Cette opération est la seconde de ce type en 2025. Elle a visé 84 habitations indignes et insalubres sur les hauteurs de Tsararano depuis mardi et se terminera au cours de ce week-end. Elle va permettre ainsi à la collectivité de porter ses projets de développement pour la continuité de la zone d’aménagement concerté (ZAC).
Mettre fin à l’insalubrité

Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, était présent à l’occasion de cette opération et a rappelé les raisons de ce « décasage ». « Il s’agit de mettre fin d’une part aux conditions d’insécurité et d’insalubrité dans lesquelles vivent certains habitants. C’est aussi une opération de sécurité publique afin de permettre aux forces de l’ordre d’intervenir en cas de nécessité ». Selon les autorités, les délinquants qui commettaient des exactions venaient ensuite se réfugier dans ce quartier étroit et escarpé pour échapper aux forces de l’ordre. « C’est un milieu difficile, avec une topographie compliquée, qui ne permettait pas de procéder à des interpellations », ajoute François-Xavier Bieuville.
Aménager le territoire
Selon le représentant de l’État, 84 cases ont été détruites, soit « autant de familles qui y vivaient… ». A raison de 4 à 6 personnes par famille, ce sont au minimum 350 personnes qui ont été délogées. « La destruction de ces cases va permettre de récupérer des terrains pour construire des logements et proposer des solutions dignes aux habitants. Ce futur quartier s’inscrit dans une stratégie plus globale d’aménagement du territoire », indique le préfet. Seront construits, en plus de 54 logements, des voies d’accès mais aussi des réseaux d’assainissement et d’électricité. Par ailleurs, cela devrait permettre aussi, selon les autorités, de sécuriser la zone et faire baisser l’insécurité ainsi que les rixes entres jeunes de Tsararano, de Dembéni et d’Iloni.
Toutes les familles n’auraient pas été relogées
La loi ELAN oblige les autorités à mener des enquêtes sociales au préalable avant de procéder à un « décasage » et de proposer des solutions de relogement aux familles volontaires. Selon François-Xavier Bieuville « personne n’est resté sur le carreau. C’est une opération réussie qui se déroule dans de bonnes conditions ». Or, nous avons pu discuter avec des habitants du quartier et tous n’ont semble-t-il pas eu de proposition de relogement.

« Ils sont arrivés mardi à 4h du matin et on m’a dit : vous partez ! On ne m’a pas dit pourquoi. On avait été prévenu, il y a longtemps, qu’une opération devait avoir lieu ici mais depuis le passage de Chido on n’avait eu aucune nouvelle, aucune information », peste un homme d’une trentaine d’années souhaitant garder l’anonymat. « On m’a dit qu’ils allaient construire des logements sociaux et qu’on me donnerait deux autres parcelles en échange des miennes. Mais en attendant je fais comment ? C’est de l’expropriation, je n’ai plus de logement. Là je vis chez un pote mais d’autres sont à la rue », s’énerve-t-il. Selon lui, même s’il n’a pas de chiffre précis, ils seraient un certain nombre dans cette situation. « C’est pour ça qu’il y a de la délinquance à Mayotte car on met les gens à la rue ».
B.J.