Chido, un an après : vers une culture du risque à Mayotte

Deux événements majeurs ont été présentés ce mercredi par le Département : une matinée commémorative et un colloque scientifique international pour tirer les enseignements du cyclone Chido et poser les bases d’un territoire plus résilient.

À quelques jours des un an du cyclone Chido, le Conseil Départemental de Mayotte veut marquer un tournant. Une conférence de presse a été organisé pour dévoiler deux rendez-vous autour de la catastrophe, qui avait frappé l’île en décembre 2024. L’idée est de ne plus seulement se souvenir, mais surtout d’analyser et d’anticiper.

La première étape se tiendra le 12 décembre prochain, lors d’une matinée de commémoration pilotée par la Direction de la culture, du livre et du patrimoine, en partenariat avec le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement (CCEEM). « On va mettre en avant la culture locale, les artistes, les écrivains, mais aussi accueillir des classes pour parler du cyclone autrement », nous a expliqué Madi Vitta, président du CCEEM. L’événement se veut ancré dans le vécu, mais également tourné vers l’apprentissage.

Un colloque pour poser des bases durables

Thomas M’Saïdie va mener le colloque.

Dans la foulée, les 15 et 16 décembre, il y aura un colloque international coordonné par Thomas M’Saïdié, maître de conférences HDR (Habilitation à diriger des Recherches) en droit public. Des universitaires venus de Mayotte, de l’Hexagone, d’Europe et d’autres territoires ultramarins y interviendront. L’enjeu sera de comprendre ce que Chido a révélé et proposer des réponses concrètes. « On ne fait pas le bilan de la reconstruction », a insisté M. M’Saïdié. « Ce n’est pas le sujet. Il s’agit d’identifier les fragilités et de dire en toute indépendance ce qui doit changer ». Le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, a rappelé à maintes reprises que l’impact de Chido n’avait pas été anticipé par la population. « Beaucoup ne pensaient pas que ça pouvait arriver ici. On croyait être protégés par Madagascar ou le continent africain », a-reconnu le président. Selon lui, le risque n’a pas été pris au sérieux : « Aujourd’hui, il faut corriger ça. Les bons réflexes doivent devenir automatiques ».

Le colloque s’intéressera autant à l’organisation des secours qu’à l’évolution des normes de construction, aux dispositifs scolaires ou aux capacités techniques des services publics. La comparaison avec La Réunion revient plusieurs fois : un territoire déjà habitué aux alertes cycloniques et où la culture du risque fait partie du quotidien et pour cela il est prévu la venue de la directrice du SDIS de La Réunion. L’objectif de fin est d’arriver à un document de référence pour Mayotte, utilisable par les collectivités, les écoles, les entreprises et les habitants. La production normative qui a suivi le cyclone sera également passée au crible : loi d’urgence de février 2025, loi de programmation d’août 2025, l’évolution statutaire. Une inflation législative : « jamais vue sur un territoire français », a souligné le conférencier Thomas M’Saïdié, qui prévoit la publication d’un ouvrage collectif à l’issue du colloque.

« Reconstruire oui, mais autrement », Ben Issa Ousseni.

Pour le Département, la démarche commune a une portée symbolique : assumer ce qui s’est passé tout en préparant ce qui pourrait arriver. L’île a connu une sécheresse exceptionnelle, des secousses sismiques, puis un cyclone majeur. L’idée est simple : arrêter de réagir après-coup. « Reconstruire oui, mais autrement », a résumé Ben Issa Ousseni, président du Conseil Départemental.

Shanyce MATHIAS ALI.

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