Emploi des jeunes à Mayotte : une stratégie gouvernementale ambitieuse face aux défis du territoire

Selon Élisabeth Borne, « nous sommes plus que jamais mobilisés pour offrir à chaque jeune les moyens de réussir », un enjeu d’autant plus crucial à Mayotte où le taux de chômage des jeunes dépasse largement la moyenne nationale.

Le 16 juillet 2025, le gouvernement français a dévoilé une nouvelle stratégie nationale pour l’emploi des jeunes, destinée à répondre aux difficultés d’insertion professionnelle persistantes à l’échelle nationale. Alors qu’un jeune sur trois connaît des périodes prolongées de chômage ou d’inactivité après ses études, cette situation est particulièrement alarmante à Mayotte, où le chômage des jeunes dépasse régulièrement les 40 %, doublant ainsi la moyenne nationale. Dans ce contexte, la stratégie, fondée sur trois axes — orientation, lien avec l’entreprise, accompagnement des jeunes fragiles — souhaite apporter des solutions adaptées aux besoins locaux.

Mayotte, un territoire marqué par des difficultés structurelles dans l’emploi des jeunes

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La mission locale (MIFAC) accompagne des jeunes âgés de 16 à 25 ans sans emploi ou sortis du système scolaire, à s’insérer dans la vie professionnelle.

Mayotte se distingue par une démographie très jeune : près de la moitié de sa population a moins de 20 ans, ce qui exerce une forte pression sur le marché du travail. Selon les derniers chiffres de l’Insee et de l’Observatoire des territoires, le taux de chômage global y est estimé à plus de 30 %, mais ce chiffre dépasse les 40 % pour les jeunes, une proportion très au-dessus de la moyenne nationale qui avoisinait les 17,6 %, en 2024. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs structurels : un système éducatif en cours de développement, un tissu économique peu diversifié, et un marché du travail peu adapté aux besoins et au potentiel de la jeunesse mahoraise. La précarité, l’accès limité à la formation qualifiante et la forte demande sociale creusent les inégalités d’accès à l’emploi.

La stratégie nationale face aux enjeux locaux : trois axes pour une insertion plus efficace

Le plan gouvernemental s’articule autour de trois priorités : mieux informer et orienter les jeunes vers les métiers porteurs, renforcer les liens avec les entreprises pour favoriser les stages et l’apprentissage, et accompagner les jeunes en difficulté par des parcours intensifs d’insertion. Ces objectifs s’avèrent particulièrement urgents pour Mayotte. D’après Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail, « la stratégie que nous lançons est au service d’une ambition : que plus aucun jeune ne reste sur le bord de la route ». Or, à Mayotte, où les formations professionnelles sont peu développées et l’accès aux entreprises limité, la mise en œuvre de ces axes nécessite une adaptation forte aux réalités locales, notamment en renforçant les dispositifs d’alternance et en développant l’offre de formation professionnelle qualifiante en lien avec les filières économiques du territoire.

Une mise en œuvre territorialisée essentielle pour répondre aux besoins spécifiques de Mayotte

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À Mayotte, où la moitié de la population est âgée de moins de 18 ans, l’éducation et l’accompagnement vers l’emploi des jeunes générations constitue un enjeu central pour l’équilibre social et économique du territoire.

Le gouvernement insiste sur l’importance d’un pilotage territorial impliquant collectivités, missions locales, branches professionnelles et acteurs associatifs. À Mayotte, cette territorialisation constitue un enjeu majeur pour assurer une adéquation entre l’offre de formation, les dispositifs d’accompagnement et les besoins réels des jeunes. Selon Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, « nous sommes plus que jamais mobilisés pour offrir à chaque jeune les moyens de réussir, de s’émanciper et de construire son avenir ». La coordination des acteurs locaux et l’adaptation continue des mesures seront cruciales pour que la stratégie nationale se traduise par des résultats tangibles. Par ailleurs, la prise en compte des particularités socio-économiques et culturelles de Mayotte, notamment son fort taux de pauvreté et ses infrastructures limitées, conditionne la réussite de ce plan.

Mathilde Hangard

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