Les évènements que connaît Mayotte depuis 10 jours maintenant, provoquent des réactions en chaîne, souvent avec le référentiel de 2011 en arrière plan. Nous avons retracé l’appel au déblocage de la voie publique par le patron du Medef, nous rapportons la tribune libre d’un ancien candidat aux législatives de 2012, Gilles Martin.
Il n’a d’autre légitimité que de connaître Mayotte et d’avoir tenté de décrocher la fonction de parlementaire en 2012, non pas sous l’étiquette LR dont il est proche, mais sous celle de son parti Ouvoimoja (« tous ensemble » en shimaore).
Dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook, il reprend pour évoquer la situation le terme de « chaos explosif », le même qu’a employé Thierry Galarme, le patron du Medef local.
Il implique les élus « à tous les niveaux » pour stopper le « laxisme » et le « je-m’en-foutisme » ambiant, mais aussi l’Etat. Et leur donne quelques pistes, dont on ne sait s’ils auront le courage, les uns ou les autres, de les porter.
La marine nationale en appui
La première porte sur l’immigration et s’adresse au préfet, donc à Paris. Rappelons pour mettre en lumière son point de vue, qu’un réseau clandestin a été démantelé la semaine dernière, après que prés de 2.500 personnes aient pu accéder à nos côtes sur 2 mois, rien que sur cette filière. Gilles Martin préconise une lutte résolue, « il suffit de placer 1 ou 2 navires de la marine nationale au nord de Mayotte pour contrôler l’essentiel des passages (…), action moins coûteuse que les reconduites à la frontière », réinvestissant le différentiel de ressources dans une coopération efficace avec les îles voisines.
On y opposera la détresse humaine, issue notamment d’une coopération qui n’a jamais marché, « parce que notre pays y conduit une diplomatie de faible ». La décision de laisser passer ce flux migratoire doit alors s’accompagner d’un décuplement au moins des investissements nationaux dans les secteurs médicosociaux et scolaires à Mayotte, pour un accès à tous aux services publics.
Il attaque sur la fin du droit du sol à Mayotte : « Nous connaissons le résultat avec au final ces centaines d’enfants laissés et livrés à eux même, dont personne n’est capable de s’occuper, pas même l’État à qui pourtant revient la charge. » Un certain sénateur PS Thani Mohamed Soilihi avait pris cette position pour provoquer un débat de fond, qui n’a jamais eu lieu.
« Des prisonniers mieux lotis que les malades »
En ce qui concerne les scènes de guérillas urbaines, le politicien fustige « des zones de non droit, résultantes du laxisme de la justice… Chaque délit doit faire l’objet d’une peine réellement exécutée Nous ne devons avoir aucune tolérance à l’égard de la délinquance! » On connaît la réponse du procureur qui demande à corps et à cri un Centre éducatif fermé pour les mineurs, que l’Etat n’a toujours pas programmé. Sur le sujet de l’enfermement, Gilles Martin dénonce des malades moins bien traités à l’hôpital que les prisonniers « dans cette prison High Tech ».
Face au désarroi des victimes non indemnisées à la hauteur du préjudice, et on l’a vu ce matin avec des automobilistes caillassés qui agitaient le « malus » de leur assurance, il appelle à « des retenues sur les prestations sociales (…) pour redonner la notion de responsabilité aux adultes, responsables légaux, parents ou tuteurs. »
Il demande le retour du service national obligatoire, « qu’il soit militaire ou civique (…) où étaient enseignées les valeurs de respect, d’autorité, d’entraide », et un retour à l’autorité du corps enseignant, on pourrait même dire, de l’adulte tout court.
« Cadis contre caïds »
Valoriser l’effort et le travail, « et non l’assistanat systématique », adapter la formation à nos besoins, prioriser l’éducation, sont ses autres pistes.
Mais il n’a pas oublié les cadis et le rôle que ces anciens juges, «garants de l’autorité et de la transmission des valeurs morales » doivent jouer : « Des cadis, pour que les jeunes oisifs ne deviennent pas des caïds en quelque sorte… »
Il invite enfin à arrêter de voter par complaisance, mais pour des élus « qui savent ce qu’est l’engagement et la responsabilité envers sa population », (lui peut-être ?), afin de redonner une autre image de notre département « qui aujourd’hui fait fuir tout investisseur potentiel, tout tourisme, tout potentiel d’économie et donc d’emplois, toute envie de retour de nos jeunes formés et ambitieux pour notre île. »
« J’aurais trouvé la paix lorsque cette île que j’aime tant connaitra elle même la paix », conclut-il son communiqué que l’on peut retrouver dans son intégralité sur sa page facebook.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte