Un recueil destiné à offrir aux candidats à la présidentielle, la parole de quelques uns des 25.000 jeunes que suit la structure en France, en guise de base de réflexion. « Entrer au CP avec des bases fragiles, quitter le primaire sans savoir lire, écrire, compter correctement », sont les écueils fréquemment vécus par bon nombre d’élèves, qui peuvent ensuite sombrer dans la délinquance.
Repenser l’école à partir de ces témoignages, mais aussi répondre aux contraintes de familles éclatées, aux jeunes qui sont largués après avoir été protégés par l’aide sociale à l’enfance : ce recueil se veut un signe d’espoir pour ceux qui l’ont perdu, « il faut aider les jeunes à prendre une place dans la société qui ne les attend pas forcément », relève Nicolas Truelle, Directeur général d’Apprentis d’Auteuil, de passage à Mayotte.
Témoignage en shiamore
Il occupe ce poste depuis 2 ans, et c’est déjà sa 3ème visite dans notre jeune département. A ses côtés, Eric Dujoncquoy, le directeur d’Apprentis d’Auteuil Outre-mer, et Baptiste Cohen, Directeur d’Apprentis d’Auteuil océan Indien, viennent aussi présenter le petit livre blanc ce jeudi soir au restaurant d’application L’Eau vive de l’Agepac. Et célébrer les 150 ans d’Apprentis d’Auteuil.
Quatre jeunes ont préfacé le recueil, issus de différents coins de France, Savoie, Oise, Alsace, et aux parcours complexes. En écho, et alors qu’à la page 97 du livre réunissant des morceaux de vies des enfants de la France, on peut lire une réflexion en shimaore*, « Vivre unis suffit, même si tout le monde n’est pas pareil », Antoine Duhaut, directeur d’Apprentis d’Auteuil Mayotte**, a voulu que les jeunes de l’île s’expriment à leur tour ce jeudi soir.
Ismaël Fayçoil revenait sur son parcours : c’est lorsqu’il a décroché un Certificat de formation générale qu’il a connu Agepac-Apprentis d’Auteuils. Un tremplin qui l’a amené à passer un CAP commerce au lycée de Sada, puis un Bac pro vente mention Bien, « maintenant je suis en 2ème année de BTS Négociation clientèle. »
« A Mayotte, une énergie qui nous fait du bien »
Il était parrainé pour la soirée d’accueil du staff national, par Madi Youssouf, Responsable de la Vie scolaire, du groupe à Mayotte, qui voyait en lui « un fils d’Abraham. » (Nommé Ismaël par les musulmans, et Isaac par les chrétiens et les juifs). Un clin d’œil interreligieux, appuyé par les propos de Baptiste Cohen : « Notre structure Apprentis d’Auteuil repose sur un message de foi. Nous sommes invités à la partager, jamais à l’imposer. » Il évoquait un territoire où pour beaucoup « la vie est dure », mais où « pourtant, il se dégage une énergie qui nous fait du bien, elle rappelle le vrai sens de la vie. »
Madame Binti est une incontournable d’Apprentis d’Auteuil Mayotte. Elle expliquait son rôle de maîtresse de maison à l’Internat qui accueille 27 jeunes-filles de 11 à 17 ans : « On leur apporte un savoir-vivre, à eux et à leur parents, qui finissent par s’impliquer. Et tout cela, quelques soient les religions. »
Qu’ils s’appellent Moubarack ou Oumoukhoultoum, leur passage dans la structure leur a permis de définir leur projet professionnel, « je suis heureuse », dira cette dernière.
« Prendre le parti des jeunes », titre du livre blanc, s’est donc s’investir politiquement pour l’avenir du pays.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* « Uyenshi uvoimoja ukiri, lakini kila mutru namayendreleo, yahe »
** Apprentis Auteuil à Mayotte accueille, forme et accompagne plus de 1500 jeunes et familles dans ses différents établissements : Le centre de formation AGEPAC, Le Lycée d’enseignement adapté l’Espérance, L’internat éducatif et scolaire, Le centre d’accueil de jour Msayidié