L’opération Wuambushu est désormais rendue publique, avec 500 gendarmes supplémentaires annoncés sur le territoire dès le 20 avril, un des vœux du 1er de l’An de Gérald Darmanin alors sur notre île. Les hôtels sont déjà bookés, les préparatifs pour les accueillir vont bon train.
Avec l’esprit satirique propre au Canard Enchaîné, le titre « Opération Wuambushu » : Darmanin à l’assaut de Mayotte, est accompagné ce mercredi par un, « Il utilise l’archipel comme un labo anti-immigration pour mieux concourir à Matignon », doublé d’une caricature : « Mayottignon, Déloge les sans papiers en détruisant leurs cabanes et devient peut-être premier ministre ! »
L’opération est en effet du pain béni pour les critiques : un vaste plan d’expulsion des étrangers en situation irrégulière au moyen d’un renfort armé jamais déployé sur le territoire : 500 gendarmes, dont le recrutement est en cours par le ministère au moyen d’une fiche type Pôle emploi, « appel à candidature pour une mission de renfort temporaire à Mayotte – Tous grades y compris majors ».
Comme nous l’avait expliqué le général Capelle qui commande la Gendarmerie de Mayotte, l’opération n’est pas axée sur la lutte contre la délinquance, mais uniquement en renfort de la LIC, la lutte contre l’immigration clandestine.
« Tout doit être karchérisé en deux mois à compter du 20 avril », se gausse encore le Canard, dont on imagine que les positions se font en toute connaissance de l’île. De ses écoles engorgées, en rotation, une salle étant partagée par deux classes, qui ne peuvent scolariser tous les enfants en provenance des Comores voisines, en laissant prés de 1.000 errer dans la malavoune (la campagne). Des cases en tôles qui montent sur les collines jusqu’au vertige. De l’hôpital surchargé à tel point que les rendez-vous ne peuvent être honorés avant plusieurs mois, la maternité qui abrite plus de 10.000 naissances par an, largement portée par les femmes d’origine comorienne.
D’autre part, si le début de l’article est provocateur « mettre le grappin sur un maximum d’illégaux et les renvoyer fissa », il reprend plus loin contact avec la réalité en expliquant que les destructions d’habitats insalubres se font dans le cadre d’un relogement des personnes en situation régulière, et évalue à 1.500 le nombre de personnes « à recaser ». Un nombre conséquent, qui va être surveillé de prés car il va falloir trouver les relogements.
Le réjouissant de l’affaire, pour faire dans le même style, c’est qu’apparemment, si le ministre de l’Intérieur veut réussir, « il doit passer par Mayotte pour atteindre la case Matignon »… Le 101ème département n’a donc jamais été aussi français, en devenant un enjeu pour les politiques. En attendant de servir de tremplin pour des motifs positifs.
A.P-L.