Moustoifa Mohamed est un habitant du sud de l’île et retraité de l’éducation nationale. En parallèle, il est pêcheur depuis plusieurs années. Cette formation est une aubaine pour lui et il nous explique pourquoi : « C’est une très bonne initiative qui nous permet aujourd’hui de nous mettre aux normes, car vous savez déjà qu’il existe un minimum requis pour pouvoir naviguer et pouvoir pêcher. Cette formation assure non seulement une mise à jour nécessaire pour le bon développement de ce métier dans notre île, mais aussi une meilleure sécurité. La sécurité ne sera pas seulement pour nous, les pêcheurs, mais aussi pour les acheteurs, car on nous apprend aussi à mieux traiter les poissons qu’on attrape. J’espère qu’un jour, tous les pêcheurs de Mayotte pourront se mettre aux normes. »
Un projet initié par le Sud, pour le Sud, mais…
Ce projet a été initié par la communauté des communes du sud (CCSud). Donc pour l’instant il n’y a que des pêcheurs du sud dans cette première promotion. Abdou Chanrani, 7e vice-président de la CCSud, nous en dit davantage sur les enjeux de cette formation, avec un petit message pour les autres intercommunalités : « Ce projet est parti des pêcheurs eux-mêmes, qui sont venus nous voir, car ils voulaient être aux normes. En effet, si avant ils pouvaient se permettre d’aller en mer sans craindre quoi que ce soit, ce n’est plus le cas. En cas de contrôle, une personne qui n’est pas accréditée pour pêcher, peut notamment se voir saisir son embarcation. Nous avons porté le projet en nous associant avec la préfecture et l’école maritime. Nous en sommes très satisfaits et nous espérons que d’autres intercommunalités suivront le mouvement pour, pourquoi pas, former l’intégralité de nos pêcheurs dans un futur proche. »
Une bonne dynamique enclenchée
« Former l’intégralité des pêcheurs ». Voici un enjeu qui est souvent revenu, de la bouche de nos interlocuteurs. Pour François Garcia, administrateur des affaires maritimes de Mayotte, nous en prenons un chemin plutôt positif. Il nous développe son opinion : « Nous avons un mouvement qui s’est mis en place, un bonne dynamique qui s’est enclenchée. Aujourd’hui l’interco du sud a saisi l’importance de former ses pêcheurs, ces derniers ont également compris l’intérêt pour eux d’être qualifiés. Les affaires maritimes font donc office, avec l’école maritime, d’accompagnateurs et de soutien, de cette belle initiative, pionnière dans le département. L’objectif visé est non seulement de pouvoir qualifier cette promotion venue du sud, mais aussi de pouvoir qualifier d’autres promotions venues de toute l’île. L’idée est de structurer la filière pêche dans notre île. »
Détails de la formation, avec un fait important
La formation comporte deux catégories principales :
– Le CACPP (Certificat d’Aptitude au Commandement à la Petite Pêche)
– Le brevet mécanicien 250Kw*.
Le détenteur du CACPP peut se permettre de naviguer seul ou de gérer un équipage, tandis que le détenteur du brevet mécanicien 250 Kw peut gérer le moteur et la conduite mais ne peut diriger une embarcation, seul. L’idée serait d’avoir des équipages complémentaires, composés d’un capitaine et d’un mécanicien.
Fait important, une personne n’étant pas de nationalité européenne, ne peut passer le CACPP, d’où l’importance de la formation de mécanicien de moteur 250Kw, pour n’exclure personne.
Cette promotion est composée de 24 personnes. 13 d’entre elles passent le CACPP, 8 passent le brevet mécanicien. Les 3 autres, passent un module de remise à niveau. Un budget de 303 000 euros (qui peut augmenter, selon le nombre de personnes à former) a pu être dégagé des fonds européens, par la CCSUD, pour permettre la réalisation de ce projet. Un autre projet, porté cette fois-ci par les affaires maritimes, permettra le renouvellement de l’ensemble de la flotte de pêche. Il est à l’étude. Le mot de fin sera pour Éric Bellais, directeur de l’école maritime de Dzaoudzi : « Ces pêcheurs nourrissent Mayotte depuis plus de 30 ans, on ne peut pas les laisser tomber. Notre devoir est de les accompagner, afin qu’ils respectent les normes européennes et qu’ils puissent continuer à exercer ». Simple, efficace.
Houmadi Abdallah
*250 Kw représente la puissance du moteur qui peut être manié avec l’obtention du « brevet mécanicien 250Kw »