Du 13 au 24 mai 2025, la 78ème édition du Festival de Cannes n’a pas seulement célébré les plus grands noms du septième art. Elle a aussi été le théâtre d’un plaidoyer venu de l’océan Indien : celui de Mayotte, qui cherche à faire reconnaître sa place dans la politique cinématographique nationale. À travers la voix de sa 4ème vice-présidente en charge de la culture, Zouhourya Mouayad Ben, le Département a interpellé les institutions sur un constat d’iniquité et partagé une ambition forte : structurer une filière cinématographique locale, au service de la jeunesse mahoraise.
Un territoire oublié des conventions nationales
Lors d’une table ronde organisée par le collectif Régions de France sur le thème « 27 propositions pour le financement du cinéma », Mayotte a rappelé sa situation singulière : elle est aujourd’hui le seul territoire français à ne pas bénéficier d’une convention triennale avec le Centre national du cinéma (CNC) et le ministère de la Culture. Une absence d’accord qui freine le développement d’un secteur culturel pourtant prometteur. Comme l’a souligné Zouhourya Mouayad Ben, « Mayotte est un territoire jeune, riche culturellement, mais encore très peu structuré sur le plan des politiques culturelles, notamment dans le domaine du cinéma ». Le message a visiblement été entendu : des discussions ont été relancées entre les différentes parties prenantes, avec en ligne de mire la signature d’une première convention triennale.
Une ambition culturelle tournée vers la jeunesse et les territoires
Au-delà du constat, c’est une vision d’avenir qui a été défendue : professionnaliser les acteurs du secteur, créer une dynamique de territoire et offrir à la jeunesse des espaces pour rêver, créer, et se raconter. Cette ambition se traduit déjà par des projets concrets à l’étude, comme la réhabilitation de la salle Alpa Joe à Mamoudzou, lourdement endommagée par le cyclone Chido, ou encore la mise en place d’un cinéma itinérant dans les communes non équipées. Ces initiatives, portées par l’Office Culturel Départemental, s’inscrivent dans une logique d’équité culturelle, à l’échelle nationale. Elles visent aussi à faire émerger des talents, à accompagner les vocations et à ancrer durablement le cinéma comme un levier d’expression et de cohésion à Mayotte.
Mathilde Hangard