« Rentrée des classes : vers une école du bonheur ? »

A l’heure de la rentrée scolaire 2025, l’historien François Durpaire, universitaire et spécialiste des questions d’éducation et de diversité culturelle aux Etats-Unis et en France, en livre au JDM sa vision.

Et si la rentrée n’était plus une rupture, mais une continuité joyeuse ? Chaque rentrée n’est pas un simple retour : c’est un commencement, une promesse de lien et de savoir partagé.

La rentrée scolaire est une invention française, presque un rite national. Elle ne se limite pas à l’ouverture des portes des écoles : elle marque le tempo d’une société entière. Autrefois pensée pour le rythme agricole et la nécessité d’employer les enfants aux champs, la coupure estivale s’est transformée en institution républicaine. Deux mois hors de l’école : un temps de liberté, mais aussi une fracture. Les vacances creusent les inégalités : certains enfants reviennent avec voyages et lectures, d’autres avec le vide des journées laissées à elles-mêmes. Pour répondre à ce défi, le dispositif des “écoles apprenantes” a vu le jour récemment. En proposant stages, séjours et activités éducatives, il veille à ce que la continuité des apprentissages ne se brise pas, notamment pour les enfants des classes populaires.

Continuité plutôt que rupture

Pourquoi penser l’année scolaire comme une succession de césures ? Dans d’autres pays, les cycles longs et la stabilité des enseignants (qu’on appelle le « looping ») offrent aux élèves des repères durables. La continuité relationnelle nourrit la confiance, et la confiance ouvre la porte du savoir. En cette année 2025, la circulaire de rentrée du ministère évoque explicitement le bien-être et l’épanouissement des élèves ; elle souligne l’importance de la pratique sportive et le fait de se préoccuper de la santé mentale. Les recherches convergent désormais : on ne doit plus opposer effort et plaisir. Au contraire, un élève qui se sent bien apprend mieux. Le climat scolaire, la relation de confiance avec l’enseignant et le sentiment d’appartenance à la classe sont des leviers puissants de réussite.

Des notions nouvelles : compétences socio-émotionnelles et savoir-relation

Ecoles du bonheur
Les écoles du bonheur sont les écoles labélisées par le laboratoire BONHEURS de CY-Cergy-Paris-Université (France)

Mais l’école ne se limite pas à rendre l’apprentissage agréable. Elle peut aussi apprendre à être heureux, à être bien avec soi, avec les autres, avec le monde. C’est le champ des compétences socio-émotionnelles dont l’enseignement se généralise dans toutes les écoles (que des chercheurs appellent le “savoir-relation”) : développer l’empathie, la coopération, la gestion des émotions. C’est dans cet esprit que le laboratoire de recherche de l’université de Cergy a créé le label “écoles du bonheur”. Déjà une quinzaine d’établissements, en métropole et outre-mer, l’ont obtenu, témoignant qu’il est possible d’articuler exigence et joie d’apprendre et d’enseigner.

Vers une rentrée qui réveille l’optimisme 

Penser la rentrée autrement, c’est imaginer une école où le savoir n’est pas une collection de notions mais une relation vivante, un lien qui fait grandir. C’est accueillir les enfants non seulement pour qu’ils réussissent, mais pour qu’ils s’éprouvent capables d’habiter le monde avec confiance. Ainsi, la rentrée ne serait plus seulement un retour : elle deviendrait une promesse. Celle d’une école qui prépare non seulement à la réussite scolaire mais à un avenir plus humain. Une école qui, dans un temps où l’espérance collective semble vaciller, redonne à chacun le goût d’y croire encore : qu’apprendre peut éclairer nos vies, et que l’éducation demeure la première semence d’un monde de paix.

François Durpaire

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