Des petites phrases et des gros titres, les journalistes en ont rempli leurs calepins. A la mesure de l’indignation de Nicolas Dupont-Aignan qui découvre un territoire en sous-développement labellisé département.
Suppression du droit du sol à Mayotte, restriction de l’octroi de mer à la seule protection des produits locaux… des thèmes qui nous rappellent quelqu’une. Mais pas question de comparer Debout La France au Front national, « la différence avec Marine Le Pen, c’est que je suis un Gaulliste Républicain. Au delà de la vitrine de l’extrême droite, on sait ce qu’il y a derrière. Et l’appel du pied de Marine ce week-end en sa direction le laisse froid, assure-t-il : « Il y en a marre de ce piège dans lequel tombe le système politique français, qui renvoie les gens vers le Front National par désespoir. »
Nous avions relié la success-story du passage de Marine Le Pen à Mayotte à l’attente démesurée d’une réponse attendue du côté de l’Etat. Nicolas Dupont-Aignan parle lui, de « négligence », de « mépris », « depuis Chirac, nous n’avons plus de président qui gère l’Outre-mer. »
« Que les préfets démissionnent ! »
Sur 700 propositions de son programme, 23 concernent les Outre-mer. Quatre points forts : Faire de l’Outre-mer une priorité nationale, « et arrêter de parler d’égalité réelle, une c…. de mot pour pallier la déficience des aides », mettre en place un Plan de rattrapage de 300 millions d’euros, « une goutte d’eau au regard des 10 milliards d’euros que coûte la liaison ferroviaire Lyon-Turin, ou de l’aide dont a bénéficié la Corse », déployer une véritable Continuité territoriale « qui diviserait par 2 les prix des billets d’avion, en proposant aux compagnies de répondre à une Délégation de service public », et redonner sa place au maritime avec un Ministère de la mer.
Sur les retards pris sur tous ces plans, il évoque un « bavassage institutionnel », « si les acteurs locaux ne veulent pas bosser, il faut le faire à leur place », une « impuissance, un « désarroi », une « nullité » : « Honte à la ministre des Outre-mer qui met en cause les élus locaux, et qui n’est pas capable de faire construire rapidement une usine de dessalement », et demande sa démission. Il rapporte le témoignage d’une habitante, « qui évoque une construction illégale au-dessus de la tombe de ses parents. Où est l’Etat ? Que font les préfets ? Je ne les accuse pas personnellement, ils obéissent, mais s’ils n’ont pas les moyens d’assurer leur mission, qu’ils démissionnent ! »
Référendum national sur le droit du sol
L’atout de Nicolas Dupont-Aignan, c’est de ne pas avoir exercé un mandat national, « je suis quand même le maire* qui a été le mieux réélu de France, deux fois de suite ». C’est ce qui a incité François Fillon à contourner Mayotte selon lui, « il n’a pas eu le courage d’assumer le résultat de son action », et la difficulté qui attend Emmanuel Macron à Mayotte en mars, « lui qui a été ministre pendant 3 ans. »
Le droit du sol, il le suspendra « à Mayotte, et partout où il a été détourné », dès le lendemain de son élection à la tête de l’Etat, et s’il est inconstitutionnel, il fera un référendum national, « le peuple est au-dessus de la Constitution », persuadé de l’adhésion à 90% du peuple français, « le Droit du sol est détourné ici. Nous sommes en légitime défense, c’est une question de survie pour l’île. Nous condamnons la scolarité des enfants de Mayotte. »
Lorsqu’on évoque l’immanquable réaction de blocage des Comores contre tout reconduit, au prétexte d’une liberté de circulation entre les 4 îles, il ironise : « La 5ème puissance mondiale s’effacerait derrière un pays qui ne s’occupe pas de ses ressortissants ?! Si Mayotte coule, ça ne va pas arranger les Comores. »
« Technocrates corrompus »
Il précise ses conditions d’obtention du droit du sol, « réservé aux enfants nés en France, qui auront fait leur service militaire de 3 mois, avec option d’un an, et qui ont un casier judicaire vierge. »
Nicolas Dupont-Aignan ne veut pas de frontières fermées, « les gens migrent parce qu’ils ne vivent pas bien dans leur propre pays, et peuvent nous apporter une plus-value », mais veut lutter contre les abus du droit d’asile, « le plus efficace est de la traiter rapidement, dans les 6 mois. » Il prêche pour un plan de développement généralisé en Afrique, « il faut fixer les populations, traiter les problèmes en amont, et mettre en place une vraie coopération régionale.»
Face à cette échéance africaine, il observe une Europe impuissante, « les traités européens ont donné le pouvoir à des gens non élus, des technocrates corrompus, il faut recréer une belle Europe. »
Il a rencontré les Femmes leader, et leur a promis une enquête « sur la construction d’écoles coraniques par des clandestins, alors que l’islam ici est un des plus paisibles de la République », Issa Issa Abdou, 4ème VP du département, mais pas le préfet, « il n’a pas voulu », a pu visiter le CRA, « nous allons tenter l’hôpital, mais sans autorisation. »
Le candidat à la présidentielle assure qu’il sera au second tour, et conclut sur la menace que pèserait l’élection du Front National, « des non-Républicains », ou d’Emmanuel Macron, « qui représente la finance internationale. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*Maire de Yerres depuis 1995