Le bras de fer entre Madagasikara Airlines et l’aviation civile malgache persiste. Il est notamment reproché à la nouvelle compagnie de ne disposer d’aucune licence d’exploitation et d’un certificat aérien pour pouvoir démarrer officiellement ses activités. « Nous rappelons que le dossier de demande de licence d’exploitation de Madagascar Airways est toujours en cours et que le processus en est à la 3eme phase sur les 5 prévues par les procédures », a indiqué l’Autorité de l’aviation civile malgache (ACM) dans sa lettre N°077-ACM-DJE en date du 11 juillet dernier.
L’autorité malgache ne reconnait pas Madagasikara Airlines
L’autorité de l’aviation civile malgache (ACM) dit examiner les conditions de délivrance et a rappelé les dirigeants de la compagnie à l’ordre. « Madagascar Airlines n’est pas encore une compagnie aérienne et ne peut valablement s’en prévaloir », poursuit le courrier adressé à Mahary Andriamamonjy, le directeur général adjoint de Madagasikara Airlines. La lettre mentionne les risques que Madagascar allait encourir si une compagnie opère sans les documents prévus nécessaires comme le recommande l’Organisation internationale de l’Aviation civile (OACI).
Derrière les mises en garde se cachent des enjeux politico-financiers majeurs, d’après la presse malgache qui évoque « un mélange de genres » entre la création de Madagasikara Airways et le redressement judiciaire d’Air Mad en 2021, la compagnie nationale. Les responsables de Madagasikara Airlines, se disant soucieux de sauver le secteur aérien malgache, affirment que leur compagnie est née de « la fusion d’Air Mad et Tsaradia », une filiale d’Air Mad créée en 2018.
Mais l’information a été démentie par le ministre malgache Rolland Ranjatoelina, cité par le site Tribune Madagascar, qui parle « d’un montage financier » allant jusqu’à suspendre deux membres du Conseil d’administration d’Air, à l’origine, selon lui, de « toute cette situation ». Dans sa lettre, l’Autorité de l’aviation civile malgache (ACM) en a aussi exprimé son étonnement sur cette « fusion » dont elle remet en cause le fondement juridique. « Par ailleurs, ledit dossier (de Madagasikara Airlines, ndlr) déposé à l’ACM ne fait d’aucune fusion au sens juridique du terme entre Tsarada et Air Madagascar. En conséquence, nous vous saurions gré de prendre les mesures idoines pour rectifier les informations présentées dans vos communications », lit-on encore dans cette lettre de l’aviation civile malgache.
La reprise effective des activités d’Air Mad toujours pas connue
La création de cette nouvelle compagnie en 2015 a suscité de nombreuses controverses. Elle est intervenue exactement au moment où la compagnie Air Mad se trouvait en difficultés financières. Des responsables de la compagnie nationale auraient participé à sa liquidation, selon toujours le ministre des Transports qui a suspendu « les deux membres du conseil d’administration, Rinah Rakotomanga et Mamy Rakotondraibe, respectivement présidente et le vice-président du conseil d’administration d’Air Madagascar », selon le media en ligne Tribune Madagascar.
Les responsables de la compagnie n’ont pas encore réagi officiellement à ce défaut d’existence légale mentionnée par l’aviation civile. Celle-ci rejette toujours à Madagasikara Airlines le statut de transporteur public aérien en lieu et place d’Air Mad comme l’envisageaient les artisans de « la fusion ». Les autorités malgaches entretiennent le flou autour de deux compagnies qui héritent du même passif. Elles promettent toutefois de poursuivre le plan de redressement d’Air Mad. La compagnie totalise aujourd’hui une dette brute estimée à 60 millions d’euros, soit 40 millions vis-à-vis de l’Etat malgache et 20 millions vis-à-vis de la France, selon les medias locaux. Mais l’Etat malgache se montre optimiste. Le ministre Rolland Ranjatoelina promet d’apurer ladite dette « dans le cadre bilatéral avec la France » pour pouvoir « mettre Air Mad sur les rails » sans préciser le calendrier de la reprise effective des activités la compagnie nationale malgache.
A.S.Kemba