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Éducation : le recteur déplore l’absence de compétences en face des diplômes

Le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, avait convié ce mercredi lors d’une réunion au CUFR de Dembéni l’ensemble des directeurs et des directrices des écoles primaires de l’île afin de leur présenter le nouveau projet académique voulu par le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye. L’accent va être mis sur l’enseignement du français notamment.

C’était un peu le retour à l’école ou plutôt à la fac dans l’amphithéâtre du CUFR pour les responsables des établissements scolaires de primaire. Ils sont venus assister à la présentation de la feuille de route du recteur de l’académie. « Le ministre de l’Éducation nationale a deux priorités pour notre territoire, indique le recteur. Tout d’abord le renforcement de l’acquisition des savoirs fondamentaux que sont lire, dire, écrire, compter, parler, comprendre. Puis le développement de la formation professionnelle pour nos jeunes afin de leur ouvrir des perspectives d’avenir, mais aussi proposer des solutions en adéquation avec les besoins du territoire dans le but d’accroître l’activité économique. La jeunesse est un atout pour le territoire, mais aussi un sujet de préoccupation ».

« Le système scolaire en France est en souffrance »

Mayotte n’échappe malheureusement pas à ce constat, bien au contraire, même si les enseignants sont davantage respectés qu’en métropole, comme le souligne Jacques Mikulovic. « Le maître est une autorité symbolique et à Mayotte, il est plutôt respecté, ce qui est un atout contrairement à l’Hexagone où il n’y a plus la notion d’autorité du maître. Aussi, l’éducation doit permettre de rendre les élèves autonomes et favoriser le vivre ensemble. Nous devons relever ce défi. En tant que directeur ou directrice d’école vous êtes responsable du fonctionnement de votre établissement et vous devez transmettre des valeurs. Mon rôle à moi, en tant que recteur, est d’adapter les objectifs du ministre en fonction du contexte local ».

L’entrée du CUFR à Dembéni

Et la tâche s’avère très ardue car les résultats scolaires à Mayotte en français et en mathématiques sont nettement en dessous de la moyenne nationale, même si cette dernière est en baisse par rapport aux standards internationaux. « Le système scolaire en France est en souffrance… A Mayotte les savoirs fondamentaux ne sont pas acquis, ils ne sont pas bons du tout. On doit faire mieux. Pour cela il faut trouver des solutions pour avoir de meilleurs résultats, explique le recteur. Il faut mettre en place des leviers de réussite et cela dépend de vous », poursuit-il. Car en effet, les résultats sont très alarmants. En 2021, seulement 25% des élèves de CP avait « une maitrise satisfaisante pour comprendre des phrases lues par l’enseignant ».

Quand les élèves rentrent au collège, ils ont des difficultés dans la maitrise du français et à la fin de la classe de 3e, ils ne possèdent pas les compétences nécessaires, ils ont beaucoup de retard. A la dernière année de collège (3e), 70% des élèves n’ont pas atteint le niveau requis en français qu’ils devraient avoir en fin de 6e (comparé à la métropole) et le chiffre monte à 92% pour les mathématiques. « Nous n’avons pas la place de les faire redoubler… », constate Jacques Mikulovic. Les chiffres sont tout aussi alarmants concernant la poursuite d’études. Ainsi au lycée, ce sont seulement 10% des bacheliers de l’île qui sont capables de poursuivre des études supérieures au-delà de la première année à l’université. « L’école de la République c’est faire réussir tous les élèves », insiste le recteur.

Mettre en place des dispositifs pour améliorer l’apprentissage des connaissances

Améliorer les savoirs fondamentaux, cela passe par une réflexion sur les besoins des élèves, sur une temporalité concernant l’apprentissage et un travail collectif des enseignants. « Utiliser les langues comme le shimaorais ou le kibouchi en cycle 1 (maternelle) pour se faire comprendre est autorisé. En revanche, les enseignants ont l’obligation de parler en français dès le cycle 2 (CP au CE2). Il ne faut pas céder, persiste le recteur. Nous sommes là pour donner un maximum de chances à nos élèves ». La jeunesse est un atout pour Mayotte, il est primordial qu’à la fin du primaire les élèves maitrisent les savoirs fondamentaux.

« A Mayotte on distribue les diplômes mais sans les compétences », tance Jacques Mikulovic en donnant l’exemple des gendarmes qui souhaitent recruter de jeunes mahorais, mais l’institution ne compte pas baisser le niveau de recrutement. Or, beaucoup d’élèves mahorais échouent au concours. « Cela nécessite un enseignant dans chaque classe, 20% d’absentéisme c’est trop ! Il est primordial qu’à la fin du primaire, les élèves maitrisent les savoirs fondamentaux. La responsabilité des enseignants est également d’offrir une qualité pédagogique ».

L’amphithéâtre du CUFR était quasi plein

Ainsi, l’objectif pour Mayotte à court terme est d’avoir 100% des élèves à la fin du collège qui maîtrisent les savoirs et les connaissances demandées en fin de 6e. « Pour cela il faut mobiliser les enseignants et proposer des méthodes innovantes afin d’améliorer l’acquisition des savoirs fondamentaux, même si à Mayotte on manque de moyens, de matériels, de salles de classe, … J’aimerais que Mayotte devienne un modèle d’organisation pour la métropole », conclut Jacques Mikulovic.

B.J.

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