À Mayotte, Tanchiki Maoré met Minnie et Mickey sur la route de la paix sociale

Avec son bus rose et deux mascottes Disney, l’entrepreneur mahorais veut offrir de la magie aux enfants et de l’espoir à une jeunesse fragilisée.

Gérant de Maoré Assainissement Propreté (MAP) et de l’hôtel Trévani, Tanchiki Maoré poursuit un même combat : créer de l’emploi, offrir des repères et retisser la paix sociale. Pour les fêtes, il a lancé une tournée inédite : Minnie et Mickey sillonnent l’île pour aller à la rencontre des enfants, jusque dans les zones les plus enclavées.

Un entrepreneur qui refuse de tourner le dos à la jeunesse

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« Il m’arrive même parfois de prendre dans mes propres ressources financières pour soutenir la formation de certains jeunes, afin de leur offrir les moyens de s’épanouir et d’accéder à l’emploi », a confié Tanchiki Maoré.

À Mayotte, son nom revient souvent lorsqu’on parle d’insertion ou d’initiatives locales. Tanchiki Maoré dirige une société d’assainissement et un hôtel, mais il se présente d’abord comme un homme qui « depuis seize ans se bat pour la paix sociale et la jeunesse de Mayotte ».

Pour lui, pas besoin de grands discours, seulement une conviction : « On a une jeunesse défavorisée, donc j’essaye de faire ce que je peux pour accompagner et aider ». Très tôt, il s’investit auprès des adolescents du voisinage, d’abord ceux de 15 à 20 ans, puis de jeunes adultes en quête d’un emploi.

« Créer de l’emploi, c’est le vrai médicament de la paix sociale », insiste-t-il. Il raconte avoir financé des formations « de sa poche » pour donner une chance à ceux qui n’en avaient aucune. Il le dit simplement : « Je n’oublie pas d’où je viens. Je veux donner du rêve et de l’espoir… mais du rêve concret ». Un engagement patient, têtu, souvent solitaire.

Minnie, Mickey et le bus Rose : une tournée pour guérir par des sourires

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Le bus rose de Mayotte : au-delà du divertissement, une initiative pour apporter courage et réconfort aux enfants malades et défavorisés.

L’initiative a surpris, puis enthousiasmé. Depuis quelques jours, un bus rose traverse Mayotte avec à son bord… Minnie et Mickey, qui débarquent dans les écoles, les centres spécialisés ou certains quartiers très défavorisés. « C’est parti d’une idée de deux jeunes filles de Dzoumogné », raconte Tanchiki. « J’ai signé un partenariat avec MAYMascotte, parce que 2024 a été catastrophique, et qu’on avait besoin d’apporter un peu de lumière ». 

La tournée a commencé le 15 novembre et courra jusqu’au 28 décembre 2025. Objectif : 90 % des écoles et des structures de l’île. Les mascottes dansent, jouent, posent pour des photos. Dans le bus, des sacs de doudous attendent les enfants malades. « Je veux qu’ils aient le courage de guérir », dit-il.

Et pour ceux qui vivent dans des zones isolées, c’est le bus qui se déplace jusqu’à eux. « Certains enfants n’ont pas les moyens d’aller à Disney, d’autres n’ont même pas les papiers pour quitter l’île. Alors je me suis dit : on va leur offrir leur photo de Disneyland à Mayotte dont ils se souviendront toute leur vie ».

Tout est déjà planifié : l’école maternelle de Bambo, le centre de Nayma, le CHM, Dembéni… Jusqu’à la grande cérémonie de clôture à l’hôtel de Trévani, le 28 décembre, où les participants seront réunis une dernière fois. « Les écoles nous appellent spontanément maintenant. On a un numéro commun, un agenda, et on enchaîne », dit-il en souriant.

« La paix sociale, c’est l’affaire de tous »

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Lancement de la tournée à Trévani : les jeunes initiateurs du projet ont célébré le démarrage du dispositif.

Derrière l’événement festif, Tanchiki porte une inquiétude plus profonde. Mayotte traverse une crise sociale, sécuritaire et économique qui abîme l’île et son avenir. « Ce qui me tient à cœur, c’est la paix sociale, le climat social. Il faut qu’on soit ensemble, soudés, solidaires », plaide-t-il.

Son message vise autant les institutions que les habitants. « Si on ne s’occupe pas de la jeunesse, elle va grandir sans repères. Et ensuite, elle sera tentée de nous voler ou de nous agresser. C’est à nous de lui donner des clés, pour qu’elle grandisse avec un esprit positif ».

À travers un bus rose et deux mascottes géantes, il tente d’ouvrir une brèche contre la fatalité. D’offrir quelques minutes de joie à des enfants qui n’en ont pas souvent l’occasion. Et peut-être, au passage, de réparer quelque chose de plus grand : le lien entre une île et sa jeunesse.

Mathilde Hangard

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