Réforme des CCAS : un recul après la mobilisation des communes

Face à la fronde des élus locaux, la réforme visant à supprimer l’obligation de création des Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) a été suspendue pour les petites communes suite à la mobilisation du réseau national et DOM-TOM des CCAS à travers l'UNCCAS.

Une réforme perçue comme une menace sociale

Le Gouvernement avait envisagé de rendre facultative la création des Centres Communaux et Intercommunaux d’Action Sociale (CCAS/CIAS) pour les communes de moins de 1.500 habitants. Présentée comme une simplification administrative, la réforme a été très mal accueillie à Mayotte, territoire marqué par une forte précarité et un sous-équipement chronique des services publics.

Depuis leur mise en œuvre effective à Mayotte en 2015, les CCAS ont joué un rôle crucial dans la réponse aux crises : distribution d’eau et de masques, hébergement d’urgence, soutien alimentaire à plus de 50.000 personnes… Pour les élus mahorais, ces structures constituent un véritable bouclier social.

Une mobilisation qui a porté ses fruits

Face à cette réforme jugée « anti-sociale », l’UDCCAS de Mayotte s’est engagée pleinement dans le combat national contre cette mesure. Le 10 juin 2025, élus, agents et citoyens se sont mobilisés, relayant massivement la campagne digitale : « Les CCAS sont là », et ont adopté des motions de soutien en conseil municipal.

Aujourd’hui, la réforme a été annulée pour les petites communes, un recul significatif obtenu grâce à la pression collective des territoires ultramarins et ruraux.

Pour Said Salim, président de l’Union Départementale des CCAS de Mayotte, il reste encore du travail

Comment avez-vous réagi à l’annonce initiale de la suppression des CCAS ?

Said Salim est le président de l’Union Départementale des CCAS de Mayotte

Said Salim : Dès que j’ai eu cette information, c’était un sentiment d’incompréhension et de colère, compte tenu de la situation sociale dramatique sur le terrain. Ce projet de loi du Gouvernement est un non-sens lorsqu’on sait que la situation économique et sociale est de plus en plus compliquée. Nous devons additionner les forces pour répondre aux difficultés du quotidien, et ce n’est surtout pas en faisant des soustractions qu’on y arrivera.

Quelles actions concrètes avez-vous menées pour faire entendre la voix des communes ?

Le réseau national et DOM-TOM des CCAS a été mobilisé à travers l’UNCCAS. Une mobilisation a été organisée avec la population, les élus et les agents, avec l’aide des médias.

Aujourd’hui, la réforme est suspendue pour les petites communes : que ressentez-vous après ce dénouement ?

Elle est suspendue, mais le travail continue. Certains bureaucrates sont complètement déconnectés du terrain et c’est très inquiétant de savoir que des personnes peuvent se lever du jour au lendemain avec des idées anti sociales.

Quels enseignements tirez-vous de cette mobilisation et quelles sont vos priorités désormais pour les CCAS ?

C’est que rien n’est acquis et c’est un travail quotidien auprès de la population et des partenaires. La priorité c’est d’apporter des solutions concrètes à nos administrés pour améliorer leurs conditions de vie.

Nayar Said Omar

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