Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, était à Mayotte ce mercredi 3 septembre dans le cadre de sa feuille de route ministérielle et des mesures présentées lors du Comité interministériel du tourisme de juillet dernier. L’objectif principal de cette visite était de rencontrer les professionnels du secteur et les élus locaux afin de soutenir le développement touristique du territoire et de valoriser ses atouts, mais surtout de faire un point sur la santé du secteur qui est en grande difficulté depuis Chido.

À 14h15, la ministre a échangé avec le préfet François-Xavier Bieuville, lors d’un entretien à huis clos, une heure après elle a rencontré le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousséni, également lors d’une séquence hors presse. Par la suite, elle a participé à des échanges avec les acteurs du tourisme réunis par le Comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM), à Mamoudzou, puis elle s’est rendue en fin de journée à la plage d’Hamaha Beach à Kawéni, pour observer les travaux en cours sur l’hôtel détruit par Chido et répondre à la presse locale.
Permettre aux professionnels d’être indemnisés plus rapidement
« Ma mission depuis huit mois est celle d’avoir une stratégie nationale qui croise les stratégies locales en terme de tourisme », explique Nathalie Delattre. « Ici à Mayotte la situation est particulière suite à Chido, mais nous avons présenté notre feuille de route lors du Comité interministériel du tourisme en juillet dernier et le but est d’aller de l’avant ».
« Depuis mon arrivée je suis en lien avec les professionnels du secteur à Mayotte, des mesures ont été prises et sont en vigueur suite au Comité interministériel », assure-t-elle. « Nous allons prendre en charge les relations entre les professionnels et les assureurs pour qu’ils puissent avoir des indemnisations plus rapidement, même si ce n’est pas la prérogative de l’Etat à la base ».
Accélérer la construction du ponton

« On se projette aussi sur le développement de l’île après la reconstruction. Il nous faut des stratégies », continue Nathalie Delattre. « On a déjà des outils pour le tourisme local, comme les chèques seniors qui seront actifs dans quelques jours et les chèques tourisme, dans quelques semaines. Mais pour cela il faut une offre et j’ai échangé avec le président du Conseil départemental aujourd’hui sur la construction du ponton. Le but est de faire redémarrer des activités, créer une offre sur le tourisme bleu, le tourisme vert, l’agrotourisme, le tourisme de savoir-faire… ».
Questionnée sur son passage très bref à Mayotte, la ministre a souligné avoir eu « des changements d’agenda ». « Il a fallu que je m’adapte, la situation me demande à Paris mais ce n’est pas parce que je ne suis pas sur place que je ne travaille pas pour Mayotte. Depuis mon arrivée je porte mon attention sur le territoire et nous avons démarré un prêt avec la banque des territoires BPI pour accompagner le secteur, surtout l’hôtellerie et la restauration. Des prêts qui ne sont pas forcément habituellement ouverts aux Outre-mer et là j’ai demandé à ce qu’ils le soient », a conclu la ministre avant de quitter le territoire.
Le secteur du tourisme en grande difficulté depuis Chido

Depuis janvier 2025, la situation du tourisme à Mayotte est très difficile. Selon l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique, 79 % des structures – hébergements (hôtels, résidences, chambres d’hôtes, locations saisonnières), restaurants, les prestataires d’activités (excursions, sports nautiques, randonnées) sites et équipements culturels ou de loisirs – étaient ouvertes en juillet, mais la fréquentation est restée faible : deux tiers des acteurs notent une baisse par rapport à 2024, surtout dans le Sud de l’île et pour les activités de loisirs. Les réservations pour août et septembre furent également peu encourageantes.

La clientèle était surtout composée de Mahorais et de visiteurs venus de métropole ou de La Réunion, mais les véritables touristes de loisirs ne représentaient qu’une petite minorité. La chute la plus forte a concerné les visiteurs réunionnais, en baisse de 71 %.
Enfin, beaucoup d’opérateurs attendent encore les indemnisations de leurs assurances après le cyclone, ce qui bloque les réparations et accentue le malaise. Malgré quelques signes de relance, le secteur touristique mahorais reste donc en grande difficulté.
Victor Diwisch