Trois jours pour valoriser les biodéchets : le MAD révélateur des initiatives locales et durables

Le bar Le 5/5, à Mamoudzou, a accueilli ce jeudi 6 novembre la dernière étape de "Mayotte Acteur de son Développement" (MAD), clôturant trois jours de débats et d’ateliers consacrés à la valorisation des biodéchets. Entre conférences, échanges et concours d’initiatives locales, l’événement a permis de présenter des projets concrets visant à transformer les déchets organiques en ressources et à structurer de nouvelles filières.

Le bar Le 5/5, à Mamoudzou, a accueilli jeudi 6 novembre la dernière étape de l’événement Mayotte Acteur de son Développement (MAD), concluant trois jours de discussions consacrés à la valorisation des biodéchets sur l’île. Organisée par l’ADIM, en partenariat avec le Conseil départemental, la CADEMA et le SIDEVAM, cette 6ᵉ édition a permis de faire le point sur les pratiques locales de traitement des déchets organiques et d’explorer des pistes d’amélioration.

Un concours pour clôturer un format inédit

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Pour la première année le MAD se tient sur 3 jours sur une thématique particulière afin de trouver des solutions concrètes pour le territoire.

Pendant ces trois jours, conférences, ateliers et rencontres ont permis aux collectivités, entreprises, associations et habitants de partager leurs expériences et d’échanger sur des solutions concrètes, alors qu’aucune filière de revalorisation n’est encore opérationnelle à Mayotte. Mardi, les MAD Talks au Campus Connecté de Hajangua ont réuni chercheurs, associations, acteurs publics et entrepreneurs autour de la question : « Comment accompagner et valoriser les biodéchets auprès des usagers pour un territoire plus résilient ? ». Mercredi, les villages des solutions et le MAD Challenge ont mis en avant des initiatives locales et sensibilisé le public à l’entrepreneuriat et aux acteurs du territoire.

Tout au long de cette édition, sept porteurs de projets – entreprises, associations et citoyens – ont tenté de répondre à la thématique du MAD en proposant des projets concrets dans le cadre du concours MAD Hackathon. Accompagnés pendant trois jours par la CCI, la CRES, la DGE et le cabinet Beltram Consult pour perfectionner leurs idées, renforcer la viabilité de leurs projets et mieux comprendre les enjeux du territoire, ils ont présenté, ce jeudi soir, leurs initiatives devant un jury composé de représentants de l’ADIM, du Département, de la CADEMA, du SIDEVAM, de la CCI et de la CRES.

Compostage, Vermicompostage, valorisation des huiles alimentaires…

Mayotte, association Messo, compostage,
Le compost reste une des solutions les plus courantes pour réutiliser les biodéchets, encore faut-il disposer d’un bac et savoir quoi y mettre… (photo d’illustration).

Parmi les candidats, Bikou Angatahi, président et directeur général de la structure économique et solidaire Bwéni Wulanga, défend son projet « Bweni Composté » qui a pour objectif dans un premier temps de sensibiliser la population au tri et au recyclage, puis dans un second temps de créer des sites de composts à travers Mayotte. « On constate qu’entre 45 et 75 % des déchets dans notre bac de compost test à Bouéni ne sont pas recyclables, il reste du travail à faire et c’est pour cela qu’on souhaite se faire connaître davantage notamment auprès des acteurs économiques pour pouvoir augmenter la sensibilisation », explique-t-il.

Attoumani Mohamed Soighir, défend de son côté son projet d’application mobile qu’il souhaite créer afin d’encourager les gens à faire du recyclage, mais aussi à participer au traitement des déchets en signalant directement les dépôts sauvages et s’inscrire à des collectes. « Les personnes seront recompensées par des bio-points qui permettront d’obtenir des avantages chez des partenaires », souligne celui qui a déjà lancé une application Securidem, qui vise à prévenir la délinquance, et qui compte jouer sur cette expérience dans le domaine.

Autre candidat, Ben Soultoini, a décidé de valoriser les huiles alimentaires pour en faire du biocarburant avec son entreprise Bioengineering. « A Mayotte les huiles alimentaires ne sont pas du tout récoltées, tout est mélangé avec les biodéchets, et cela ne permet pas un bon compostage. Les professionnels des traitements des déchets sont dans l’obligation de récupérer les huiles alimentaires mais à Mayotte ce n’est pas le cas, la place est là il est temps de structurer la filière », insiste-t-il. Son projet prévoit également une série de formations des agents du tri mais aussi des mécaniciens afin de modifier les moteurs diesel pour qu’ils puissent absorber les biocarburants.

Manuel Valls, déchets, Chido, visite officielle, SIDEVAM, Chanoor Cassam
30% des déchets récoltés par le SIDEVAM sont des biodéchets qui pourraient être réutilisés en amont.

Enfin, Benoit Bragoni souhaite créer une ferme pédagogique « Zao Zima » de valorisation des biodéchets via le vermicompostage, à savoir le compostage des déchets par des verres endémiques de Mayotte ainsi que la mouche « soldat noire » pour en faire à terme une gamme d’engrais performante. « C’est quelque chose qui existe et fonctionne déjà au Kenya. Ce qui est super c’est que la ferme apporterait une solution globale de valorisation mais elle serait aussi autosuffisante et produirait des ressources alimentaires. L’idée est de faire en sorte que le déchet devienne une ressource, la solution est sous nos pieds ». 

Le projet vainqueur bénéficiera d’un accompagnement technique et du soutien d’experts pour expérimenter sa solution sur le territoire de la CADEMA, avec la possibilité d’une extension à l’échelle départementale. « Avec ce concours on souhaite que tout Mayotte sache que des solutions existent pour les biodéchets, afin que les acteurs puissent se greffer sur ces projets et les voir réellement se déployer sur le territoire », explique Kaouthara Abdou Soilihi, responsable du pôle entreprise et développement économique à l’ADIM.

« Valoriser les biodéchets est quelque chose d’important, car ça pèse lourdement sur nos équipes lors du travail de collecte au jour le jour. 30% des déchets récoltés par nos équipes sont des biodéchets qu’on pourrait réutiliser en amont », insiste Mohamed Bacar, directeur de cabinet du SIDEVAM. « Ce concours tombe à pic pour mettre toutes ces solutions en commun ».

Victor Diwisch

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