A l’école maternelle Hamjago Plage, ce mardi 3 juin, les enseignants et enseignantes font face à des chaises vides. Le silence tranche avec l’ambiance habituelle plutôt joviale, où les rires et les jeux des quelque 110 élèves rythment la journée. L’établissement n’est pourtant pas fermé mais en signe de protestation, les parents n’y emmènent plus leurs enfants.
Une rénovation complète des sanitaires

Depuis la mi-mars, ils demandent la rénovation totale des sanitaires, pour régler le problème de fuites persistantes et surtout créer une séparation entre les toilettes filles et les toilettes garçons. Ils revendiquent aussi un accompagnement constant des écoliers lorsqu’ils se rendent aux toilettes de la part du personnel de l’établissement, pour ne pas les laisser seuls.
« L’année dernière quand j’emmenais mon fils à l’école il pleurait », remarque Wesley, un parent d’élève présent ce matin devant l’école, « je ne savais pas pourquoi, puis j’ai compris qu’il se retenait toute la journée, il n’osait pas aller aux toilettes parce que les filles et garçons ne sont pas séparés. Comment ça se fait que la commission de sécurité passe et qu’elle donne un avis favorable ? C’est honteux », questionne l’homme qui indique que certains parents ont fait leurs premiers pas dans cette école et que la situation doit changer.

« Plusieurs parents constatent que quand leur enfant revient à la maison il a des sous-vêtements sales », ajoute Zamouyati, déléguée des parents d’élèves. « Il y a eu des échanges avec la municipalité mais ils n’ont pas abouti à ce qu’on attendait. Ils séparent la problématique de l’hygiène et des travaux et celle de l’accompagnement des élèves aux toilettes alors que c’est un seul et même sujet : la santé des enfants”, précise-t-elle en faisant référence aux réunions organisées avec la municipalité. « La mairie nous renvoie à l’année prochaine. On veut bien y croire, mais on veut une preuve tangible que le matériel a été commandé. Depuis 3, 4 mois on nous dit la même chose sans que cela avance », poursuit Karim, lui aussi parent d’élève.
Absence d’ombre et accompagnement « insuffisant »

Au problème des toilettes s’ajoutent l’absence de zones ombragées dans la cour de récréation, et une prise en charge des enfants jugées « insufissantes ». Après Chido, la municipalité avait installé des chapiteaux mais ces derniers n’ont pas tenus aux intempéries, indiquent les parents d’élèves. « On a été accusés d’avoir saboté les chapiteaux. Aucune preuve ne montre qu’un parent d’élève a saboté une telle installation », lance Karim. « Selon la mairie une installation pérenne sera construire, mais en attendant on veut une solution temporaire ». A côté de la cour de récréation, qui s’apparente plus à une parcelle d’herbe, le chantier du réfectoire de l’école continue, les parents d’élèves espèrent que le bâtiment pourra entraîner une rénovation totale du site.
« On a aussi remarqué que de 13 h à 14 h les enseignants sont seuls face aux élèves, ils doivent gérer les accompagnements toilettes, la fin de la sieste et les cours. C’est impossible », continue Karim, « et pendant la pause méridienne de 11 h à 13 h, les enfants ne sont pas surveillés ».
Une présence devant l’établissement dans l’attente de réponses

En attendant, les parents d’élèves poursuivent leur mouvement. « Suite aux délais et aux engagements non respectés de la municipalité, on a décidé de bloquer l’école il y a deux semaines », raconte Karim. « Entre parents on avait trouvé un accord pour ne pas ramener nos enfants à l’école en signe de protestation mais malgré ça l’un d’entre eux a finalement rouvert l’établissement. Pour vérifier si nos revendications étaient majoritaires on a laissé écouler deux semaines sans blocages pour voir si les parents allaient envoyer les enfants à l’école et on s’est rendu compte que même pas un tiers des enfants étaient présents », relève-t-il en montrant le groupe WhatsApp sur lequel échangent les parents. « Depuis ce lundi 2 juin on a tenté de fermer à nouveau mais la gendarmerie est intervenue, donc désormais l’école est ouverte et nous on sensibilise les personnes qui viennent à notre rencontre ».
« Ma fille m’a dit : papa si tu veux pas me ramener à l’école trouve moi quelqu’un pour m’y emmener. Ça me touche énormément d’entendre ça de la bouche de ma fille », confie Karim. « Moi, ma fille ne sera même plus dans cette école l’année prochaine, mais je me bats, et nous nous battons tous pour l’intérêt de nos enfants« . En absence de cours, les parents qui le peuvent poursuivent eux-mêmes l’éducation de leurs enfants à la maison, mais la situation n’est pas tenable.
Un « conseil d’école exceptionnel » est prévu ce jeudi 5 juin avec l’inspection académique, la direction de l’école et les délégués des parents d’élèves. Le lendemain, vendredi 6, une autre rencontre se tiendra avec la municipalité, cette dernière n’a pas répondu à nos demandes de précisions sur la situation.
Victor Diwisch