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Apprendre à se parler pour faire avancer Mayotte

Tous les secteurs économiques de Mayotte vont devoir rédiger et signer leur convention collective. Un chantier immense préparé par la DIECCTE qui organisait un séminaire sur le dialogue social.

Le chantier des conventions collectives est lancé
Le chantier des conventions collectives est lancé

«Un point de départ». Voilà le qualificatif choisi par Jacques Witokwski, le préfet de Mayotte, pour ouvrir les deux jours de séminaire sur le dialogue social organisé par la DIECCTE*, vendredi et samedi. Comprendre les techniques pour faire aboutir une négociation et donner des clés pour éviter les conflits sociaux, l’idée était d’initier les participants à un dialogue réussi entre salariés et chefs d’entreprise. Et l’enjeu est crucial pour Mayotte.

Dans les mois et les années à venir, les acteurs de l’ensemble de l’économie mahoraise vont être appelés à se parler pour rédiger les conventions collectives applicables dans notre département. Ces textes réglementaires sont essentiels car en France, tous les contrats de travail doivent se référer à une convention collective qui définit les statuts et les rémunérations des employés.

Le contenu de ces conventions qui sera signé va définir à quel rythme les entreprises mahoraises vont entrer dans le droit commun. Une question cruciale car les choix peuvent être «déstructurants» pour Mayotte, «l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs», prévenait le préfet.

Trois conventions collectives signées

Les principaux signataires de la convention collective du BTP qui ont avancé sous le parrainage de la DIECCTE
Les principaux signataires de la convention collective du BTP qui ont avancé sous le parrainage de la DIECCTE

Il existe 354 conventions collectives en Métropole. Bien entendu toutes ne vont pas être transposées à Mayotte, les secteurs d’activité ne sont pas tous présents dans notre département. Il n’y aurait par exemple aucun participant du secteur de la pétrochimie. On sait aussi que dans l’Hexagone, de nombreuses activités sont appelées à se rapprocher pour n’avoir, au final, qu’une centaine de conventions collectives… Ce qui en laisse tout même beaucoup à rédiger puis à signer à Mayotte car à l’heure actuelle, on n’en compte que trois.

EDM a signé la sienne, comme le secteur des produits pétroliers. Celle du BTP, paraphée le 4 juin dernier, est davantage exemplaire car elle implique un nombre beaucoup plus grand d’entreprise. Les choses sont allées très vite depuis le début des discussions le 7 février. Les grandes entreprises du secteur avaient préparé un texte ce qui a obligé les plus petites à rédiger le leur. «Les artisans ont passé des nuits sur la question», a confié Saïd Mohamed, de la CAPEB* 976, la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment. «On a beaucoup bossé et ça n’a pas été facile car d’un côté, les salariés voulaient les mêmes droits qu’en Métropole mais de l’autre les entreprises n’ont pas les mêmes moyens.» Avec ces deux documents, les négociations ont avancé très rapidement.

Faire en sorte que tout le monde comprenne

La convention collective des ouvriers du bâtiment et des travaux public signé par tous à l'execption de la CGT Ma
La convention collective des ouvriers du bâtiment et des travaux public signée par tous à l’exception de la CGT Ma

Un des enseignements de ce travail est la nécessité de rendre accessible, en Français et en langue mahoraise, les textes et les enjeux pour que tout le monde se sente impliqué et comprenne clairement ce qui se négocie. Tous les syndicats à l’exception de la CGT Ma ont signé la convention à laquelle il ne manque plus que les grilles de salaires pour être complète.

Après le BTP, le secteur médico-social pourrait suivre, quelques grosses associations ont commencé à plancher sur la question. La DIECCTE souhaiterait également que l’hôtellerie-restauration qui vient de s’organiser en un GEMTour (groupement d’entreprises) embraye le pas. A l’heure actuelle, les discussions sont également entamées du côté de secteur du transport, comme s’en sont rendus compte les participants au séminaire, qui ont pu assister à des échanges entre la Cisma CFDT et des employeurs.

Les entreprises et les salariés mahorais ne partent pas de zéro. Ils peuvent s’appuyer sur les textes déjà applicables en Métropole. L’Europe va également permettre de les accompagner. 90 millions d’euros du FSE (Fonds social européen) vont être en grande partie dédiés à la formation aussi bien des salariés que des chefs d’entreprises pour tirer vers le haut le dialogue social et la qualité du tissu économique mahorais. C’est donc un immense chantier social qui est lancé.
RR
Le Journal de Mayotte

*DIECCTE : Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi

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