Human Rights Watch a interviewé plus de 40 enfants, ainsi que des parents, des représentants des autorités, des enseignants, des universitaires et des membres d’associations locales qui apportent du soutien aux enfants. Dans son rapport de 77 pages, intitulé : « Une exception néfaste : les manquements persistants de la France au droit à l’éducation à Mayotte », l’ONG constate que « de nombreuses communes imposent des obstacles importants et arbitraires à l’inscription scolaire, notamment en exigeant des documents non prévus par la loi. Les enfants scolarisés se retrouvent souvent dans des écoles surpeuplées ne disposant pas des équipements nécessaires pour répondre à leurs besoins fondamentaux, notamment l’accès à l’eau potable, à des installations sanitaires, à une alimentation adéquate et à un environnement d’apprentissage sûr. Les enfants vivant dans des bidonvilles ainsi que ceux issus de familles migrantes sont particulièrement affectés ».
« Mayotte affiche les pires résultats scolaires de France »
Pour Elvire Fondacci, chargée de plaidoyer à Human Rights Watch, « Il est choquant que des milliers d’enfants à Mayotte soient privés d’école, et que ceux qui y accèdent soient confrontés à des conditions d’apprentissage indignes. Tous les enfants de Mayotte devraient pouvoir exercer leur droit à l’éducation sur un pied d’égalité avec les enfants du reste de la France », souligne-t-elle.
Par ailleurs, loi française qui rend l’éducation obligatoire jusqu’à 16 ans « doit être accessible à tous les enfants présents sur le territoire français ». Aussi dans son rapport, Human Rights Watch fait référence à une étude réalisée en 2023 par l’Université Paris Nanterre révélant que « près de 9 % des enfants en âge d’être scolarisés à Mayotte, soit environ 9.000 enfants, ne l’étaient pas ».
« Mayotte affiche les pires résultats scolaires de France. L’enseignement est souvent mal adapté pour la plupart des élèves dont le français est une seconde langue (…) Le sous-développement de Mayotte et les disparités socio-économiques qui en résultent reflètent l’incapacité de la France à faire face aux conséquences de son héritage colonial (…) La France a l’obligation de répondre aux besoins fondamentaux de toutes les personnes présentes sur son territoire, et de garantir le droit à l’éducation pour tous les enfants sans discrimination », indique le rapport.
Elvire Fondacci insiste sur le fait que « Le gouvernement français devrait agir de toute urgence pour que chaque enfant à Mayotte puisse aller à l’école à temps plein, dans des conditions dignes, avec un accès à la nourriture, à l’eau et à la sécurité ».



