« « La folie c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Cette citation bien connue est attribuée à Albert Einstein.
Nous entêter à confier la construction de nos maisons à des maçons connus pour leurs piètres réalisations est une preuve de folie. Nous ne comptons pas les maisons qu’ils ont construites et qui se sont effondrées aussitôt mais nous continuons toujours à leur confier nos travaux au prétexte qu’ils sont… « expérimentés ».
Un Chef d’entreprise qui n’est pas fou ne garde pas un salarié nullard au motif qu’il est présent dans l’entreprise depuis un certain temps. Il s’en sépare et tente l’aventure avec un autre candidat. Et croyez-moi, les entreprises finissent par trouver la perle rare.
Nous avions estimé que le colonel Assoumani Azali n’était pas un bon président de 1999 à 2016 mais nous lui avons remis les clés de Beit-Salam en 2016 pensant que son « expérience » d’ancien président lui permettrait de faire la différence avec ses 24 concurrents. Bien mal nous en a pris ! Le Azali de 2016 est devenu plus répressif, plus arrogant, plus cleptomane, plus cupide et moins efficace, pour user d’un euphémisme, dans la gestion de l’Etat que celui qui a quitté Beit-Salam sous les huées le 26 mai 2006.
Mouigni Baraka Saïd Soilihi fut un piètre gouverneur de Ngazidja de 2011 à 2016 mais a pu recueillir suffisamment de voix dans son île lors de la primaire pour se qualifier pour l’élection à la magistrature suprême des Comores. C’est comme si nous avions voulu confier l’édification d’un immeuble de 3 étages à un maçon qui a échoué dans la construction d’une maison de plain-pied. L’homme rêve toujours d’un destin présidentiel et nous sommes toujours nombreux à croire qu’il pourrait réussir à bâtir des Comores solides et prospères au prétexte qu’il aurait acquis de « l’expérience » malgré sa gouvernance chaotique à la tête de la seule île de Ngazidja. Quelle folie collective ! Ridjuha muwo sha karitsina wo rifunga.
Des leaders de l’opposition ont désigné Mohamed Ali Soilihi chef unique de l’opposition, semble-t-il pour « son expérience ». Cet homme politique a un CV long comme le bras… mais son bilan est nul. Il fut Directeur Général du CEFADER (Centre Fédéral d’Appui au Développement Rural) de 1980 à 1985. Je laisse les Comoriens apprécier l’analyse faite par Mme Raphaëlle HERON, stagiaire du FIDA (Fonds International de Développement Agricole) au PNDHD (Programme National de Développement Humain Durable) Comores sur la base d’un rapport d’évaluation du PNUD daté de mai 1986 : « Les faiblesses structurelles ou fonctionnelles en gestion de l’organisation (en communication interne, gestion du personnel, gestion financière et comptable), sont telles que le système est profondément remis en question par l’institution qui l’a pourtant mis sur pied ». Raphaëlle HERON poursuit « Les cultures vivrières, pour une large majorité, n’ont pas connu d’amélioration quantitative suffisantes, surtout lorsque mises en parallèle au phénomène de croissance démographique de 3.3% en 1980. Il est au contraire important de souligner une chute de production du riz paddy (3050 à 2 080 tonnes), et les avancées des nouvelles introductions : maïs et produits maraichers (tomates, petsaï, oignons, carottes, de 400 à 1 050 tonnes). Ces chiffres ne sont pas jugés satisfaisants, comparés aux montants dépensés (40 millions de dollars américains!) La conclusion du rapport d’évaluation est sans appel : Le CEFADER n’est pas en mesure d’établir une politique et des stratégies de développement, les CADERS ne sont pas les catalyseurs du développement rural et ne servent qu’au rayonnement (minime) d’institutions étrangères, loin des préoccupations des populations ». Lire le rapport sur L’Etat comorien et le developpement agricole
Malgré cette incompétence notoire, Mohamed Ali Soilihi fut promu par le président Ahmed Abdallah Abderemane ministre de la Production, poste qu’il occupa de janvier 1985 à mars 1990. Cet ingénieur agronome de formation n’a jamais pu enrayer notre dépendance alimentaire vis-à-vis de l’étranger malgré les moyens financiers énormes mis à sa disposition. Il a lamentablement échoué là où l’architecte Naçr Eddine Saïd Ibrahim a réussi pendant l’éphémère présidence d’Ali Soilihi et avec des moyens très limités.
Mohamed Ali Soilihi fut ministre des Finances et du Budget entre décembre 1996 et juin 1998 puis de nouveau de mars 2007 à juin 2009. Il était le véritable maître du pays en sa qualité de vice-président chargé des Finances, du Budget, de l’Economie, de l’Investissement, du Commerce extérieur et des Privatisations de mai 2011 à mai 2016. Son bilan dans ce département ministériel n’est pas aussi glorieux que veulent nous faire croire ses laudateurs : budget de guerre sous Taki, 4 mois d’arriérés de salaires, services publics délabrés en raison de l’absence de crédits, chute vertigineuse des recettes de l’Etat suite aux passe-droits accordés aux amis du pouvoir et explosion de la pauvreté pendant la présidence d’Ikililou Dhoinine.
Quel profit a tiré le peuple comorien de « l’expérience » de Mohamed Ali Soilihi en 35 ans de carrière politique ? RIEN! Pour être plus précis, Mohamed Ali Soilihi a été utile à son pays UNE SEULE FOIS dans sa vie : il a réussi à faire annuler une partie de la dette à laquelle il a BEAUCOUP contribué grâce à ses amis du FMI. Le reste du temps, l’homme a mobilisé son imagination et son intelligence pour s’enrichir sur le dos du peuple comorien. Son dernier exploit en date : l’affaire Boulle Mining Group (BMG) où il a hypothéqué les ressources du pays pendant 45 ans, usurpant la signature du ministre chargé de l’Energie et en empochant au passage une grosse enveloppe pour financer sa campagne électorale.
Avons-nous choisi Mohamed Ali Soilihi comme chef de l’opposition pour sa « résilience face aux épreuves » ? C’est encore un mensonge cousu de fil blanc. Les yeux et les oreilles de Beit-Salam rapportent que Mohamed Ali Soilihi et le colonel Azali se rencontraient régulièrement tard le soir, loin des regards et des oreilles indiscrets. La dernière rencontre avait pour objet l’exfiltration de Mamadou en France à l’approche de la parodie judiciaire qui allait le « condamner » à 20 ans de réclusion.
L’attribution du leadership de l’opposition à cet homme confirme à notre jeunesse et au monde entier que nous sommes devenus fous. »
Hadji Anouar, Montélimar (France)