L’urgence de l’accès à l’eau « ignorée par le projet de loi », alerte Solidarités International

« Six mois après le passage du cyclone Chido, les bidonvilles de l’archipel n’ont toujours pas d’accès suffisant à l’eau potable et l’assainissement. La crise de l’eau, structurelle sur le territoire, n’est pas résolue et contribue à alimenter les maladies (hausse de la fièvre typhoïde, épidémie de chikungunya) », déplore l’organisation non gouvernementale, Solidarités International, dans un communiqué de presse publié vendredi 13 juin, et d’ajouter « le projet de loi pour la refondation de Mayotte (examiné par les députés à partir du 23 juin) n’est pas à la hauteur des besoins ».

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Le manque d’eau potable favorise la propagation de maladies hydriques comme le choléra, la diarrhée et la fièvre typhoïde (photographie/archives)

« Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido s’abattait sur Mayotte, entraînant un bilan humain officiel de 40 mort⸱e⸱s, 41 disparu⸱e⸱s et plusieurs milliers de personnes sinistrées. Le bilan matériel était catastrophique avec une dévastation totale des bidonvilles, des réseaux d’eau et d’électricité. Une crise de plus pour le département le plus pauvre de France, où 77% de la population vit avec moins de 1.216 euros par mois, contre 14% dans l’hexagone », continue l’ONG.

Près d’un tiers des habitants ne sont toujours pas raccordés au réseau d’eau potable

Six mois après le passage du cyclone, Solidarités International constate que les conditions de vie dans les quartiers d’habitats précaires n’ont toujours pas retrouvé leur niveau – déjà alarmant – d’avant Chido. « Aujourd’hui encore, près d’un tiers des habitant⸱e⸱s de l’île ne sont pas raccordés au réseau d’eau potable, contre moins de 0,01% en France hexagonale », note l’ONG spécialisée dans l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement.

Considérer les installations en eau comme « essentielles »

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La future usine de dessalement d’Ironi Bé pourrait produire jusqu’à 10.000 m³ d’eau potable par jour d’ici 2026. En attendant de telles solutions l’ONG appelle à renforcer et à étendre les dispositifs existants

Elise Duloutre, référente juridique et plaidoyer pour Solidarités International relève que « les textes récents, en discussion en mai et juin 2025, sont focalisés sur la lutte contre l’immigration et ne comportent que peu, voire pas, de mesures concernant l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement ». Une absence d’autant plus préoccupante au regard de la dangereuse épidémie de chikungunya qui sévit actuellement à Mayotte. « Parmi les autres maladies hydriques à déplorer, l’explosion des cas de fièvre typhoïde inquiète grandement nos équipes sur place », alerte l’ONG.

Solidarités International appelle ainsi les pouvoirs publics à considérer les installations en eau, hygiène et assainissement comme « infrastructures essentielles, au même titre que les hôpitaux et les établissements scolaires. Il est urgent de renforcer et d’étendre les dispositifs existants pour fournir des solutions équitables et sécurisées à tous les habitants et habitantes du département ».

Dans le cadre de son observatoire de l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement à Mayotte, Solidarités International publie un nouveau rapport sur les maladies hydriques et vectorielles accessible en ligne à partir du mercredi 18 juin 2025. Pour lire tous les rapports, rendez-vous sur Observatoires de l’accès à l’eau à Mayotte – SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

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