Le Comité départemental du tourisme (CDTM) avait convié l’ensemble des équipes communales mercredi dernier pour parler de leur rôle dans l’amélioration de l’image de l’île. Certaines sont déjà passées à l’action.
C’était une réunion « prise de conscience » comme en avaient provoqué, avec leurs propres préoccupations, le vice-recteur, puis le préfet dans le cadre de l’après élections municipales.
Ce n’est malgré tout pas le premier appel du pied du Comité vers les élus municipaux, «en 2010 nous avions lancé la commune la plus fleurie et la plus accueillante en travaillant avec eux sur le Schéma de Développement touristique, puis en 2012 sur les Assises du Tourisme, mais sans véritable prise de conscience», déplore Michel Ahamed, directeur du CDTM.
Il est pourtant dans la compétence des élus communaux d’accueillir et d’informer les touristes, d’assurer la propreté et la sécurisation des sites, et d’aménager et de créer des structures d’hébergement. «Il sont la première pierre de l’édification de la politique touristique».
Il s’agissait donc de rappeler les prérogatives de chacun, et de présenter aux maires leurs interlocuteurs, eux qui reprochent souvent à l’Etat de ne pas assez les épauler en matière de sécurisation des sites dans le cadre de la politique de lutte contre l’immigration clandestine.
Chacun dans son coin… sans résultat
Outre le CDTM dont le président et le vice président étaient également présents, l’Etat était représenté à travers la Dieccte (direction du travail et de l’emploi), ainsi que la Chambre de Commerce et d’Industrie.
Autant d’acteurs, autant d’actions, et souvent sans aucune cohérence, chacun œuvrant dans son coin. Une situation que dénonce Abdou Dahalani, président du CESEM*, mais présent au titre de conseiller municipal de Bouéni, qui recentre le débat sur le CDTM, « le pilote qui doit tout coordonner ».
La propreté du territoire a été définie comme LE levier prioritaire, mais les multiples actions de pédagogie et de sensibilisation n’ont toujours pas prouvé leur efficacité. «Il faut dresser un état des lieux de l’ensemble des moyens proposés, agents départementaux, contrats d’insertion de l’Etat, actions des communes, et en évaluer l’impact. L’île de Nosy Be bénéficie par exemple de peu de moyens, et pourtant leurs plages sont propres», fait remarquer Abdou Dahalani.
Prémices
Pour l’élu, avant de demander davantage de moyens, il faut se demander s’ils sont bien utilisés, «avec ce qu’on a, on fait quoi?» Proposer des mesures simples, adaptées à chaque commune lui semble indispensable, «Bouéni va lancer un partenariat avec le CDTM lorsqu’il viendra nous voir».
La commune a déjà décidé de travailler avec quatre autres communes du sud, Chirongui, Kani-Kéli et Bandrélé, «en intégrant Sada par la suite». Mais l’état des finances préoccupe l’économiste, «nous sommes pauvres !»
Une première réunion qui ne se suffit déjà plus à elle-même, l’ensemble des maires aura besoin et demandent même un deuxième opus, « plus pragmatique ».
Justement, Michel Ahamed annonce la mise en place en juillet d’un calendrier de visite des 17 communes, «pour leur apporter une assistance technique sur leurs projets».
Un directeur partiellement heureux, « il manquait encore trop de communes, mais nous avons par contre découvert que trois étaient déjà très actives, Sada, Mtsamboro et Bandrélé ayant déjà mené une réflexion poussée sur le tourisme qui, il faut le rappeler, peut apporter une recette fiscale supplémentaire par le biais des impôts sur les sociétés ou de la taxe de séjour ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*CESEM : Conseil économique, social et environnemental de Mayotte