« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». La littérature française résonne encore et toujours dans l’actualité. « Le contrôleur aérien est arrivé en retard à cause d’un problème de transport ». Rien de croustillant concède Christophe Boquen, délégué de l’aviation à Mayotte. Cet exemple illustre néanmoins parfaitement la théorie de l’effet papillon ainsi que la fragilité du service ; l’absence d’un contrôleur aérien pouvant générer une succession de déconvenues.
Le temps, c’est du carburant
Alors que le vol UU976 d’Air Austral en provenance de Paris Charles de Gaulle entamait sa descente pour atterrir à 7h30 à l’aéroport Marcel-Henri mardi matin, le commandant de bord n’a eu aucun interlocuteur depuis la tour de contrôle pour procéder à l’autorisation de la manœuvre. Selon les informations recueillies, afin de patienter, le pilote aurait réalisé deux à trois tours au-dessus de l’aéroport pour tenter de joindre à nouveau le contrôleur aérien. En vain. Ne pouvant se permettre de rester trop longtemps en attente au risque d’entamer les réserves de carburants nécessaires pour rejoindre l’aéroport de La Réunion, le pilote a pris l’initiative de dérouter l’avion vers l’île Bourbon. « Entre-temps le contrôleur est arrivé mais l’appareil avait déjà pris la direction de sa nouvelle destination », constate le délégué de l’aviation à Mayotte.
Modification du programme de vol de la compagnie aérienne
D’un simple retard à la prise de fonction à la tour de contrôle, c’est tout le programme de vol d’Air Austral qui s’est vu modifier au cours de la journée. Les solutions mises en œuvre pour tenter d’atténuer au maximum les désagréments occasionnés se sont transformées, selon les informations recueillies, en un jeu de billard à trois bandes entre l’aéroport, la compagnie aérienne et la Direction générale de l’aviation civile. L’avion qui aurait dû atterrir ce matin devait initialement regagner l’île de La Réunion avec un départ à 9h30. Les passagers de ce vol n’ont pu embarquer qu’à 17h, heure locale, pour une arrivée à l’île Bourbon à 20h10 (heure locale). Un effet domino qui se fait encore ressentir mardi soir. Le vol UU274 à destination de Mayotte depuis La Réunion qui devait initialement décoller à 14h30, heure locale, a été reporté au mercredi 21 décembre sous le numéro de vol UU274A. Après un décollage prévu à La Réunion à 8h00, heure locale, son arrivée à Mayotte est attendue à 9h10, heure locale.
Les effectifs des contrôleurs aériens bientôt complétés par des agents AFIS
Une question de malchance, voire un concours de circonstances défavorables, ayant atteint des proportions plus que pénalisantes ; d’autant que ces derniers temps, des fermetures anticipées de la tour de contrôle avait déjà impacté le trafic de l’aéroport du 101e département. Pourtant, ces zones ombrageuses dans le ciel de Mayotte pourraient-elles bientôt s’apparenter à de l’histoire ancienne ? « L’exploitant de l’aéroport, la société Edeis, va mettre en place des agents qui vont être en complément des contrôleurs aériens pour éviter toutes nouvelles déconvenues », renseigne Christophe Boquen. Ces futurs agents d’information, appelés Aerodrome Flight Information Service (AFIS) viendraient alors « suppléer et compléter les planches horaires couvertes par le service de la navigation aérienne », poursuit-il.
Dépendant du gestionnaire de l’aéroport et certifiés par l’Etat, ces renforts qui « utiliseront les mêmes équipements que les contrôleurs aériens », apporteront davantage de souplesse face aux imprévus. Selon une source proche de la direction d’Edeis, « nous formons un effectif de 4 agents AFIS ». « C’est un sujet d’actualité, abonde Christophe Boquen, car ce mardi après-midi deux agents AFIS sont en examen ».
Pierre Mouysset