En ce 21 janvier 2020, les vœux du recteur portaient sur trois ans. La période sur laquelle court le Projet académique 2020-2023. Déclinée devant une assemblée de personnels de l’Education nationale, dont les directeurs d’établissement, et devant les institutionnels, préfet, procureur, vice-président du Département, directrices de l’ARS et de la PJJ, sénateur Abdallah, l’explication de texte était très didactique. Nous n’allons pas entrer dans les petits « a » et petit « b », d’un document élaboré sur la base d’un bilan, et centré autour de trois axes : la Sécurisation des apprentissages, l’Accompagnement vers la réussite, le Rayonnement avec le territoire. Mais donner des exemples concrets.
On en verra plus loin tout le bénéfice, Mayotte vient de franchir un cap, avec le passage en rectorat de région académique. Gilles Halbout parlait d’ailleurs de Montpellier, avant de se reprendre, les prérogatives qui incombent désormais au recteur étant les mêmes qu’en métropole. Il ne dépend plus du préfet, et fixe les orientations stratégiques des politiques ministérielles d’éducation, mais aussi, celles de l’enseignement supérieur et de recherche. Il reprend donc aussi au préfet les rennes du Centre universitaire.
Le CUFR figure d’ailleurs parmi les points forts énoncés, « nous allons ouvrir une formation à la fac de médecine et aux métiers de la santé ». Sur le même thème, une convention est signée avec Science Po, avec on l’espère plus de réussite que la précédente, et une classe préparatoire à l’entrée aux grandes écoles est ouverte au lycée Bamana. « Ces avancées auraient été impossibles si nous n’avions pas été un rectorat », précise Gilles Halbout.
S’appuyer sur le shimaore et le kibushi
Le « développement de l’excellence » se fera en parallèle avec « l’accompagnement du décrochage scolaire », avec des parcours adaptés et des voies professionnalisantes. « L’élève est au centre de nos préoccupations. Etant donné que dans le secondaire, nous avons des enfants qui savent lire et d’autre non, nous ne pouvons pas les mettre dans une même classe. Par contre, il faut expliquer aux parents le fonctionnement de notre système scolaire et les éduquer par le biais de l’école des parents. »
Cette interaction doit aussi être servie par les langues, « en utilisant le plurilinguisme. Il ne peut pas y avoir l’école d’un côté, et la famille de l’autre. Nous devons nous appuyer sur le shimaore et sur le kibushi pour aider les élèves à apprendre le français. »
Que de chemin parcouru depuis les déclarations fermées d’anciens vice-recteurs, que de temps perdu !
Enfin, le travail doit porter sur l’attractivité d’un territoire « compliqué », mais « sur lequel je vis très bien ». Le rayonnement avec les territoires limitrophes est au programme.
« Un bilan de la réalisation des indicateurs du Projet académique sera fait chaque année », avance Gilles Halbout.
Le shimaore ne sera pas uniquement utilisé dans les écoles, mais si notre recteur continue sur cette voie, il risque de devenir la langue officielle du rectorat ! Puisque après le traditionnel Moiha moima, il martelait « likoli na pia », « l’école pour tous, pour tous les enfants », enjoignant en filigrane les maires à ne pas faire de discrimination aux inscriptions.
Rappelant qu’il avait laissé derrière lui sa famille en arrivant en juillet, il glissait ses motivations, « ce qui me fait avancer c’est l’envie d’accompagner ces jeunes vers un métier. » Pour conclure, il souhaitait « baraka » (bonheur), et « unono » (santé) à l’assistance.
Anne Perzo-Lafond