Cyclones 2025/2026 : le Sud-Ouest de l’océan Indien se prépare à une reprise précoce

Après Chido à Mayotte et Garance à La Réunion, le ciel tropical s’agite de nouveau : dès octobre, les signaux d’activité cyclonique se multiplient.

L’air venté devient lourd, humide, saturé du parfum salé de l’océan Indien. À Mayotte comme à La Réunion, les souvenirs de Chido et Garance collent encore aux murs, aux visages, aux routes éventrées. Quelques mois après leur passage, les scientifiques scrutent déjà les cartes : le prochain round semble en approche.

Des signes qui ne trompent pas

Acoua, Acoua 2, école, parents d'élèves, blocage, rotation, plateau sportif, Mayotte
À Acoua, les parents redoutent de futures inondations dans l’école avec l’arrivée de la saison des pluies.

Hier, lundi 13 octobre, le nord de Mayotte était noyé sous des trombes d’eau. Des pluies diluviennes, d’une intensité rare, comme un avertissement avant l’heure. Au large de Madagascar et de Diego Garcia, les vents d’Ouest caressent déjà légèrement la surface de l’océan, comme une promesse de désordre. Les ondes atmosphériques se croisent, s’enroulent, s’entrecroisent. Selon les modèles IFS et GFS, des perturbations pourraient éclore dès la mi-octobre. La saison n’a pas attendu l’appel.

« Hier le déluge a duré plusieurs heures » 

Inondations, Mayotte
À Mayotte, les pluies entraînent de fréquentes inondations, aggravées cette fois par le passage du cyclone Chido qui a fragilisé les sols.

Revenu de Mtsamboro, un homme raconte son trajet vers le travail, trempé jusqu’aux os : « Hier, le déluge a duré plusieurs heures. Ce n’était pas une simple averse. Je me suis dit : ça y est, le premier jour de la saison des pluies. Et depuis, il pleut presque tous les jours ».

L’inquiétude grimpe, elle aussi. « Sur la route, l’eau n’a pas eu le temps de s’infiltrer. Des coulées de terre, une mare dans la cour de l’école à Acoua 2. Après Chido, cela pose la question de la capacité de nos sols à absorber la saison des pluies, avec moins d’arbres et plus d’incendies », souffle-t-il.

Sur la côte ouest, depuis Sada, même constat : « Les alizés ont duré de mai à septembre, ils soufflaient fort par moment… et les pluies tropicales arrivent plus tôt. » La saison s’annonce rude, entre sols lessivés et nuages impatients.

Un cocktail explosif au-dessus de l’océan

L’eau de surface dépasse les 26 °C, l’humidité grimpe, l’atmosphère s’épaissit. Tout est prêt pour que la machine cyclonique redémarre. Reste un frein, fragile : en altitude, des vents d’Est qui brassent et dérèglent les embryons de tempêtes. Les modèles prévoient des trajectoires vers l’Ouest, classiques pour les cyclones précoces. Mais ici, dans le sud-ouest de l’océan Indien, le calme n’est jamais qu’une parenthèse.

Mémoire vive et vigilance 

Le cyclone Garance, survenu le 28 février 2025, a causé de lourds dégâts sur les routes du Nord et de l’Ouest de La Réunion, notamment à l’entrée de Saint-Gilles.

À Mayotte, on n’a pas oublié les toitures arrachées, les routes fendues, les arbres couchés par Chido. Le 5 octobre dernier, sur la place de la République à Mamoudzou, dans le cadre de la Journée de la résilience, on parlait prévention, plan ORSEC, volcan Fani Maoré. Sur les stands, des affiches mettaient en garde que la prochaine fois ce sera peut-être pire, et qu’il faut s’y préparer. À La Réunion, même son de cloche, huit mois après Garance : plus de quarante projets, cent actions labellisées pour la Journée nationale de la résilience. Prévention, climat, micro-trottoirs, kits d’urgence.

La saison 2025/2026 s’annonce donc comme un rappel à l’ordre. Dans cette région du monde, la météo a toujours le dernier mot. Et l’humilité, ici, n’est pas une vertu : c’est une condition de survie.

Mathilde Hangard

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