L’épidémie de chikungunya gagne du terrain

Alors que le nombre de cas de chikungunya ne cesse de progresser de façon inquiétante sur notre territoire, le directeur de l’ARS de Mayotte, Sergio Albarello, déclenche à compter de ce début de semaine le niveau 3 du plan ORSEC.

« Le virus circule de façon épidémique sur le territoire de Mayotte. Près de 500 cas ont été recensés à ce jour dont une majorité de cas autochtones, mais ce nombre est sans doute sous-évalué… je m’attends à ce qu’il y ait peut-être un millier de cas d’ici la fin du mois de mai », a confié à la presse Sergio Albarello alors qu’il se faisait lui-même vacciner contre le chikungunya vendredi dernier. Le but du message du directeur de l’ARS est de montrer que l’on doit se protéger afin de se prémunir de ce virus, mais aussi et surtout éviter de saturer les services hospitaliers déjà surchargés. Aussi, à compter de ce début de semaine, le directeur de l’ARS a décidé d’élever encore d’un cran le plan d’urgence polyvalent français de gestion de crise et de passer au niveau 3 du plan ORSEC (Organisation de la Réponse de SÉCurité Civile).

Le directeur de l’ARS de Mayotte, Sergio Albarello, s’est fait vacciner vendredi dernier pour montrer l’exemple et rassurer la population sur le vaccin

Concrètement, c’est le préfet de Mayotte qui va prendre la main en mobilisant l’ensemble des services de l’État. « C’est la mobilisation générale ! Il va y avoir la multiplication de mesures de lutte anti-vectorielle avec des campagnes de démoustication pour détruire les larves avec le concours du RSMA, du Sdis mais aussi de l’ensemble des services de la préfecture ». Des informations vont être transmises à la population et aux élus ainsi que de nombreux messages de prévention. « Nous allons aussi intensifier la campagne de vaccination pour les personnes âgées de 18 à 64 ans atteintes de comorbidités (diabète, hypertension, surpoids, …) », complète Sergio Albarello.

Une campagne de vaccination pour limiter le nombre de cas graves

La campagne de vaccination avait déjà été lancée lors de la venue du président de la République à Mayotte, le 21 avril dernier, mais elle avait dû s’interrompre momentanément avec l’envoi de renforts du fait de la situation très alarmante sur l’île de La Réunion… « A ce jour, nous n’avons pas recensé de formes graves, seuls 3 enfants sont actuellement hospitalisés, ils vont bien et sont sous surveillance, nous ne voulons prendre aucun risque. S’il le faut nous prévoirons des EVASAN et augmenterons nos capacités d’hospitalisation », assure le directeur de l’ARS.

De gauche à droite : Sergio Albarello, Mahafourou Saïdali, directeur adjoint du centre hospitalier de Mayotte, et le docteur Anne-Marie de Montera

L’objectif de cette campagne de vaccination est ainsi d’éviter les formes graves, notamment pour les personnes âgées entre 18 et 64 ans atteintes de comorbidités. « Au-delà de 64 ans le système immunitaire est plus faible il y a donc plus de risques d’effets secondaires indésirables… Quant aux moins de 18 ans, ils ne sont pas une population à risque », indique le docteur Anne-Marie de Montera, médecin généraliste au CHM. « Le but est de se protéger car le chikungunya peut est être invalidant et entraine parfois des formes graves avec des problèmes neurologiques ou des encéphalites par exemple », avertit le médecin. Les symptômes du « chik » sont assez faciles à déceler : douleurs articulaires (mains et pieds), ou encore une forte fièvre. Actuellement le virus circule principalement en Petite-Terre et à Mamoudzou mais le nord et le sud de l’île risquent d’être touchés très prochainement redoutent les autorités sanitaires.

Un vaccin « sécure » qui évite de contracter le chikungunya

1.300 doses sont actuellement disponibles

Afin de montrer l’exemple et de rassurer la population, Sergio Albarello s’est donc fait vacciner vendredi dernier. « Ce vaccin est sécure ! Il est vivant mais atténué ce qui permet le développement d’anticorps et d’être ainsi protégé pendant au moins un an ». Comme tout vaccin il peut y avoir toutefois des effets secondaires, prévient le docteur de Montera, comme « de l’allergie, un peu de fièvre, des éruptions cutanées, de la fatigue, de légères courbatures, de la diarrhée, ou encore une douleur au point d’injection. Ce sont les symptômes d’une grippette, mais ils s’estompent au bout de 24-48h ».

Selon Sergio Albarello, le taux de personnes pouvant avoir des effets secondaires négatifs est de 1 pour 1.000. Aussi pour éviter tout risque, chaque personne vaccinée est suivie. « Nous appelons systématiquement les personnes qui se sont faites vacciner 3 jours après leur injection afin de s’assurer qu’elles vont bien ». Actuellement environ 1.300 doses sont disponibles mais plus de 50.000 sont prêtes à être importées à Mayotte si besoin, insiste le directeur de l’ARS.

Enfin l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a procédé à des modélisations de la progression du virus à Mayotte. Et selon toute vraisemblance, même s’il est difficile de se projeter avec certitudes, la circulation du virus devrait progresser jusqu’à la mi-juin avant de diminuer, puis repartir de plus belle en fin d’année probablement. « L’arrivée de la saison sèche va permettre de faire diminuer la circulation du chikungunya, mais nous redoutons une seconde vague en décembre à l’occasion de la saison des pluies. On ne pourra pas tuer le virus à 100%, il circule sur le territoire… mais le but est de vacciner un maximum de monde ».

B.J.

Pour se faire vacciner 2 solutions s’offrent à vous :

– soit aller chez votre médecin généraliste pour qu’il vous prescrive le vaccin

– soit vous rendre au centre de vaccination du CHM (en face les Urgences). Tel : 02.69.61.86.69

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