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Le premier cas suspect de Zika à Mayotte

L'Aedes albopictus qui véhicule la dengue et le chikungunya (Crédits photo : ARS OI)
L’Aedes qui véhicule la dengue, le chikungunya et le Zika
(Crédits photo : ARS OI)

Les autorités de santé l’attendaient de pied ferme. Déjà signalé sur des voyageurs qui l’ont amené avec eux dans plusieurs territoires de notre région comme à La Réunion, le virus Zika est suspecté sur une patiente pour la première fois à Mayotte.

Selon les informations du Journal de Mayotte, il s’agirait d’un cas importé, comme dans les autres pays concernés dans notre zone. La patiente, âgée de 27 ans, est revenue à Mayotte il y a un peu plus d’une semaine de Martinique où elle aurait contracté le virus. Après une première consultation jeudi dernier, elle présentait plusieurs symptômes suspects comme une éruption de boutons et un peu de fièvre.

Et son arrivée des Antilles où le virus est très actif a poussé les médecins à réaliser une série d’analyses pour rechercher une trace du virus. Et ils l’ont trouvé. Cette patiente était, selon les premiers éléments médicaux établis à Mayotte, porteuse du virus dans ses urines, dans sa salive et dans son sang mais en quantité très faible.

L’Agence régionale de santé attend maintenant les résultats d’une nouvelle série d’analyses faites par le Centre national de référence (CNR) de La Réunion, un avis qui fait autorité sur les arboviroses, les maladies virales transmises par les moustiques. A l’heure actuelle, ce cas reste donc suspect mais pas encore complètement confirmé.

Inquiétude mesurée à Mayotte

Le fait que de faibles traces du virus n’aient été retrouvées dans le sang de cette patiente a tendance à rassurer quant à une éventuelle propagation du Zika à Mayotte. Même si la patiente s’était faite piquer, un moustique Aedes aurait eu une probabilité très faible d’être infecté, car comme pour le chikungunya ou la dengue, c’est lui transmet le virus. Cet Aedes fait en effet partie du petit club des 8 moustiques de Mayotte connus pour être vecteurs de maladies.
C’est lui qui était responsable de l’épidémie de dengue que nous avons connue en 2014, avec 522 cas.

ARS Mayotte
Les agents de la lutte antivectorielle (LAV) de l’ARS sont à pied d’oeuvre pour empêcher une éventuelle propagation du virus Zika

D’ailleurs, le Zika est souvent comparé à la dengue, dans une forme nettement plus sévère et avec des conséquences parfois bien plus graves.

Un virus virulent… ou pas !

Les symptômes du Zika sont de la fièvre et des éruptions cutanées, comme pour la patiente actuellement suspectée, mais ce peut être aussi des douleurs musculaires, des diarrhées voire des complications neurologiques. Dans les cas les plus graves, les muscles de la déglutition et de la respiration peuvent être atteints. On sait également qu’il peut perturber gravement le développement des bébés in-utero.

Le Zika peut donc avoir de lourdes conséquences mais il peut également passer inaperçu… comme la dengue. Lors de la dernière épidémie mahoraise, l’ARS indiquait que le nombre de cas réel de dengue était probablement bien supérieur aux chiffres connus.

Une présence mondiale

Concernant le Zika, aucun traitement particulier ni aucun vaccin n’a encore été développé à ce jour. On doit se contenter de paracétamol pour en atténuer les effets.

Depuis 2007, des épidémies liées au virus Zika sont survenues dans le Pacifique, comme en Polynésie française ou plus de 55.000 personnes ont été atteintes en 3 mois en 2013-2014, soit plus de 20% de la population. On a également beaucoup parlé de l’épidémie américaine, aux Antilles ou encore au Brésil où certains sportifs ont renoncé à se rendre pour les Jeux olympiques par crainte du virus.

Le moustique, cet ennemi

A Mayotte, le service de la lutte anti-vectorielle (LAV) de l’ARS est donc sur le pont pour mener à bien une enquête qui vise à déterminer les endroits dans lesquels la patiente a séjourné depuis son retour dans notre département et éventuellement procéder à des démoustications. Les agents sont bien rodés depuis qu’ils ont joué un rôle central face à l’épidémie de dengue qui était restée relativement maîtrisée.

L’ARS poursuit également sa politique avec les communes pour que des contrats locaux de santé (CLS) continuent d’être signés pour agir au plus près de la population, par exemple pour apprendre les bons gestes qui vont éviter une multiplication des moustiques.

Jusqu’à présent, l’arrivée de cas importés du virus Zika dans notre région ne s’est jamais traduite par le démarrage d’une épidémie, dans tous les territoires où un cas a été signalé. Ainsi en Afrique du Sud, premier pays de la région à avoir repéré un malade, le virus n’a jamais circulé. Il est bien trop tôt pour tirer des conclusions définitives pour Mayotte, mais tous les ingrédients sont réunis pour que ce scénario positif se reproduise chez nous.

RR
Le Journal de Mayotte

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