Les circonstances les avaient incités à faire connaissance précipitamment : c’est dans un climat à peine plus serein que lors de l’arrivée du préfet que les maires et Frédéric Veau se sont retrouvés ce mardi matin. Si l’heure n’était plus aux « décasages » en cascades et à l’arrivée massive de leurs occupants place de la République, la situation reste néanmoins tendue.
Tout d’abord parce que le sort des « décasés » de la République n’est toujours pas réglé, mais aussi parce que Mayotte reste un département où 40% de la population est en situation irrégulière. Les maires ont donc besoin d’être entendus sur leurs inquiétudes. Et Frédéric Veau, de recentrer la lutte contre l’immigration clandestine du côté de l’Etat.
Et ils l’ont bien sûr été, écoutés, sur un sujet qui ne peut que sceller une entente avec le préfet : le durcissement de la politique de lutte d’immigration clandestine. « Nous avons de nouveau trouvé une écoute attentive, mais surtout constructive. C’est un vrai plaisir de se rendre en préfecture pour ces réunions », rapporte la maire socialiste de Chirongui Roukia Lahadji. La plupart des mairies étaient représentées, et sept maires s’étaient déplacés.
Un référent communal pour vérification des adresses
A l’image du maire de Tsingoni qui avait fait paraître le 27 mai dernier une note sévère à ses administrés, rappelant les sanctions pénales en matière d’hébergement d’un étranger en situation irrégulière, les maires ont demandé qu’en préfecture soit examiné de prés les attestation d’hébergement, « et que les délivrances de titres de séjour se fassent de manière rigoureuse, avec vérification des attestations d’hébergement. »
Pour y parvenir, Frédéric Veau a demandé un cadre de travail rigoureux avec les maires : « Un référent communal va être nommé par chaque commune, pour travailler sur les vérifications d’adresses avec la préfecture », se réjouit Roukia Lahadji.
Sur le plan des reconduites, le Maria Galanta ne chôme pas selon la maire : « Le préfet nous a indiqué que chaque jour environ un quart des 200 passagers sont des départs volontaires de l’île. »
Les ghettos foyers de délinquance
Le sort des « décasés » de la République, est un sujet qui fâche et qui n’a pas été abordé, l’ensemble des élus étant convaincu du caractère orienté de leur présence, « il y a des responsables qui les manipulent en leur promettant des logements que Mayotte ne possède pas. » Le préfet en matinée sur Mayotte 1ère la radio, avait confirmé que les « décasés » n’étaient pas prioritaires sur l’accès au logement, d’autres habitants étant déjà en attente.
Roukia Lahadji s’est faite la porte-parole des commerçants du marché qui lui ont confié leur ras-le-bol : « la présence des ‘décasés’ nuirait à leur chiffre d’affaire qui connaît habituellement un pic en période de Ramadan. »
Si l’immigration clandestine a concentré la plupart des préoccupations, les faits de délinquance ont malgré tout été abordés, notamment par Bacar Ali Boto, le 1er adjoint au maire de Mamoudzou : « Il a expliqué que la plupart des opérations menées par les délinquants était préparée dans des zones bien précises, des ‘ghettos’ qui abritent des réseaux qu’il faudrait démanteler. »
Il y aurait une volonté manifeste de pérenniser les échanges, selon la maire de Chirongui, qui voit même plus loin : « Si au début l’émotion a un peu parasité le débat, nous pourrions être amenés à proposer de réels axes de travail par la suite. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte