Le 15 juillet 2025, dans un courrier adressé au préfet de Mayotte, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, alerte sur une situation qu’il qualifie de « dramatique » concernant les écoles de sa commune. Selon lui, plusieurs établissements ne pourront pas rouvrir à la rentrée fin août, en raison du non-versement des financements attendus de l’État. « La Ville de Mamoudzou est aujourd’hui confrontée à une réalité dramatique : plusieurs groupes scolaires ne pourront pas rouvrir à la rentrée de septembre 2025 si les financements promis par l’État ne sont pas débloqués immédiatement », écrit-il.
Sept mois après le passage du cyclone Chido, la commune peine à achever les travaux nécessaires à la réouverture des écoles, tandis que l’État met en avant des procédures incomplètes. À quelques semaines de la rentrée, les tensions entre les deux niveaux de responsabilité laissent planer une forte incertitude sur le retour en classe de nombreux élèves.
Une situation critique sur le terrain
Le maire évoque les lourds dégâts causés par le cyclone Chido, survenu sept mois plus tôt. Selon les diagnostics effectués, la reconstruction complète des infrastructures communales a été estimée à plus de 90 millions d’euros, dont près de 19 millions pour les écoles du premier degré. La commune affirme avoir déjà engagé 12,1 millions d’euros afin d’assurer une continuité pédagogique, alors que « 85 % des écoles de Mamoudzou avaient été impactées par le cyclone à des degrés divers ».

Ambdilwahedou Soumaïla dénonce également l’absence de soutien financier effectif de l’État : « Nous sommes aujourd’hui en juillet 2025 et aucun euro n’a été enregistré à ce jour dans les comptes de la Ville en provenance de l’État au titre de la reconstruction post-Chido », déplore-t-il. Il pointe du doigt des chantiers à l’arrêt et des entreprises qui refusent désormais de poursuivre les travaux faute de paiement, évoquant un « risque économique et social majeur » pour la population.
« Les parents d’élèves ne comprendront pas qu’à l’école de la République, neuf mois après le passage d’un cyclone aussi dévastateur soit-il, les conditions minimales d’apprentissage ne soient toujours pas rétablies », poursuit-il. Le maire demande une intervention urgente du préfet pour débloquer les financements et garantir la rentrée.
L’État renvoie à des démarches incomplètes
En réponse, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, a adressé une lettre à la municipalité le 18 juillet 2025. Il y rappelle qu’ « un fonds d’amorçage doté de 100 millions d’euros a été rapidement déployé, dédié à la reconstruction des bâtiments et infrastructures publics des collectivités de Mayotte touchées par le cyclone Chido ».

Concernant Mamoudzou, le préfet précise que « les demandes de subvention […] ont été déposées sur la plateforme Démarches simplifiées fin février 2025 pour un coût total des opérations de 6.376.489 euros ». Il souligne toutefois que la commune a été autorisée à actualiser sa demande, mais que « les documents nécessaires au financement des opérations n’ont pas été actualisés par vos services ». Il pointe notamment l’absence de cohérence entre les montants déclarés et les diagnostics transmis : « Des plans de financement ou délibérations, notamment, ne correspondent pas aux montants des diagnostics, qui n’ont pas été mis à jour. »
Le préfet insiste sur le respect des procédures et appelle la commune à finaliser les démarches administratives afin de permettre l’engagement des crédits dans les meilleurs délais. « La bonne administration des deniers publics impose une procédure d’instruction transparente et rigoureuse, qui nous oblige », écrit-il.
Par ailleurs, le représentant de l’État rappelle que des équipements scolaires ont bien été livrés en mai et juin 2025. « Le mobilier (tables et chaises pour les élèves), acheminé par voie maritime […] a été réparti entre les communes en fonction des besoins identifiés par les inspecteurs de l’Éducation nationale du premier degré », précise-t-il, tout en reconnaissant que ce matériel ne couvre pas l’ensemble des besoins.
Mathilde Hangard