Au moment où était délivrée la palme d’Or à Cannes qui remisait son tapis rouge pour un an, à Mayotte c’est également sur la Croisette qu’étaient remis les Hippocampe d’or, d’argent et de bronze ce dimanche soir. Le restaurant au nom de promenade cannoise, sis derrière le marché de Mamoudzou, accueillait en effet la grande finale du concours du Festival International de l’Image sous-marines. Ce fut un cru de grande qualité si l’on en croit le président du jury et parrain de cette édition Nicolas Barraqué.
Celui qui photographie les profondeurs sous-marines depuis 50 ans, qui a décroché en 2021 le Trident d’Or remis par l’Académie des sciences et techniques sous-marines, et co-organise le festival international du monde sous-marin Galathéa à Hyères (Var) ne tarit pas déloges sur le lagon de Mayotte, « un des plus beaux au monde » qui est « mis en valeur par ce Festival qui est en plus éducatif ». Avant de partir, c’est les yeux émerveillés qu’il racontait avoir immortalisé un accouplement de tortues, « nous avons joué les voyeurs ! »
Le FIISM 2023, ce fut une explosion de couleurs et d’images insolites, et surtout, un record de participants cette semaine : plus de 40 films, de 800 photos, dont 130 de Mayotte, 496 dessins, pour le concours Jack Passe, initiateur du Festival, à qui un hommage était rendu trois ans après sa mort.
C’était un challenge de le créer sur une île peu tournée vers son lagon, comme le faisait remarquer Inayatie Kassim, adjointe au maire chargée de l’Excellence éducative : « Culturellement, on ne va pas sous l’eau à Mayotte. Ce FIISM participe à faire taire les peurs, nous avons eu plein les yeux et plein le cœur ! »
Des « amateurs » aux images de pro
Les 10 membres du jury ont donné de leur temps face à une abondant programmation cette année, et Laurent Mounier (Agence Angalia), organisateur de l’événement, a expliqué avoir dû rajouter une séance.
Plusieurs catégories étaient récompensées, avec une différenciation entre amateurs et experts.
Dans la catégorie Trio, qui consiste à produire trois photos de qualités égales, « si l’une est moins bonne, cela fait tomber l’ensemble », explique Nicolas Barraqué, dans la catégorie Expert, c’est Jack Berthomier qui remporte l’Hippocampe d’Or, l’Hippocampe d’argent, Lionel Houde et son impressionnante prédation de brochet, l’Hippocampe de bronze, Christophe Kazmierski. Chez les amateurs, Hippocampe d’or, Jean-Sébastien Philippe, Hippocampe d’argent, Jérôme Drouet, et l’Hippocampe de bronze, Louis Jean-Siegfried.
Dans la catégorie Portfolio, 10 images, chez les Experts, Hippocampe d’or, Galice Hoarau, Hippocampe d’argent, Cédric Péneau et Hippocampe de bronze, Claudio Zori. Chez les amateurs dont on aimerait ne serait-ce qu’arriver à la cheville, Hippocampe d’or, Sophie Rusca, Hippocampe d’argent, Marie Gouliardon, Hippocampe de bronze, Louis Jean-Siegfried.
Nouveauté cette année, le prix spécial Mayotte récompense un photographe et son club de plongée, 4 d’entre eux sur 8 ont participé à cette première. C’est à une murène dragon photographiée par Arnaud Camilleri-Guillebert chez Happy Divers, que revient l’Hippocampe d’or. Un beau partenariat puisque le club connaissait l’emplacement de la murène dragon et le photographe y a consacré son talent.
Le Naturoville animé du collège Boueni M’titi récompensé
Dans la catégorie Clip video, Hippocampe d’or Noémie Stroh pour Respirer sous l’eau, Hippocampe d’argent Jérôme Drouet pour Un monde de géants, Hippocampe de bronze James Caratini pour Harmonie.
Dans la catégorie Courts-métrages, Hippocampe d’or Juan Vicente Leal (Espagne) pour Artropoda Crustaceans, « Il a obtenu le même prix l’année dernière », Hippocampe d’argent Franck Fougères (Corse) pour One day in Yucatan’s Caves, Hippocampe de bronze Serge Marizy (La Réunion) pour Les baleines Réunion 2022.
Et dans la catégorie reine des films long métrage, l’Hippocampe d’or va à René Heuzey et Vincent Guillaume pour Cachalots, une histoire de famille. « Il leur a fallu 10 ans pour approcher cette famille de Cachalots, avec un moment exceptionnel où le bébé Cachalot vient téter sa mère », commentait Nicolas Barraqué. Hippocampe d’argent Skander Bouderbala pour Sur la Trace des porte-épées du Pacifique, Hippocampe de bronze Jean-François Barthod pour Expédition Malpelo Seamounts.
Quatre films scolaires étaient en compétition, un record là encore, et c’est le collège Boueni M’Titi de Dzaoudzi Labattoir (Mayotte) pour Naturoville & Pollucity un film d’animation qui remporte l’Hippocampe d’or, « nous avons voulu retracer les deux comportements face au lagon, ceux qui le préservent et ceux qui le démolissent », rapportait le jeune 4ème en charge du projet. Nicolas Barraqué leur tendait une perche pour participer à Galathea. L’Hippocampe d’argent va à la classe de 4ème 1 « option journalisme » du Collège de Chiconi (Mayotte) pour Le récif corallien. Qui remporte également le prix du Parc Naturel Marin. Ils y ont travaillé avec l’école de journalisme de Lille.
Enfin, le concours Jack Passe qui récompense le meilleur dessin était délivré à Aël Morizon pour les plus de 12 ans, qui commentait « c’est beau ces monstres marins sous l’eau », et à Aysha Sulleman, moins de 12 ans, dont le dessin sera retenu pour illustrer le FIISM 2024. Les trente enfants en tête de ce concours Jack Passe ont gagné une plongée au jardin Maore.
Anne Perzo-Lafond