Dans un communiqué, les déléguées des parents d’élèves des écoles maternelle et primaire du village de Mzouazia, dans la commune de Bouéni, déplorent les conditions d’accueil de leurs enfants qu’ils jugent « indignes ».

« Depuis plusieurs mois, les parents d’élèves alertent la municipalité, l’Académie et les services de l’État sur la situation alarmante dans laquelle se trouvent les écoles maternelle et primaire. Malgré de nombreuses démarches, réunions et relances, les conditions d’enseignement restent extrêmement dégradées et continuent de mettre en danger la santé, la sécurité et la scolarité des enfants », écrivent-ils.
Une succession d’alertes restées sans « réponses concrètes »
Mais la situation ne date pas de ces derniers mois, les parents annoncent avoir exprimé, dès le mois de février, « leur profond ras-le-bol à travers une journée morte symbolique », durant laquelle aucun enfant n’a été envoyé à l’école, afin de dénoncer les conditions d’accueil « indignes ». Les parents déploraient principalement l’insuffisance de salles de classe, la surpopulation, et des conditions d’apprentissage dégradées. Sans « réponses », ils ont décidé de relancer la mobilisation durant ce mois de novembre.
« À ces difficultés s’est ajoutée une décision incompréhensible de l’académie, la création d’une salle de classe pour 8 nouveaux arrivants, installée dans la cour de l’école primaire », se désolent les parents d’élèves. « Huit élèves, venus d’on ne sait où, sont ainsi regroupés dans un espace improvisé, où l’on tente de leur fournir un niveau équivalent à celui de la maternelle. Cette solution précaire ne répond ni aux besoins des enfants, ni aux normes éducatives minimales ».

Les parents pointent également une série de dysfonctionnements qui dégradent encore davantage les conditions de scolarisation. À la maternelle, l’école n’étant pas reliée au réseau principal, la pompe alimentant la cuve d’eau « tombe régulièrement en panne », provoquant des renvois d’élèves plusieurs fois par semaine et empêchant les enfants d’effectuer leurs 24 heures de classe. « Malgré une solution simple proposée par les familles, à savoir maintenir l’eau ouverte dans le quartier durant les cours, aucune réponse n’a été apportée ».
Ils dénoncent aussi le choix d’avoir transformé le réfectoire en salle de classe, ce qui oblige les enfants à manger sous un préau, tandis que « les repas en liaison froide sont facturés comme des repas chauds », sans aucun contrôle des livraisons. Les collations, jugées trop sucrées, et l’absence totale de transparence sur les tarifs ou le règlement du service renforcent leur sentiment d’abandon.
Selon eux, le périscolaire souffre d’un encadrement très insuffisant, en contradiction avec la réglementation avec une animatrice pour 66 élèves, deux pour près de 290 enfants, et une pause méridienne de trois heures laissant de nombreux élèves « livrés à eux-mêmes et épuisés à la reprise des cours ».

Ils regrettent la chaleur excessive des salles de classe, des faux plafonds non remis depuis le cyclone Chido, des câbles électriques apparents, des sanitaires en nombre insuffisant et un mobilier vétuste provoquant chutes et maux de dos. Les parents rappellent aussi que la municipalité n’a fourni aucun matériel scolaire depuis 2020, obligeant les enseignants à acheter eux-mêmes les fournitures. Autant de manquements qui, selon eux, illustrent la dégradation continue des écoles.
Enfin, la bibliothèque a, selon les parents, « été détournée de sa vocation première pour être transformée en bureau d’inspection », une décision prise « sans concertations », qui « prive les élèves d’un outil éducatif fondamental ».
« Nous dénonçons fermement les choix faits conjointement par la municipalité et l’Académie. Nous demandons une réponse écrite et datée de la mairie et de l’Académie sur l’ensemble des points soulevés, ainsi que la mise en œuvre immédiate des mesures d’urgence ».
Les pistes de solutions évoquées par les parents
Pour remédier à ces dysfonctionnements, les parents demandent un aménagement temporaire du temps scolaire à raison de 24 h, du lundi à jeudi de 7 h à 12 h et le vendredi de 7 h à 11 h. « Cet aménagement est légal, possible et justifié par les conditions locales d’enseignement ».

Ils réclament également aussi des « actions structurelles à engager sans délais », à savoir, le rétablissement du statut complet de l’école maternelle et la reconstruction de salles pour accueillir les grandes sections ; la restauration du réfectoire et l’amélioration de la qualité des repas ; la rénovation urgente des locaux (mobilier, hygiène, ventilation) ; le respect obligatoire des normes périscolaires ; « une enquête de l’État sur les hébergements frauduleux causant la surpopulation » ; la livraison des fournitures scolaires et la réduction de la pause méridienne.
Contacté, le Rectorat indique avoir pris connaissance des signalements des parents d’élèves mais que ces éléments « relèvent de la mairie ».


