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Pôle Emploi triple ses effectifs et mise sur la formation pour repousser le chômage à Mayotte

La toute jeune direction régionale de plein exercice de Pôle Emploi Mayotte ne cache pas ses ambitions. Face à un chômage endémique, elle mise sur la formation professionnelle. Le nouveau directeur compte renforcer les recettes coconstruites avec son prédécesseur et leurs partenaires et qui portent des fruits depuis près de deux ans.

Alors qu’un nouveau directeur régional a pris ses fonctions dans un contexte fortement marqué par la crise sanitaire, le Pôle Emploi de Mayotte souhaite se remettre sur de bons rails pour continuer les travaux entrepris. Et les chantiers sont aussi nombreux qu’ambitieux.

Le JDM : Christian Saint-Etienne, vous succédez à Jean-Christophe Baklouti à la tête de Pôle Emploi Mayotte, qu’est ce qui vous a mené à cette affectation ?

« Je suis en fonction depuis le 1er juillet 2021, mais je suis arrivé à Mayotte le 1er avril 2019 pour travailler en tant que directeur des opérations auprès de M. Baklouti,
Cela s’inscrit dans la continuité, puisqu’on a construit ensemble les actions initiées. Notre mission de départ c’était de mettre en place la nouvelle direction régionale de Pôle Emploi Mayotte, puisque jusqu’en 2019 on avait une direction territoriale rattachée à La Réunion. Depuis mon arrivée, Pôle Emploi Mayotte est devenue une direction régionale de plein exercice, l’objectif était dès lors de développer les vrais services d’une direction régionale. »

Deux ans ont passé, où en êtes vous de cette transition ?

Christian Saint-Etienne, directeur régional de Pôle Emploi Mayotte

« Après deux ans et demi et une crise Covid, on a une direction régionale qui prend ses marques et développe ses services, notamment les services à distance. Nous avons développé le 3949 qui n’existait pas dans sa version complète. Il y a aussi le développement des compétences internes, nous avons recruté des conseillers, et tous les corps de métier pour renforcer nos capacités à développer des services sur le territoire. Nous avons aussi développé des partenariats avec les acteurs du PUIC (pacte ultramarin d’investissement dans les compétences NDLR) afin de mieux anticiper les compétences et les besoins du territoire, en étroite collaboration avec le conseil départemental, l’Etat, les organismes de formation et avec aussi le monde de l’entreprise puisqu’il y a parfois un déficit sur certains métiers. Il faut recueillir les besoins, les attentes, et mettre en place des formations qualifiantes pour répondre aux besoins. Ca a été le premier palier des chantiers que nous avons mis en place au cours de ces deux années. »

Quel est le bilan de ces premières années de formations ciblées, le retour à l’emploi est-il au rendez-vous ?

Jean-Christophe Baklouti, ancien directeur de Pôle Emploi est parti vers de nouvelles fonctions

« Nous sommes très attachés à ce qu’à l’issue des formations qualifiantes il y ait effectivement un retour à l’emploi. Fin 2019, puisque l’année 2020 est particulière, nous avions un taux de retour à l’emploi à l’issue des formations qui avoisinait les 35%, ce qui est énorme puisqu’en 2018 nous étions entre 19 et 20%. On voit donc une montée en puissance de l’efficacité des missions de formation, qui est du fait de l’ensemble des acteurs mobilisés.

Aujourd’hui le chiffre oscille entre 30 et 35% selon les mois (dans les 6 mois suivant la formation). Notre objectif, c’est d’atteindre les 40%. On verra en fin d’année si on tient les challenges.

Les affaires reprennent, de nombreuses actons de formation se remettent en place. Cette année notre objectif de formation est d’environ 1000 demandeurs d’emploi à former, c’est la première année où nous avons un tel objectif affiché.

Nous partageons avec nos partenaires cette idée que les actions de formation qualifiantes doivent déboucher sur des retours à l’emploi à court ou moyen terme. »

Quels sont les autres grands chantiers qui vous attendent à la tête de cette direction régionale ?

« C’est aussi développer la proximité, nous connaissons les difficultés qu’il y a à se déplacer, et elles sont encore plus fortes pour les demandeur d’emploi. On a deux biais : les services à distance pour ceux qui le peuvent, mais aussi la proximité physique par des conventions avec les mairies et les autres partenaires. A Combani et Petite Terre, nous sommes dans la maison France service. Mais nous travaillons aussi à la création d’une agence dans le centre et d’une antenne en Petite Terre.

Les grands projets, c’est donc la densification du réseau : nous sommes en phase finale de signature pour lancer les travaux d’une agence que nous allons créer dans le secteur de Combani, ça sera une agence de très grosse dimension. Deuxième gros chantier, ça sera en Petite Terre où il y a aussi une maison France service mais pas d’agence, nous sommes donc en quête de promoteurs et d’opportunités pour y avoir une agence de plein exercice. Ce sont des grands sujets qui seront à forte valeur ajoutée pour le territoire. Nous avons aussi comme enjeu important en cours depuis deux ans le développement des services, des partenariats et des mesures gouvernementales comme le plan de relance. »

De nouveaux services, de nouveaux locaux, Pôle emploi a aussi recruté pour faire face à ces défis…

« En effet la progression est très nette : nous étions une cinquantaine en 2019, et nous sommes désormais plus de 150 agents. C’est l’enjeu d’une région de plein exercice avec des ambitions fortes pour le territoire. Il faut maintenant former ces effectifs, le reste dépendra de l’évolution du chômage sur le territoire. On compte entre 13 et 15 000 demandeurs d’emplois inscrits*, on sait que d’autres besoins peuvent s’exprimer. Aujourd’hui l’enjeu pour nous c’est que ces effectifs puissent travailler dans de bonnes conditions pour répondre efficacement aux besoins des demandeurs d’emploi du territoire. Ca conditionne la qualité des relations que nous avons avec les demandeurs d’emploi.

Nous interrogeons régulièrement les DE et les entreprises, plus d’un sur deux est satisfait des services que nous apportons. Nous travaillons sur des actions de proximité, la qualité de l’accueil, on est très attachés au taux de satisfaction, on vise les 80%. Pour les entreprises on est déjàà plus de 80% de satisfaits. C’est un des taux les plus élevés de France. Aujourd’hui on est entre 75 et 80%, dans une situation un peu plus tendue mais ça reste très élevé.

On aura d’ailleurs des opérations au mois d’août avec le monde de l’entreprise. On essaye d’être le moins possible dans notre coin car c’est source d’inefficacité, il faut vraiment créer plus de concertation et d’échanges avec les acteurs, et ça marche plutôt bien. Toujours avec cette finalité d’accompagner au mieux les demandeurs d’emploi dans leurs difficultés. »

Propos recueillis par Y.D.

* Selon le dernier bilan dressé par Pôle Emploi, le nombre de chômeurs de catégorie A à Mayotte a diminué de 13,8% sur un an, malgré une hausse de 286 chômeurs au cours du dernier trimestre. Toutes catégories confondues, le chômage recule de 4,8% sur un an à Mayotte, soit un recul plus important que la moyenne nationale. « En France (y compris Drom), ce nombre baisse de 0,5 % sur un trimestre (–2,1 % sur un an) » indique Pôle Emploi.

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