Harcèlement présumé au sein de Mlezi, le tribunal met un point final à trois ans de galère

La définition du harcèlement moral était au coeur du procès fleuve qui s’est tenu toute l’après-midi de ce mercredi, entre une salariée de Mlezi Maore et une ancienne cheffe de service de l’association. Amies avant la promotion de cette dernières, leurs relations se sont dégradées brutalement durant un séjour à Maurice, où les deux jeunes femmes en sont venues aux mains.

De retour au travail, alors même qu’elles ne se voyaient que deux heures en réunion toutes les deux semaines, les relations sont restées tendues. Et la cadre a fait remonter de nombreux signalements à la direction de Mlezi, s’estimant harcelée par son ancienne amie. S’en est suivi un droit de retrait à l’appel du syndicat FO.

Me Ousseni a insisté sur la souffrance de sa cliente, et réclamé 50 000€ pour elle

Parmi les faits qu’elle évoque, des sourires « en coin » assortis d’un hochement de tête, qu’elle qualifie de « menaces », des rires en réunion qu’elle qualifie de « provocations ». Des bonjours non rendus. « Si on fait de  tout cela des infractions pénales, les tribunaux seront débordés » ironise Charles Simon, avocat de la défense, quand sa consœur Fatima Ousseni relate la « descente aux enfers » de la plaignante, qui a en 2019 perdu une quinzaine de kilos et vu sa santé psychique se dégrader.

Cette souffrance, c’est le principal point de consensus du procès, personne ne la nie. Même pas la prévenue, qui dit n’avoir pas constaté la rapide perte de poids de son ancienne collègue, et nie tout harcèlement ou volonté de lui nuire.

Mais être en souffrance ne suffit pas à caractériser le harcèlement. Il faut aussi, ajoute Me Simon en substance, une dégradation des conditions de travail. Si la plaignante a depuis quitté son poste, il n’a pas été fait la démonstration d’une dégradation de ses conditions de travail au sein de Mlezi, estime le juriste. Un point de droit qui a sans doute pesé dans la balance. Le tribunal a, après un délibéré rapide, relaxé la prévenue et débouté la plaignante de sa demande de dommages et intérêts estimés à 50 000€

Charles Simon a obtenu la relaxe de sa cliente

Le parquet peut encore faire appel. La substitut Sarah M’buta ayant en effet estimé que le harcèlement était caractérisé, elle avait requis 1000€ d’amende avec sursis. En l’absence de nouvelles du procureur sous 10 jours, ce sera la mort pénale d’un dossier qui aura empoisonné l’ambiance de plusieurs services, et, dit-on à l’audience, précipité le départ d’un directeur qui avait échoué à rabibocher les deux collègues.

Y.D.

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