Favoriser l’insertion professionnelle en donnant une seconde vie aux containers, le pari de La Varappe à Dzoumogné

À Dzoumogné, douze jeunes se forment depuis le 15 septembre au sein de La Varappe, entreprise experte dans la transformation de containers. En deux mois, ils apprennent un nouveau métier et contribuent à la fabrication de logements modulaires, un modèle innovant dévoilé ce jeudi 16 octobre.

Masque sur le visage et pince porte-électrode en main, Moindjie Mahmoud, 18 ans, s’applique à une démonstration de soudure ce jeudi 16 octobre, lors de la présentation officielle de La Varappe, entreprise spécialisée dans la transformation de containers.

Apprendre un nouveau métier en 2 mois

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Moindjie Mahmoud, 18 ans, présente le travail qu’il a accompli lors de sa formation. Après celle-ci, il espère trouver un emploi.

Présent à Mayotte depuis 2017 avec son agence d’intérim Eureka et LVD Environnement, le groupe La Varappe étend désormais ses activités à la construction via sa marque Homeblok, spécialisée dans la transformation de containers en logements durables. Depuis le 15 septembre, Moindjie y suit une formation de deux mois, la première mise en place par la société.

« Je réalise plusieurs choses, par exemple des cadres en métal pour l’aération des containers », explique Moindjie, attentif à chaque geste. Après avoir obtenu son baccalauréat et travaillé un temps dans le lavage automobile, le jeune homme originaire de Bouyouni découvre cette formation par le biais de la Communauté d’Agglomération du Grand Nord (CAGNM). « Je ne m’attendais pas du tout à faire de la soudure, mais j’aime beaucoup et j’ai appris très vite », confie-t-il, fier de ses progrès. « J’ai intégré la formation pour acquérir des compétences et trouver un emploi. La soudure me servira aussi plus tard, pour fabriquer mes propres portes et fenêtres ».

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Les 12 apprentis et leurs 3 formateurs.

Encadré par un formateur, Moindjie travaille avec deux autres jeunes sur la partie soudure. Mais pour transformer un container en logement confortable et autonome, d’autres compétences sont indispensables : électricité, plomberie, menuiserie, isolation, peinture… autant de métiers représentés parmi les 12 apprentis de cette première promotion.

Parmi eux, Mari Moustadrane, 27 ans, originaire de Longoni, s’occupe du montage des plafonds des containers. Comme son ami Moindjie, il se réjouit d’avoir appris un nouveau métier en peu de temps. « Je suis content de travailler ici, et je peux maintenant espérer trouver une entreprise à la fin de la formation », confie-t-il.

Un modèle hybride à développer sur tout le territoire

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Il suffit de 6 jours pour transformer un container en fin de vie en un logement confortable.

Financée par l’État, cette formation vise à permettre l’insertion professionnelle de ses participants dans divers entreprises du territoire. Durant le cursus, tous sont rémunérés à travers un contrat de travail temporaire et participent à l’activité économique de La Varappe en transformant les containers en fin de vie, achetés à la CMA-CGM, à destination de clients variés : entreprises, collectivités ou particuliers. T2, T3, studios, bureaux, ou ensembles à plusieurs étages, les possibilités sont nombreuses, et les modules peuvent être réalisés en seulement six jours.

Un modèle hybride, entre formation, insertion et activité économique, qui vise à favoriser l’emploi, le recyclage, mais aussi l’augmentation du parc de logements sur le territoire, un enjeu majeur à Mayotte. Et ce jeudi, le message est clair : La Varappe est prête à recevoir des commandes et d’ici quelques semaines, plusieurs jeunes formés seront à la recherche d’un emploi.

« Il y a vraiment un besoin de telles structures dans le nord, et il faut encourager leur installation pour renforcer le maillage du territoire et offrir les mêmes possibilités à toute la population », souligne Nassanatia Maoulana, directrice adjointe de la formation professionnelle à la Direction de l’Apprentissage, de la Formation Professionnelle et de l’Insertion (DAFPI) du Département.

« Mais l’idée est aussi d’aller plus loin et de permettre à ces jeunes, après leurs deux mois de formation, de rejoindre un parcours qualifiant afin d’obtenir un titre professionnel », poursuit-elle. « Il faudrait également permettre aux jeunes titulaires d’un titre de séjour de participer à cette formation, sachant que la plupart disposent d’un titre couvrant sa durée ».

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Le siège de La Varappe à Dzoumogné et son unité de fabrication en premier plan.

La présentation de l’entreprise et de sa formation s’est conclue par la remise d’un chèque de 16.000 euros aux CCAS de Bandraboua et de Koungou, collectés par La Varappe à Marseille, où se situe son siège, en soutien à Mayotte après le passage du cyclone Chido. L’association Solidarité Sans Frontières a également reçu un don de 4.000 euros. « On est présent depuis 2018 sur le territoire, et on s’est dit qu’il fallait aider sa population. Nous avons décidé de verser cette somme aux CCAS, avec qui nous travaillons déjà et qui sauront mieux que nous comment utiliser ces dons », explique Laurent Laïk, président du groupe La Varappe.

Du côté de la formation, une deuxième session est prévue à partir du 2 novembre prochain, et l’entreprise recherche encore des candidats.

Victor Diwisch

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