C’est en voiture que Gérald Darmanin est arrivé dans la commune de Bouéni après avoir été déposé en hélicoptère quelques kilomètres plus haut dans la petite ville de Mouanatrindri. Ce déplacement dans le sud de l’île avait pour but de parler écologie…
Le réchauffement climatique, un enjeu majeur pour Mayotte
Pour se rendre compte des ravages de l’érosion dont sont victimes certains habitants de l’île, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a visité une maison avec de nombreuses fissures et qui ne devrait pas tarder à s’effondrer d’ici quelque temps. La députée de Mayotte, Estelle Youssouffa, en a profité pour expliquer au ministre l’étendu du problème. « Cette maison est construite sur la mangrove. En cas de fortes pluies il y a un ruissellement avec de la boue ce qui entraine une destruction de la mangrove mais également de toute la biodiversité présente dans le lagon », explique-t-elle. En effet, les fortes pluies, les cyclones et l’enfoncement de l’île font que la mer gagne peu à peu du terrain sur la terre. Beaucoup de villages sont touchés par ce phénomène et de nombreuses habitations sont ainsi menacées.
« Je suis venu dire aussi que dans ce lieu particulier, notamment dans le sud de l’île de Mayotte, qu’il y a d’énormes projets, on l’a vu avec les élus, mais aussi des difficultés qui sont liées au réchauffement climatique. Il y a un volcan sous-marin ici qui pose des problèmes d’affaissement du sol et des inondations. On voit bien ici comme ailleurs que le réchauffement climatique vient bousculer les populations puisque 80 % des habitants de Mayotte habitent sur les côtes. Je me suis particulièrement attaché, on l’a vu en Nouvelle Calédonie, on l’a vu en Guyane, aux questions environnementales. Avec Jean-François Carenco nous allons axer l’action du ministère des Outre-mer sur la question du réchauffement climatique pour aider les élus mahorais », explique-t-il. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer s’est ensuite rendu à l’hôtel de ville de Bouéni afin de rencontrer les élus et a assisté à une réunion de travail sur les risques liés aux changements climatiques à Mayotte. Ce n’est que vers 12h45 que Gérald Darmanin est arrivé sur le ponton de Kani-Kéli afin de présenter la stratégie de surveillance et de détection des kwassas, mais aussi de parler du développement économique de Mayotte.
L’île au lagon, un potentiel touristique et économique hors normes
« Aujourd’hui je pense qu’en ce premier jour de l’an c’est important de dire que Mayotte, ce n’est pas qu’une question de sécurité et d’immigration irrégulière. C’est une île absolument magnifique qui a un potentiel économique et touristique sans doute à nul autre pareil qui est un de nos outre-mer sur lequel on fonde le plus fort espoir ». Gérald Darmanin a ainsi souligné la nécessité de développer les principaux atouts de l’île aux parfums qu’il considère « formidables ». « Il y a aussi un développement touristique qui doit exister et qui doit aller de pair avec la sécurité. Depuis un an il faut saluer le travail qui a été fait, notamment par les gendarmes, pour sécuriser les sites touristiques. Il faut que ce tourisme soit à l’échelle de Mayotte, respectueux de l’environnement », complète-t-il. Vis-à-vis du développement économique, le ministre se veut optimiste et confiant. « Il y a un climat qui permet le développement d’une économie authentiquement locale, je pense qu’il est important de limiter les importations. Il faut développer le secteur maritime puisque Mayotte n’est pas entourée de rien, elle est dans une zone extrêmement favorable au développement économique ».
Continuer la destruction des habitations sauvages
Le « premier flic de France » compte poursuivre sa politique de décasage : « Grâce à la Loi Elan qui a été adoptée nous sommes dans une dynamique de destruction d’un certain nombre de bangas, des maisons sauvages construites bien évidemment sans autorisation. Cela pose des questions d’urbanisme et de respect des réglementations mais aussi en cas d’intempéries. C’est un travail très important qui est fait sachant que les règles d’urbanisme ici sont contraintes, il n’y a pas beaucoup de foncier, et donc le travail que fait le préfet et ses services c’est de détruire peu à peu ces bangas. Comme je l’ai dit, nous réfléchissons à des opérations plus spectaculaires, plus importantes, plus démonstratives ».
Des annonces prochainement concernant le statut de Mayotte
Le ministre a également fait allusion au statut particulier de Mayotte. « Il faut aussi sans doute que l’on soit plus agiles comme sur d’autres territoires ultra-marins. Arrêter des règles parisiennes pour les adapter au niveau local et imaginer des constructions qui ne sont pas forcément celles que nous connaissons en métropole. Il y aura des annonces dans quelques semaines », indique-t-il.
A la question de savoir quand le président de la République, Emmanuel Macron, se rendra dans l’île, le ministre de l’Intérieur répond qu’il est « maître de son agenda. Il choisira le moment. Je peux vous dire qu’il est très attaché à l’île de Mayotte comme chacun le sait. Il est venu plusieurs fois ici. Le président de la République aura l’occasion de dire ce qu’il fera à nouveau pour le territoire Mahorais ». Gérald Darmanin a par ailleurs évoqué le sujet de la piste longue qui permettra, selon lui, d’avoir un aéroport de « classe internationale ». Enfin, concernant les problèmes de coupures d’eau, le ministre a pu constater par lui-même l’enjeu que cela représente pour l’île. « Je m’en suis rendu compte en allant visiter les deux retenus collinaires. Sans eau, il ne peut pas y avoir de vie pérenne ».
Après plus de deux heures de visite, le résident de la place Beauvau a souligné que « Mayotte ce n’est pas qu’une question de sécurité, c’est un développement économique, c’est une magnifique terre de biodiversité et le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer que je suis n’est pas que le ministre des policiers, il est le ministre aussi de la biodiversité à Mayotte et dans les outre-mer. C’est pour ça que mon deuxième jour de déplacement n’était pas consacré à la sécurité mais à toutes ses problématiques de développement économique et écologiques ».
Benoît Jaëglé