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2020, l’année où la crise sanitaire a supplanté les crises sociales

Depuis plus d’un an, ce ne sont plus les barrages mais les confinements qui conditionnent le moral des entreprises. Une donnée nouvelle à Mayotte où le développement économique est fragilisé par son unique moteur qu’est la consommation des ménages, souligne l’IEDOM dans sa synthèse annuelle.

Jusqu’à présent, l’activité économique de Mayotte et son climat des affaires étaient rythmés par les crises sociales. Le moral des chefs d’entreprise dépérissait à l’amorce du premier barrage, et repartait à l’embellie à la signature des protocoles de fin de conflit. Une année sur deux était considérée comme sacrifiée aux revendications, de rattrapage ou de sécurité, permettant à l’autre année sur deux d’entrer en résilience. La dernière mobilisation, forte, date de 2018.

Début 2020, patatras, la crise sanitaire mettait toute parole sous cloche, et quasiment tout commerce sous verrouillage. Mais déjà avant que ne s’amorce cette tendance à l’alternance des confinements dont nous ne sommes pas sortis, les acteurs économiques étaient pessimistes, nous dit l’IEDOM, les projets publics promis ne sortant pas de terre. A la phase de fermeture pour confinement en 2020 a succédé le risque de fermeture tout court, pour insuffisance de trésorerie. On peut dire à ce sujet que la crise sanitaire a supplanté les effets des crises sociales.

Le moral des entreprises en berne fin 2020

Fin juin 2020, les mesures décidées par le gouvernement, particulièrement fortes en France, ont permis à l’économie de Mayotte de « s’inscrire sur une courte durée dans une dynamique de reprise ». Le moral des patrons s’en est ressenti, mais pas pour longtemps… Si la consommation des ménages, moteur principal de la croissance à Mayotte, est restée solide, et le climat social plus apaisé, leurs prévisions ont été revues à la baisse, « en raison d’un manque de visibilité » sur les derniers mois de 2020. Malgré tout, l’IEDOM note que « les intentions d’investir des entreprises sont favorablement orientées tout au long de l’année 2020 ».

La baisse des prix au second semestre, a mis fin à une tendance inflationniste depuis le début de 2019 que Mayotte n’avait plus connu. On enregistre une hausse sensible des importations, portée par tous les types de biens, tant ceux des ménages que ceux des entreprises.

Par contre, l’accès difficile aux services de Pôle emploi pendant la crise sanitaire s’est traduit par une baisse artificielle de la demande d’emploi.

Immigration et insécurité restent les préoccupations majeures

L’activité globale s’est dégradée au dernier trimestre 2020, notamment pour le commerce, qui avait pourtant enregistré de bons résultats au cours des six précédents mois. À l’inverse, les services marchands et le BTP enregistrent une amélioration, ce dernier ayant été moins touché par les confinements, leur niveau d’activité se redresse à la fin de l’année. Enfin, le dynamisme de l’activité bancaire entrevu au cours des dernières années se maintient : logiquement en période de restriction de consommation « la collecte d’épargne se renforce ». « Le soutien du système bancaire au financement de l’économie poursuit sa progression d’année en année », assure l’IEDOM.

La consommation s’est malgré tout maintenue sur certains secteurs… (IEDOM)

Et en 2021 ? Quelles orientations sont annoncées ? Sera-t-elle comme le veut l’alternance à Mayotte, une année de résilience après une année de crise sanitaire et économique ? Ça démarre mal puisqu’un nouveau confinement était décrété mi-février.
« L’année 2021 ne sera probablement pas épargnée par une poursuite du ralentissement économique », nous dit l’IEDOM. Avec donc « les mêmes questionnements et inquiétudes qu’en 2020 ».

Plus que la consommation qui se maintient et le Ramadan va la conforter, ce sont « les incertitudes et les difficultés à retrouver le niveau d’activité d’avant la crise de la Covid-19 (qui) entament l’optimisme des chefs d’entreprise quant à leur volonté d’investir ». Avec peu d’investissements publics en prévision. Des entreprises qui vont donc devoir « trouver des solutions pour s’adapter à la crise sanitaire et sauvegarder leurs activités. Plus qu’ailleurs, la conjoncture économique en 2021 à Mayotte dépendra fortement de l’évolution de la crise sanitaire. »

…Ainsi que les crédits immobiliers chez les particuliers

Mentionnons que si l’on fait exception des crises sanitaire et économique, « le climat social reste fébrile en raison des problèmes persistants d’immigration clandestine et d’insécurité ».

En conclusion, sans surprise, l’IEDOM comme les acteurs économiques comptent sur les mesures d’accompagnement pour pallier les difficultés de trésorerie.

Consultez la Synthese 2020 Mayotte

A.P-L.

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