Violences scolaires : la CGT Éduc’action Mayotte appelle à la grève ce 19 juin

Suite à la mort tragique de Mélanie Grapinet, assistante d’éducation tuée à coups de couteau par un élève devant un collège de Haute-Marne, l’émotion est vive dans toute la communauté éducative. À Mayotte, les établissements ont observé une minute de silence le 12 juin dernier en hommage à la victime. Mais au-delà de la commémoration, la colère gronde.

La CGT Éduc’action Mayotte appelle à une grève ce jeudi 19 juin, en coordination avec les syndicats nationaux FSU et SUD Éducation. Objectif : faire entendre la voix des personnels de vie scolaire, souvent précarisés, exposés à la violence et oubliés des grandes annonces ministérielles.

Un drame révélateur d’un malaise profond

« Il est inacceptable de mourir en effectuant son travail », martèle le communiqué syndical. L’assassinat de Mélanie Grapinet ravive une inquiétude persistante dans les établissements de l’île, confrontés à une insécurité croissante. « Les agressions subies par les élèves, les agents et les professeurs au sein et aux abords des établissements sont inacceptables », dénonce la CGT. Le syndicat regrette l’inaction des autorités face à ce climat dégradé : « Nous déplorons également le manque d’intérêt apparent pour l’éducation à Mayotte et l’inaction face à la montée de la violence, qui fait craindre des incidents graves pour la sécurité de tous ».

Des revendications claires

Face à cette situation, la CGT Éduc’action Mayotte avance des revendications concrètes pour les assistant·es d’éducation (AED), un corps de métier souvent relégué au second plan. Parmi les principales demandes : Le respect des missions des personnels de vie scolaire (AED et CPE) ; des créations de postes en nombre suffisant ; une réduction du temps de travail à 32 heures pour un temps plein ; une revalorisation salariale de 400 euros net par mois ; le versement rétroactif de la prime REP/REP+ depuis 2015, et enfin l’accès transparent au CDI et à un statut de fonctionnaire de catégorie B. Le syndicat réclame aussi « une grille salariale commune avec les AESH » et « un statut d’étudiant·es-salarié·es avec du temps de décharge accru pour celles et ceux en formation ».

Climat scolaire et santé mentale

Pour la CGT, la question de la violence ne peut être dissociée de celle de la santé mentale des élèves. « Nous regrettons vivement que les problèmes de climat scolaire soient constamment considérés séparément de la détérioration de la santé mentale des jeunes », déplore le communiqué. Le syndicat insiste sur la nécessité de renforcer les équipes de santé et d’action sociale, et d’appliquer pleinement les dispositifs éducatifs, comme le programme EVARS (Éducation à la Vie Affective et Sexuelle), pour promouvoir l’égalité et déconstruire les rapports de domination. 

Une réponse politique jugée insuffisante

La CGT Éduc’action s’oppose fermement aux réponses jugées sécuritaires et symboliques : « Ce ne sont ni les portiques, ni les contrôles des sacs, ni les discours de haine portés par certaines figures politiques qui permettront de garantir un environnement sécurisé ». En appelant à la grève, le syndicat entend faire pression sur les autorités pour obtenir un plan d’urgence ambitieux. « Il est impératif que les pouvoirs publics prennent des mesures concrètes pour assurer la sécurité et le bien-être de chacun dans et autour des établissements scolaires ».

Un appel à la mobilisation générale

La mobilisation de ce 19 juin se veut donc massive et déterminée. Elle incarne une revendication plus large : redonner à l’école sa mission éducative, loin des logiques de gestion, de compétition et de précarité. « Améliorer le climat scolaire passe par un renforcement du rôle éducatif fondamental de l’École », rappelle la CGT. Le message est clair : sans engagement fort de l’État, la colère des personnels continuera de gronder. 

B.A.

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