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Au moins 16 000 professionnels à former dans le médico-social

Les besoins en professionnels des secteurs sanitaire et médico-social étaient estimés en 2013 à 8000 postes. Seuls 4000 ont été créés depuis, et il en faudrait "a minima le double" selon le Conseil départemental et l'ARS. Une étude est menée pour déterminer les besoins et former de préférence des Mahorais sur ces métiers qui se font attendre.

Médecins spécialistes, psychomotriciens, ergothérapeutes, orthophonistes… La liste des métiers nécessaires à Mayotte mais pour lesquels aucune formation n’existe ici est longue comme le bras. Face à « une population dans le besoin », il y a « urgence à agir » clame Yves Rajat, directeur de l’agence française de développement (AFD) à Mayotte. L’AFD qui a apporté 40 000€ sur les 480 000 consacrés au vaste plan de formation dans le domaine médico social que prévoit le conseil départemental.

En effet les besoins sont énormes, et l’antenne locale de l’IRTS qui forme notamment des animateurs-éducateurs est loin de palier les manques en personnels formés et fidélisés.

Citant différentes structures bâties ou programmées comme le service de soins de suite et de réadaptation (SSR) de Petite Terre ou encore différentes structures dédiées aux personnes handicapées, Patrick Boutie, directeur de l’offre de soin à l’ARS balaye tout satisfecit. « Il ne suffit pas de créer des boîtes, il faut aussi du personnel pour s’occuper des usagers. A moyen terme, ce sont plusieurs centaines d’emplois qui sont nécessaires pour accueillir les personnes qui ont besoin de soins. »

Le directeur de l’offre de soins à l’ARS Patrick Boutie dresse le tableau des besoins

L’enjeu est triple : la première étape du programme porté par le Carif-Oref, centre dédié à la formation professionnelle, est de créer un outil de diagnostic des besoins en personnel sur le long cours. De là il s’agira de mettre en place les formations correspondant aux besoins réels du territoire afin de répondre à un double besoin : faire face aux besoins de la population bien sur, mais aussi créer de l’emploi chez les Mahorais. Ce qui aura pour effet escompté, non seulement de lutter contre le chômage, mais aussi contre le turn-over qui fait piétiner de nombreux projets au long cours sur l’île.

La première étape devrait être la création d’un IRTS de plein exercice, puisque l’antenne actuelle dépend de La Réunion, un non-sens alors que l’ARS de plein exercice est créée depuis plus d’un an.

Valérie Pascal, envoyée à Mayotte par les deux cabinets d’étude et de conseil mandatés sur ce chantier dresse un premier constat : il y a du boulot !

 » Aujourd’hui à Mayotte on forme 45 infirmiers, on va passer à 80 mais on estime qu’il en faudrait 120. L’IRTS s’est développé mais il faut diversifier l’offre de formation, il faut aussi former les acteurs de la formation eux même, les formations aussi doivent entrer dans des logiques de qualité. On a aussi besoin de tous les métiers de la rééducation : orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes etc. C’est colossal. Il faut aussi fidéliser pour éviter la perte d’étudiants qui finissent leur cursus à La Réunion faute de lieu de stage à Mayotte, ce qui implique aussi des tuteurs et donc des formations de formateurs.

La formation c’est aussi limiter le turnover des cadres, souvent ils ne restent pas, 3 ans c’est déjà beaucoup, ça limite l’impact de projets pluriannuels qui s’en trouvent fragilisés. »

Les objectifs sont multiples

Soilihi Moukhtar, du Conseil Départemental rappelle qu’en 2013, le secteur sanitaire et médicosocial accusait un manque de 8000 professionnels sur l’île. Les 4000 postes créés depuis lors ne sauraient suffire. « Depuis les besoins dans le sanitaire ont explosé. On sera a minima sur le double de ces 8000 car les besoins se sont développés. En 2013 on était sur un état des lieux à un instant T, on sait aujourd’hui qu’on est très loin du compte, les communes ne savent pas par quel bout commencer, il y a des niches d’emploi, il faut commencer. Il s’agit aussi de faire monter en compétences les 4000 emplois créés » explique-t-il.

Intitulé Suha Na Maecha (le soin et la vie), ce programme ambitieux qui répond à une des exigences du plan de convergence doit être bouclé en 2 ans, pour donner lieu à des mises en œuvre de formations sur du long terme.

L’objectif tient en une phrase : « attirer, recruter et maintenir sur place des professionnels motivés et compétents ».

Y.D.

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