Avec 20 emplois pour 100 habitants, un des taux les plus faibles d’Europe, rien d’étonnant à ce que Mayotte soit aussi la région de France ayant le plus faible PIB par habitant.
Avec 9700€ par an et par habitant en moyenne, c’est presque moitié moins qu’en Guyane, qui compte 15 100€ par an et par habitant, et qui est juste derrière au classement. On le voit donc, l’écart est grand. En Corse, le PIB par habitant plafonne à 25 600€ et en Île de France, c’est presque 60 000€. La moyenne française est de 34 100€.
Pour comprendre ces écarts qui placent Mayotte presque à la marge de l’économie nationale, deux grands facteurs entrent en ligne de compte.
« Ces différences régionales de PIB par habitant peuvent notamment s’expliquer en prenant en compte deux indicateurs, le PIB par emploi et l’emploi par habitant. Le premier, aussi intitulé productivité apparente du travail, reflète la structure d’activité régionale et la productivité de l’emploi dans chaque secteur. Le second facteur traduit des effets sociodémographiques et liés au marché du travail. Cette décomposition permet de tenir compte du fait que tous les habitants d’une région ne travaillent pas, et donc que tous ne contribuent pas directement à la création de richesse. » Or, pour ces deux indicateurs, Mayotte est en bas du classement des régions françaises.
Un chiffre fourni par l’Insee vient étayer cette analyse. A Mayotte et en Guyane, le ratio d’emploi par habitant est en moyenne de 20% contre 40% au niveau national.
De fait, « les disparités de taux d’emploi contribuent aussi aux disparités de PIB par habitant, notamment entre la France métropolitaine et les régions d’outre-mer. En effet, en France métropolitaine, le taux d’emploi varie entre 60 % (Hauts-de-France) et 67 % (Pays de la Loire, Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes), alors qu’outremer, il se situe entre 30 % (Mayotte) et 55 % (Martinique). »
La jeunesse, à la fois pauvre et porteuse d’espoir
Mais Mayotte est aussi, paradoxalement, victime de la jeunesse de sa population. Quand d’autres départements voient leur taux d’emploi baisser à cause du vieillissement, c’est ici l’inverse qui se passe : la forte démographie fait qu’une grande part de la population n’est pas encore en âge de travailler, ce qui pèse sur le PIB par habitant.
« Le facteur démographique, rapportant la population en âge de travailler au nombre d’habitants, s’élève à un peu plus de 60 % en moyenne, avec relativement peu de disparités interrégionales. Seules l’Île-deFrance et La Réunion se démarquent, avec un facteur démographique supérieur à 65 %, grâce à leur faible proportion de personnes de plus de 65 ans. Cette caractéristique démographique contribue à creuser l’écart entre l’Île-de-France et le reste des régions en matière de PIB par habitant. À l’inverse, beaucoup de Mahorais ne sont pas encore en âge de travailler (44 % des habitants ont moins de 15 ans en 2020), ce qui explique le ratio démographique relativement plus faible pour Mayotte (54 %), malgré une faible proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus » analyse l’Insee.
Une constat peu réjouissant qui peut donc être aussi un espoir pour l’avenir : si les pouvoirs publics se saisissent de ces données pour continuer à adapter les offres de formation, la commande publique et accompagner la montée en puissance de l’emploi privé, cette jeunesse pourra vite rimer avec richesse.
Y.D.