée avec l’hôpital Cochin, « un des trois grands centres d’ophtalmologie d’Ile-de-France », pour bénéficier d’un ophtalmologiste 365 jours par an à Mayotte, selon une certaine modalité : « Nous allons retenir 2 CV, et chacun des assistants se partagera entre le CHM et Cochin sur un rythme qui pourrait être de 6 mois-6mois. Cela permettra à celui qui est sur place d’effectuer des opérations, et ensuite de continuer sa formation à Cochin, et vice versa. »

Signature de la convention entre le professeur Brezin, Jean-Mathieu Defour et le docteur Pierre Millot, président de la CME

Des patients quasiment aveugles

Lors de sa présence à Mayotte, le jeune ophtalmologiste sera à la fois apte à opérer, mais pourra également compter sur une supervision à distance du professeur Brézin, « l’objectif c’est de poursuivre avec un encadrement théorique, voire de recherche. »

Un dispositif indispensable étant donné la difficulté à soigner notamment les cataractes à Mayotte : « J’en opère une ce vendredi, mais ici, les personnes qui sont atteintes ne voient quasiment plus rien. Car cette affection de la vision n’est pas considérée comme nécessitant une prise en charge urgente au point d’Evasaner, c’était donc compliqué de les soigner. Je peux vous dire que venir ici pour un médecin, c’est sortir les gens de la cécité ! »

Au bloc opératoire, l’équipement est « satisfaisant », note le chirurgien qui évoque du matériel neuf, mais peut aussi que cela doit faire l’objet d’une « analyse à venir », « car pour ce service d’ophtalmologie, il faut un matériel de pointe. »

Il fallait un lien entre l’ophtalmologue de ville, Jean-Bernard Rottier, qui diagnostique et a créé des soins de niveau 1, et l’opération pour ceux qui le nécessitent. Ce dernier, « retraité actif », s’explique : « Il fallait trouver des solutions pour soigner le premier niveau de pathologies de la vision. L’ARS a été très facilitatrice, ce qui m’a permis de monter ce dispositif de deux centres de soins primaires, l’un à Bandrélé, l’autre à Hamjago. Ce sont eux qui vont adresser les patients nécessitant des soins secondaires à l’hôpital ».

Premier accord inter-hospitalier

Ophtalmologiste, Mayotte, Le Mans, ARS, Jean-Bernard Rottier
Le déficit d’ophtalmologue de ville oblige les opticiens à effectuer eux-mêmes les examens de la vue

Jusqu’à présent, les assistants venaient sur des missions courtes pour opérer, « parce que pour valider son temps, il fallait un chef de service, et il n’y en avait pas. »

C’est donc chose faite, le professeur Antoine Brézin est doublement chef de service, à la fois à Mayotte et à Cochin, administrativement simplifié à travers la convention donnant naissance à un pont entre les deux à travers la Fédération médicale inter hospitalière (FMIH). « C’est le premier accord inter-hospitalier que nous signons, l’idée est maintenant de le multiplier avec APHP et le CHU de La Réunion sur d’autres spécialités », conclut Jean-Mathieu Defour.

Le financement des deux postes d’assistants partagés est assuré par l’ARS et le CHM. Il faut donc maintenant enclencher la 2ème vitesse, « je vais sélectionner parmi les CV qui veulent travailler dans mon service, les médecins qui seront d’accord pour venir à Mayotte. » L’agence de recrutement May’Santé est chargé d’accompagner en proposition de logement, véhicules, etc.

Les candidats pourront venir de l’Hexagone, de l’Europe et hors Europe, rapporte le chirurgien, « un tiers de mon service à Paris ont passé leur diplôme à l’extérieur, en Tunisie, en Algérie, au Liban, etc. Il en va de même dans les autres spécialités. Ils doivent naturellement répondre aux conditions administratives, notamment du conseil de l’ordre. »

Une bonne nouvelle au moment où le lancement d’une formation d’orthoptie est annoncée au CUFR de Dembéni !

Le professeur d’ophtalmologie à la faculté de médecine de l’université Paris-Cité, auteur de « Comprendre et soigner ses yeux », préfacé par Jean-Christophe Rufin (Rouge Brésil) se dit heureux de cette avancée, et doit s’atteler à trouver deux candidats à la hauteur du défi, « je vais y mettre tout mon cœur »… et un regard exigeant.

Anne Perzo-Lafond

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