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Des protections hygiéniques durables pour lutter contre la précarité menstruelle

A l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle qui s’est déroulée le 28 mai, la Mission locale de Mayotte avait décidé d’inviter la semaine dernière, durant quelques jours, l’entrepreneuse Corinne Boulay, créatrice de la marque La Week’Up. Elle est intervenue dans plusieurs établissements scolaires pour parler de précarité menstruelle et a donné une conférence sur ce sujet vendredi dernier devant une cinquantaine de personnes.

Porté par la Mission locale, le projet de faire venir Corinne Boulay à Mayotte pour parler de précarité menstruelle a connu un large succès. C’est en 2017, alors qu’elle se promenait sur la plage en famille que ses deux fils n’arrêtaient pas de la questionner sur la présence des déchets en plastiques rejetés sur le sable… « Je leur explique l’origine de ces nombreux tubes en plastique : des applicateurs de tampons. Un de mes fils me demande alors :  » Mais maman, pourquoi toutes les femmes ne font pas attention à la planète ? »

L’idée commençait à germer de créer des produits durables… Après de nombreuses recherches, je souhaite me démarquer avec un produit sain et pratique, et surtout fabriqué en France. J’imagine alors une coupe menstruelle pliable et discrète. Deux ans plus tard, je sors enfin la seule cup pliable 100% française : La Week’Up ! Après deux ans de développement, j’élargis ma gamme avec la conception de protections hygiéniques lavables et durables, toujours dans une éthique de fabrication qui me tient à cœur », raconte-t-elle

Corinne propose plusieurs produits : des serviettes, des culottes et des cups

Des produits certifiés bio et made in France

Pour l’instant Corinne est la seule en France à proposer et produire trois types de produits menstruels bio que sont les serviettes, les culottes et les cup. Les produits de La Week’Up sont fabriqués en France, écoresponsables et labellisés. « Pour les cups j’utilise du silicone médical ce qui est différent du latex ou du plastique qui peuvent irriter. Pour les serviettes et les culottes, j’emploie 42 couturières qui utilisent du coton bio labellisé. Il faut s’appuyer sur notre industrie française qui possède un véritable savoir-faire », insiste-t-elle

Le gouvernement a pour projet, dès janvier 2024, de permettre le remboursement des protections hygiéniques lavables. Avant de venir à Mayotte, Corinne a été convoquée par la ministre en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, afin de faire partie d’un groupe de travail, en lien avec la haute autorité de santé (HAS), pour mettre en place une norme Iso concernant les protections hygiéniques durables. « Mon dossier est sur le bureau de la ministre, sourit-elle. Nous allons mettre en place d’ici quelques mois des normes afin d’éviter l’utilisation de produits chimiques dans les protections menstruelles », indique-t-elle. Corinne travaille également avec le planning familial et intervient dans les établissements scolaires afin d’informer les élèves sur la précarité menstruelle. Un pochon avec différentes protections est alors mis à disposition des infirmières scolaires afin qu’elles puissent les proposer aux élèves.

Près de cinquante personnes sont venues assister à une conférence sur la précarité menstruelle vendredi dernier

La prévention comme meilleur moyen de lutter contre la précarité menstruelle

Corinne est arrivée mardi dernier à Mayotte et est intervenue notamment aux lycées de Pamandzi et de Sada avant de donner une conférence vendredi à la Mission locale de Passamainty. Durant ces interventions elle a fait de la prévention bien-sûr mais a aussi présenté ses produits de protection durable. « Lors de mes interventions j’ai été agréablement surprise par le nombre de garçons présents. Il est important qu’ils s’imprègnent de sujets qui concernent les femmes et que les jeunes soient également sensibilisés à l’environnement et à l’écologie ».

Ainsi selon elle, la précarité menstruelle est due pour une grande partie à un problème financier pour acquérir des produits hygiéniques, mais pas seulement. En effet, beaucoup de jeunes filles manquent d’informations souvent parce qu’elles n’en parlent pas avec leurs parents, un peu comme un tabou. « Il est important d’éduquer la population sur le cycle menstruel. Près de 33% des étudiantes auraient besoin d’une aide financière pour acheter des produits hygiéniques et 13% doivent choisir entre acheter des protections ou se nourrir ».

Les produits hygiéniques jetables, un problème pour l’environnement

Ainsi au cours de sa vie une femme utilisera 12.000 protections jetables soit environ 150 kg de déchets. Corinne a anticipé ce problème puisque même une fois arrivé en fin de vie ses produits peuvent par exemple être réutilisés pour faire de l’isolation. « Il faut savoir que les protections non jetables entrainent de nombreux déchets qui sont rejetés directement dans les océans entrainant une pollution à la fois chimique et plastique », explique Corinne.

Pour distribuer ses produits Corinne à des partenariats avec différentes enseignes comme des magasins indépendants bio ou encore l’enseigne Carrefour bio. Elle s’appuie aussi sur son site e-commerce et sur les réseaux sociaux. Depuis un an elle exporte ses produits en Belgique, en Suisse en Espagne et prochainement en Allemagne.

Enfin, le Club Soroptimist Mayotte et le Rotaract Udjama Mayotte ont établi un partenariat visant à lutter contre la précarité menstruelle des jeunes femmes. Dans le cadre de cette collaboration, les deux associations organisent une distribution de protections hygiéniques, aujourd’hui 30 mai, au lycée de Coconi à partir de 11h.

B.J.

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