« On se devait de poursuivre notre mission pour Mayotte », malgré Chido, un bilan positif pour le RSMA

Malgré un début d’année difficile marqué par le cyclone Chido, le RSMA a atteint son objectif en recrutant 820 jeunes, dont 75 % ont été insérés à l’issue de leur formation. Le 13 décembre, la première édition du marché de Noël a pour ambition de clore ces mois intenses sur une note fédératrice et conviviale.

Il y a presque un an, le 11 décembre 2024, Météo France déclenche la pré-alerte cyclonique alors que le système dépressionnaire Chido se trouve à 1.460 kilomètres au nord-est de Mayotte. À ce moment-là, personne n’imagine que le territoire s’apprête à vivre l’une des pires catastrophes naturelles jamais subies sur un territoire français. À Combani, au sein du Régiment du Service Militaire Adapté (RSMA), l’arrivée du cyclone tropical est suivie de très près. Deux jours plus tard, le passage successif en alerte orange à 7 h puis en alerte rouge confirme l’imminence du danger. Réquisitionné par les forces armées pour mobiliser une compagnie d’intervention prête à répondre à l’urgence, le RSMA passe immédiatement en ordre de bataille, délaissant temporairement sa mission principale.

Le colonel Benjamin Soubra le chef de corps du RSMA de Mayotte.

Près d’un an après ces événements, le vendredi 5 décembre 2025 au matin, le colonel Benjamin Soubra, commandant du RSMA, a souhaité revenir sur cette mobilisation express. Il tient à en rappeler l’efficacité, mais surtout à montrer que, malgré la crise, le régiment est parvenu à reprendre son fonctionnement habituel et à remplir pleinement son rôle essentiel : former et insérer les jeunes volontaires.

Un régiment pleinement mobilisé pour répondre à l’urgence

« Le début de l’année a été un véritable choc pour nous, entre le cyclone Chido et la tempête Dikeledi. Le RSMA a été mobilisé dès les premières heures aux côtés des forces armées. Nous sommes intervenus pour aider la population, faire de la reconnaissance d’axes, de la prise de contact avec les communes, des opérations de nettoyage, de la distribution d’eau et des produits de première nécessité », raconte-t-il, en se replongeant dans le moment.

Centre équestre, Hajangoua, musada, Chido, chevaux, Mayotte
Les volontaires stagiaires du RSMA ont été déployés à travers l’île pour aider après le cyclone.

« Une partie des jeunes est rentrée chez elle, l’autre a été intégrée à la compagnie d’intervention. Durant les 48 heures suivant le cyclone, ils ont aidé à rouvrir les premiers itinéraires autour du régiment. Deux jours plus tard, je les ai répartis selon leurs communes d’origine, afin qu’ils puissent retrouver leurs familles, se rassurer et faire remonter les besoins sur place. Cette organisation a été un vrai atout : beaucoup n’avaient aucune nouvelle de leurs proches. Ils sont restés parce qu’ils sont soldats, mais ils avaient besoin de rentrer chez eux. Cela leur a permis de nous aider tout en retrouvant un peu de sérénité ».

« De notre côté, nous voulions reprendre au plus vite notre mission principale. Le 6 janvier, alors que les réseaux téléphoniques n’étaient pas encore totalement rétablis, nous avons parcouru Mayotte pour prendre des nouvelles des candidats à nos formations et leur indiquer de venir le 13 janvier. Malheureusement, cette reprise a coïncidé avec la tempête Dikeledi », poursuit le colonel. « Mais malgré l’alerte rouge, les jeunes étaient présents au portail du régiment. Nous les avons abrités et, une fois la tempête passée, nous avons lancé les formations. Leur présence, malgré les risques, a été un véritable signe de résilience. On se devait de poursuivre notre mission au profit de Mayotte ».

70% des jeunes insérés de « manière durable »

RSMA, fibre, Mayotte THD, formation.
Le RSMA mise beaucoup sur sa formation fibre, un secteur porteur dans ce contexte de reconstruction.

Suite à cette remobilisation rapide, le RSMA a réussi a recruter 820 jeunes cette année, soit 630 volontaires stagiaires et 190 volontaires techniciens, comme c’était prévu initialement avant Chido. « On estime que 3 jeunes sur 4 ont été insérés à l’issue de leur formation, dont 70 % de manière durable. C’est une réelle satisfaction. Nous avons également atteint nos objectifs de féminisation, avec 30 % de volontaires féminines ».

Avec ses 22 formations professionnelles dans le bâtiment, les services, la logistique, la restauration ou le commerce, le RSMA offre un large choix aux volontaires souhaitant se former et trouver un emploi. La reconstruction après le cyclone a révélé les besoins du territoire dans de nombreux secteurs, et les investissements en cours et à venir, notamment la modernisation des infrastructures comme le déploiement du réseau fibre, ouvrent de nouvelles opportunités. Dans ce cadre, le RSMA a signé en août un partenariat avec Mayotte THD, l’opérateur chargé d’installer la fibre sur l’ensemble du territoire, pour proposer une formation qualifiante.

« Aujourd’hui nous sommes en train de réfléchir à créer des formations autour des métiers de l’économie verte et de l’économie bleue, ce sont les seules qui nous manquent. Mais on est avant tout un organisme d’insertion pas de formation. C’est-à-dire que nous suivons les secteurs qui recrutent, qui sont porteurs, et qui insèrent les jeunes dès à présent », relève Benjamin Soubra.

« Nous proposons également tout au long de l’année de la formation comportementale, avec le soutien des aides médico-psychologiques, de médecins psychologues et d’assistantes sociales, pour aider nos jeunes à adopter des comportements citoyens et à mettre des mots sur leur parcours de vie, souvent très compliqué », ajoute-t-il. « Le 11 décembre nous organisons une journée interne de sensibilisation aux différentes formes de violence en partenariat avec une douzaine d’associations et d’organismes extérieurs qui nous aident à aborder des sujets sur lesquels les jeunes ne sont pas toujours éduqués ».

Un rôle fédérateur

RSMA
La fresque à l’entrée du régiment.

Malgré une année mouvementée, et au-delà de sa mission de formation et d’insertion, le RSMA a réussi à rassembler la population et à jouer un rôle fédérateur. Les journées portes-ouvertes, ponctuées du concert de Zily, en mai dernier, ont attiré plus de 18.000 personnes dans une ambiance festive, marquant « la relance de Mayotte« , estime le colonel. Pour poursuivre sur cette lancée, le RSMA organise ce samedi 13 décembre, de 9 h à 16 h sa première édition du marché de Noël avec une quarantaine d’artisans, restaurateurs, et prestataires de jeux, installés au sein du régiment. « Ce sera un moment convivial et festif pour les habitants de Mayotte », espère Benjamin Soubra, un rendez-vous d’autant plus bienvenu à la veille du premier anniversaire du passage du cyclone.

Victor Diwisch

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