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Sécurité routière : des bénévoles pour viser le zéro décès

Vingt bénévoles ont été formés par la préfecture afin de mener des actions de sensibilisation à la sécurité routière. Avec 10 morts en 2020 malgré le confinement, et une explosion des cas de conduite sans assurance, la prévention apparaît nécessaire. La répression se cache juste derrière.

Avec pas moins de 28 morts en deux ans, la sécurité routière à Mayotte devient un enjeu majeur pour la préfecture. En 2019, 222 accidents corporels avaient tué 14 personnes. En 2020, malgré le confinement, 10 personnes ont perdu la vie sur les routes de Mayotte et 227 personnes ont été blessées dans un total de 174 accidents corporels.

Et en 2021, déjà 4 personnes sont décédées sur nos routes, pour un total de 111 accidents corporels.

Or, les causes les plus fréquences de ces accidents montrent qu’ils ne sont pas une fatalité. La plupart sont liés à la vitesse ou à l’alcool au volant. Un nombre croissant d’accident impliquant une consommation de stupéfiants est aussi soulevé par la préfecture. Mais de nombreuses infractions récurrentes favorisent également l’accidentologie.

« On a pris attache avec les forces de l’ordre et les principales infractions constatées sont surtout liées à l’alcool, des défauts de permis de conduire, d’assurance et de ceinture de sécurité ainsi que le téléphone au volant et les délits de fuite. Il y a eu aussi beaucoup de contrôle sur l’exercice illégal de la profession de taxi » indique Nicaise Eloidin, chargée de la sécurité routière à la préfecture de Mayotte. Ainsi, de 2019 à 2020, « le défaut d’assurance a progressé de 7% par rapport à 2019 et le défaut de permis, de 37% » déplore la responsable. Parmi les explications, de nombreux automobilistes présentent un permis de conduire étranger, notamment comorien, qui n’est pas reconnu ici. Juridiquement, il s’agit donc d’un défaut de permis. Mais les défauts d’assurance s’expliquent davantage par une motivation pécuniaire. « On voit aussi des jeunes qui apprennent à conduire avec les parents et qui faute de moyen conduisent sans permis et sans assurance. »

Face à un certain manque de conscience des risques de la route que constatent les forces de l’ordre lors de leurs opérations de contrôle, « on s’est dit qu’il fallait relancer des actions de prévention de la sécurité routière » indique Nicaise Eloidin.

Les deux-roues particulièrement exposés

Parmi les actions décidées, « on a fait beaucoup d’opérations de prévention en 2020 dans les écoles malgré la crise Covid. Les scolaires sont en effet de très bons vecteurs de communication pour toucher les parents. Cette année des associations de jeunes et d’étudiants ont prévu de faire des vidéos sur les délits de fuite plus adaptables à Mayotte, car les vidéos de métropole qui mettent en scène l’autoroute sont peu adaptées à notre territoire ».

« Ce qu’on a fait aussi c’est que le préfet a dressé un courrier à chaque commune pour obtenir la désignation d’un référent sécurité routière dans le conseil municipale. 13 des 17 communes ont déjà répondu. Suivra une réunion de formation pour voir comment l’Etat avec les collectivités qui connaissent mieux leur territoire peuvent agir ensemble ». « On va essayer aussi de mettre en place le permis à 1€ pour certains jeunes » poursuit-elle.

Afin de renforcer ces actions, un appel à bénévolat a également été lancé par la préfecture. une vingtaine de candidats ont été retenus par la préfecture. Ils ont suivi ce mercredi une formation dans les locaux de la DEAL à Mtsapéré. Ces intervenant départementaux de sécurité routière (IDSR) ont pour rôle « de faire de l’information dans les écoles ou lors de manifestations culturelles ou autres ».

Les actions de prévention pourraient se tourner en priorité vers les deux-roues, dont les conducteurs représentent une majorité des victimes -sans être pour autant toujours les auteurs de l’infraction à la base de l’accident-.

Pour Nicaise Eloidin, de la préfecture, 4 morts « c’est déjà trop ». Elle vise le zéro décès

Des actions de contrôle notamment sont prévues à l’attention des conducteurs de deux-roues, principalement sur le port du casque, « car il faut qu’il soit bien attaché et homologué sinon il ne protège pas suffisamment. Les forces de l’ordre contrôlent aussi le port des gants » indique la responsable préfectorale.

La plupart des accidents mortels ont lieu aux heures de pointe, de 6h à 7h; de 12h à 15h; et de 18h à 19h. La majorité des tués le sont sur l’axe Koungou-Mamoudzou-Dembéni et ont en moyenne entre 25 et 34 ans.

« Les intervenants sécurité routière sont chargés de mettre en place ou d’accompagner des actions de sensibilisation pour le vivre-ensemble .L objectif est qu’il n y ait plus de décès sur la route » conclut Nicaise Eloidin.

Y.D.

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