Le groupe de distribution mahorais a connu un invraisemblable enchaînement d’événements, avec manifestation de non-grévistes et fermeture des magasins. Les enseignes doivent rouvrir normalement ce samedi matin, mais sans garantie pour le reste de la journée.
De mémoire de salariés de la Sodifram, c’est la première fois que la direction appelait les magasins pour leur demander de cesser le travail. A 16 heures ce vendredi, le groupe décidait de la fermeture de l’ensemble de ses magasins sur Mamoudzou : Shopi Place mariage et Passamainty, Sodifram Kawéni et Hauts-Vallons, Sodicash Kaweni et Passamainty, HD, HD meubles, le magasin Top mode et les trois enseignes de la rue du commerce baissaient leur grille. «A cette heure-là, ce sont 2.000 clients par heure qui ne peuvent pas faire leur course», précisait un cadre du groupe.
C’est ensuite la manifestation la plus surprenante de l’année qu’organisait la société. Peu après 16 heures, un groupe de non-grévistes se dirige vers la préfecture de Mamoudzou pour en bloquer les accès. Parmi ces manifestants, des membres de la direction, des cadres et quelques salariés de la Sodifram qui voulaient faire valoir, en quelque sorte, leur droit à travailler. «Nous voulons faire à la préfecture ce que nous subissons nous-mêmes», expliquaient les manifestants, une exaspération qui est allée crescendo tout au long de la semaine.
Exaspération face à un blocage «illégal»
Depuis lundi, le groupe de distribution est confronté à un mouvement social déclenché par une quarantaine de grévistes de Force ouvrière qui bloque les camions de froid du groupe de distribution empêchant l’approvisionnement des magasins. Malgré la décision de justice prononcée jeudi matin et interdisant ce blocage, le barrage était encore maintenu ce vendredi par les grévistes. Comme nous l’indiquions hier, les rayons frais de certains magasins du groupe sont déjà complètement vides.
«Les magasins sont réquisitionnés dès qu’il y a le moindre problème sur l’île mais nous, quand on demande l’application d’une décision de justice, il n’y a plus personne», s’exaspérait un membre de la direction.
Face à la grille de la préfecture située à proximité de la Place Mariage, deux manifestants étaient brièvement embarquées par les forces de l’ordre pour rouvrir l’accès. Quelques heurts sans conséquences, avant qu’une délégation soit reçue longuement par le secrétaire général de la préfecture et le SGAR.
La tension ne retombe pas
Peu avant 19 heures, la délégation ressortait. Si elle a eu le sentiment d’avoir été écoutée, elle n’a pas obtenu l’assurance d’une intervention des forces de l’ordre pour dégager le barrage des grévistes. La direction de la Sodifram et la préfecture interprètent différemment l’ordonnance du tribunal quant à la possibilité d’employer la force pour lever le blocage.
Certains non-grévistes promettaient alors de remplacer les forces de l’ordre, quitte à aller à l’affrontement avec leurs collègues.
La tension est donc loin d’être retombée et au moment où, devant la préfecture, les manifestants non-grévistes recevaient leurs pizzas avant de rentrer chez eux, il était impossible de savoir quelle tournure allait prendre les événements.
Comité de crise
La direction de la Sodifram indiquait que l’ensemble des magasins allaient rouvrir aux heures normales ce samedi matin. Mais le groupe se réserve le droit de les refermer au cas où les consommateurs inquiets se rueraient dans les supermarchés pour faire des provisions. Pas question de mettre les salariés et les clients en danger.
Un «comité de crise» va également être mis en place dès ce samedi matin au siège du groupe. Il se donne le week-end pour travailler à différents scénarios. Dans le cas où les forces de l’ordre n’auraient pas dégagé le piquet de grève de FO avant la fin du week-end, ce comité doit décider si les magasins rouvriront à partir de lundi.
RR
Le Journal de Mayotte