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Crise de l’eau: Les maires font eux aussi leur crise

Saïd Omar OIli relance la discorde avec la préfecture en pleine crise de l'eau
Saïd Omar OIli relance la discorde avec la préfecture en pleine crise de l’eau

A l’issue de la conférence de presse offrant une unité exemplaire des élus mahorais pour défendre des textes de lois importants pour le département, Saïd Omar Oili, le président de l’Association des Maires de Mayotte (AMM) tenait a dire sa solidarité avec les populations privées d’eau du Centre et du sud de l’île, « puisque je n’ai pas pu me rendre à la manifestation jeudi matin place de la République. »

Pour écouter les préoccupations des élus locaux, le préfet a prévu de les recevoir ce vendredi. L’AMM sera-t-elle représentée à la réunion avec le préfet ce vendredi ? Rien n’est moins sûr : « Nous avons été avertis au dernier moment, ce jeudi seulement, j’ai des obligations », répond laconiquement Saïd Omar Oili, son président et maire de Dzaoudzi-Labattoir.

A-t-il été refroidi par les remarques en provenance du Rocher déplorant l’absence ou la médiocre représentativité des maires lors des réunions du Comité de Ressource en eau, qui se tient tous les mercredis en période de crise ? « Nous avons toujours répondu présent », rétorque-t-il.

Retour à la guerre froide

Saïd Omar Oili faisait visiter sa commune à Frédéric Veau en septembre dernier
Saïd Omar Oili faisait visiter sa commune à Frédéric Veau en septembre dernier

Ou aux déclarations de la ministre des Outre-mer sur le possible envoi d’un tanker : « Les communes et le conseil départemental sont mis à contribution (sur le raccordement des citernes aux habitations, ndlr), alors que nous attendons des mesures exceptionnelles du gouvernement, comme le classement en état de catastrophe naturelle* », mais en tout cas, l’élu a l’air peu décidé, « la préfecture nous impose encore une fois la marche à suivre. Elle décide de son calendrier, qu’elle le fasse seule ! » Il avance que le maire de Kani Keli aurait été difficilement accepté à la réunion du Comité la semaine précédente.

Une vague impression de repartir quelques années en arrière, de guerre froide entre préfecture et élus, qui freinait toute avancée. Sauf que cette fois, la crise de l’eau paralyse la vie quotidienne des populations, qui placent leurs espoirs dans leurs porte-paroles d’élus.

L’usine de dessalement comme roue de secours

Raïssa Andhum (au premier plan) appelle chacun à prendre ses responsabilités
Raïssa Andhum (au premier plan) appelle chacun à prendre ses responsabilités

Les arguments d’une mauvaise estimation de la population ressurgissent, « il y a 10% de compteurs en plus chaque année », c’est en effet l’accroissement de consommation annuelle d’eau enregistré par la SMAE. S’il reste dubitatif sur la construction, qui semble pourtant vitale à terme, d’une 3ème retenue collinaire, l’élu appelle dans l’urgence à « construire une usine de dessalement », cela semble en effet le plus productif, puisque la ressource est là. Et rappelle Que la 3ème retenue avait été l’objet de leur préconisation dans le PADD (Plan d’Aménagement et de Développement Durable) validé… en 2009, transformé depuis en Schéma d’Aménagement régional.

C’était un après-midi de charge contre l’Etat pour Saïd Omar Oili qui épinglait les brigades vertes, « où sont-elles ? On ne les voit pas verbaliser les atteintes à l’environnement, notamment aux rivières. Et depuis que l’Office national des Forêt est là, il n’y a plus de forêt… »

Tout ce qu’il y a à dire sur le sujet a été à peu prés évoqué par la Fédération Mahoraise des Associations environnementales, lors de leur conférence sur l’eau au MuMa samedi. Raïssa Andhum, la conseillère de Koungou, rappelait que les responsabilités sont partagées : « Les habitations construites dans les cours d’eau. On peut accuser les élus, mais les mahorais peuvent se remettre en question. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

* Une démarche compliquée selon un spécialiste qui nous a contacté : Une procédure longue, et la démarche vise  essentiellement  à indemniser des victimes ayant subies des dommages matériels par le biais des assurances

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