Le Comité départemental de Tourisme de Mayotte (CDTM) a voulu donner une impulsion supplémentaire à son Bwenesso, «démonstration» en shimaore, en s’alliant avec la Chambre des Métiers. Les tentes rouges s’alignaient donc, mais plutôt en retrait, de la place de la République à Mamoudzou, sans fond sonore, pas suffisant pour attirer le chaland qui vient faire son marché du samedi.
Pourtant, certains artisans avaient fait un effort pour diversifier leur gamme, et sortir de la traditionnelle râpe à coco. La boutique Pembé Voungué* est implantée depuis 10 ans à Sada. La maman de Mariama Ahamadi ne fait pas que concevoir ses borderies ou ses cuillères en jacquier, elle représente aussi plusieurs artisans du sud : « Beaucoup à Kani Keli ou Chiconi, n’aiment pas se déplacer alors qu’ils ont un vrai savoir faire, nous proposons donc leurs objets ».
A côté des nappes aux broderies ajourées de l’association Msinzano, s’alignent sur des cintres, les tenues sur mesure d’Amina, la gérante de l’atelier de couture Assul*, de Mtsapéré. « C’est de la couture sur mesure, une activité qui marche plutôt bien puisque je vais recruter pour passer à 3 mi-temps », annonce-t-elle. Elle est une membre active de l’association des artisans de Mayotte Oufundi, « qui propose au CDTM de mettre en valeur ses artisans à travers Bwenesso. »
Synergie entre les deux évènements du samedi
Il est d’ailleurs prévu de reconduire l’opération tous les derniers samedis du mois, à la même date donc que les samedis du Muma (Musée de Mayotte) : « Nous pourrions créer une synergie, en organisation un déplacement de nos visiteurs par bateau vers le Muma, autour d’un thé, et vice-versa. »
La gamme de Touch’ du bois ne se cantonne plus seulement au stylo, mais aussi aux porte-clefs sifflet, et à des parures, boucles d’oreille assorties aux colliers en argent et ivoire végétale, « la graine du palmier raphia que nous récoltons sur le bord de la rivière de Coconi », précise sa conceptrice en nous glissant sa satisfaction d’être là : « Même s’il n’y a pas beaucoup de monde, nous, artisans, nous créons dans notre coin, sans pouvoir partager. Là, nous échangeons des idées, qui peuvent déboucher sur des actions communes. »
« Seulement 10 articles vendus en un mois »
Plus loin, Aly Assany Mcolo, façonne toujours ses noix de coco, et expose un modèle raffiné de bougeoir entièrement en coco. Dartois décline ses tableaux en bracelets, colliers, individualisés.
Ce sont tous des habitués des expositions au marché de Coconi tous les premiers samedis du mois. C’est notamment le cas de TA Bijoux, basé à Majicavo Lamir, qui a pu exposer ses modèles pendant un mois dans les locaux du CDTM. Mais avec peu de réussite : « Nous n’avons vendu que 10 articles en un mois. Et ce matin, un seul. »
Un Bwenesso peu visible donc. La communication tardive pour cette opération samedi aura joué, mais pas seulement. Il va falloir trouver des idées pour continuer à dynamiser l’événement, pour que les acheteurs aillent à la rencontre des artisans qui sont en exposition permanente. A ces derniers de continuer à proposer de nouveaux produits, et au CDTM de le faire savoir.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Pembé Voungué : 0639 65 21 66 – Assul : 0639 69 73 25