Face au bilan pluviométrique déficitaire sur la saison 2022-2023, si Météo France examine ses modèles, et les autorités se réunissent au Comité de suivi de la ressource en eau, le Grand Cadi de Mayotte lui, invite les fidèles à prier. Il n’est pas le seul puisqu’en métropole où la pluie est la grande absente de cette fin d’hiver, un agriculteur a demandé au curé de la cathédrale de Perpignan d’organiser une procession avec les reliques de Saint Gaudérique dans les rues de la ville, pour inciter au retour des précipitations.
Les archives de l’INA ressortent d’ailleurs des actions similaires initiées dans le passé, avec un extrait du JT de Normandie soir de 1976, et rappellent que « dans les campagnes, il était courant de demander à Dieu, ou à ses saints, de faire pleuvoir ». Une tradition qui reprendrait de la vigueur selon le site.
A Mayotte, c’est la prière « Al istisqa » que Mahamoudou Hamada Saanda recommande dans un communiqué, « soit par des invocations de demande de pluie, soit des invocations après les cinq prières quotidiennes, soit lors de prêches pendant la prière du vendredi ».
Un biais que plusieurs croyants envisagent d’exploiter en utilisant le mode de communication des cadis pour inviter à prêcher tous azimuts, nous explique l’un d’entre eux, également versé dans la protection de l’environnement : « Il faudrait mobiliser la communication cadiale dans les mosquées, les madrass, les shioni, pour qu’il y ait moins de gaspillage, expliquer l’utilité des arbres pour qu’on arrête de les couper, faire de l’éducation à la sobriété, etc. » Il invite en parallèle à organiser des Assises de l’eau.
Les voies utilisées par les imams et cadis étaient utilisées pour faire passer de messages, mais ont été peu à peu délaissées.
Le Grand cadi qui n’oublie pas de souhaiter un bon ramadan aux musulmans de Mayotte, et comme d’habitude, c’est l’apparition de la lune qui donne le « la »… à moins qu’elle ne soit cachée par des nuages bienfaiteurs.
Anne Perzo-Lafond